Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
Vom Netzwerk:
arrivions en retard, Morris avait reçu l’ordre de nous attendre aussi longtemps que nécessaire, et cela ne lui ressemblait guère de ne pas respecter les arrangements convenus. Je proposai d’aller voir les propriétaires de l’hôtel pour vérifier s’il ne nous avait pas laissé de message, et Charlie approuva. Comme je me dirigeais vers la porte, je remarquai, sortant du mur près du lit, un gros entonnoir de couleur foncée à l’intérieur duquel était suspendue une clochette en cuivre. Sur un petit panneau au-dessous on pouvait lire, sonnez la cloche et parlez. Je suivis les instructions et une sonnerie retentit dans la chambre. Charlie sursauta et tendit le cou dans ma direction. «   Que fais-tu   ?
    â€” J’ai entendu parler de ce système dans les hôtels de la côte est.
    â€” Quel système   ?
    â€” Tu vas voir.   » Un instant s’écoula, et une voix féminine étranglée et lointaine sortit des entrailles du bâtiment.
    Â«   Allô, monsieur Morris   ?   »
    Charlie se tourna complètement. «   Elle est dans le mur   ? D’où ça sort   ?
    â€” Allô, répéta la voix. Vous désirez   ?
    â€” Dis quelque chose   », dit Charlie. Mais, pris d’une inexplicable timidité, je lui fis signe de le faire à ma place. Il obtempéra   : «   Vous m’entendez là-dedans   ?
    â€” Je vous entends à peine. Parlez bien dans l’entonnoir s’il vous plaît.   »
    Ravi, Charlie se leva du lit, s’approcha de l’engin et mit son visage tout entier dans l’entonnoir. «   Et comme ça   ? C’est mieux   ?
    â€” C’est mieux, dit la voix. Que puis-je faire pour vous aujourd’hui, monsieur Morris   ? Je suis soulagée de vous savoir de retour. Nous nous sommes inquiétés quand nous vous avons vu partir avec cet étrange petit monsieur barbu.   » Charlie et moi échangeâmes un regard. Puis, parlant à nouveau dans l’entonnoir, Charlie dit   :
    Â«   Ce n’est pas Morris qui vous parle, madame. J’arrive de l’Oregon pour lui rendre visite. Nous travaillons tous les deux pour la même personne là-bas.   »
    La voix demeura silencieuse un instant. «   Et où est monsieur Morris   ?
    â€” Ça, je ne saurais le dire.
    â€” Nous venons juste d’arriver, dis-je, ne pouvant m’empêcher de prendre la parole.
    â€” Qui était-ce   ? dit la voix.
    â€” C’était mon frère, dit Charlie.
    â€” Donc, vous êtes deux, maintenant.
    â€” Nous avons toujours été deux, lui répondis-je. Depuis le jour de ma naissance.   » Ni Charlie ni la femme ne comprirent ma plaisanterie, et ils n’eurent aucune réaction, comme si je n’avais rien dit. La voix lança sèchement, «   Qui vous a autorisés à entrer dans la chambre de monsieur Morris   ?
    â€” La porte n’était pas fermée, mentit Charlie.
    â€” Et alors   ? Vous ne pouvez pas entrer comme ça dans la chambre de quelqu’un d’autre et parler dans son appareil.
    â€” Veuillez nous en excuser, madame. Nous avions rendez-vous ici avec Morris il y a quelques jours, mais nous avons été retardés. Dans ces circonstances, nous étions pressés de le retrouver, et avons fait fi du règlement.
    â€” Il ne nous a pas signalé de rendez-vous.
    â€” Il n’avait pas à le faire.
    â€” Hum   », fit la voix.
    Charlie poursuivit   : «   Vous disiez qu’il était parti avec un barbu. Cet homme s’appelait-il Warm   ? Hermann Warm   ?
    â€” Je n’ai pas demandé son nom, et monsieur Morris ne m’a pas mise dans la confidence.
    â€” De quelle couleur était sa barbe   ? demandai-je.
    â€” C’est votre frère à nouveau   ?
    â€” Est-ce que c’était une barbe rousse   ? insistai-je.
    â€” Oui, rousse.
    â€” Depuis quand Morris est-il parti   ? dit Charlie.
    â€” Cela fait quatre jours. Il a réglé la chambre jusqu’à demain matin. Quand il a dit qu’il nous quittait plus tôt, je lui ai proposé de lui rembourser une partie de son argent, mais il a refusé. Un vrai gentleman, ce

Weitere Kostenlose Bücher