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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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existences.
 
» «
 
De quoi parlez-vous
 
?
 
» Il a hoché la tête, a rassemblé ses papiers en tas, et les a fourrés sous son manteau en laissant dépasser quelques pages de son revers puis il a gloussé, en me regardant comme si j’étais un homme très intelligent. «
 
Vous me demandez de vous faire une démonstration
 
», a-t-il dit d’un air entendu. «
 
Non
 
», ai-je nié. «
 
Vous en aurez une de toute façon.
 
» Il a sorti une montre de son manteau et s’est levé pour partir. «
 
Je dois vous quitter maintenant, mais je viendrai vous voir demain matin à votre hôtel. Je vous ferai ma démonstration, après quoi vous me donnerez votre opinion et me ferez part de votre décision.
 
» «
 
Quelle décision
 
?
 
» ai-je demandé, car je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il proposait. Mais il s’est contenté de secouer la tête et de dire, «
 
Nous en parlerons demain matin. Serez-vous disponible
 
?
 
» J’ai dit à ce curieux bonhomme que cela me convenait et il m’a serré la main avant de s’éloigner pour vaquer à quelque autre tâche cruciale. Je l’ai regardé se frayer un chemin à travers le restaurant, et j’ai constaté qu’il riait. Puis il avait disparu.
    Â 
    Â 
    Â Ã€ peine étais-je sorti du lit que Warm frappait à ma porte. Son apparence vestimentaire s’était encore améliorée, car il arborait un nouveau haut-de-forme. Lorsque j’ai fait un commentaire à ce sujet, il l’a enlevé pour me le montrer dans les moindres détails, la couture intérieure, la douceur de son bandeau en cuir de veau, soulignant ce qu’il appelait «
 
son élégance et sa finesse générales
 
». Je lui ai demandé ce qu’il avait fait de son ancien chapeau, et il est devenu réticent. J’ai insisté et il m’a avoué l’avoir laissé tomber sur un innocent pigeon qui prenait le soleil dans la rue. L’oiseau pris au piège sous le poids du chapeau, Warm a eu le plaisir coupable de voir son couvre-chef s’enfuir à toute allure, pour disparaître au coin de la rue. Tandis qu’il me racontait cette histoire, j’ai remarqué qu’une caisse fermée était posée à ses pieds. Je lui ai demandé de quoi il s’agissait et il a levé un doigt en disant, «
 
Ah.
 
»
    Il s’est préparé à la mystérieuse démonstration, et bientôt le contenu de la caisse était étalé sur la petite table au centre de ma chambre. Voici ce que j’avais sous les yeux
 
: une boîte en bois pas très haute, d’environ un mètre de long et cinquante centimètres de large, un sac en toile de jute contenant de la terre fraîche à l’odeur puissante, un sac en velours rouge, et une gourde en étain. Les rideaux étaient tirés et j’ai traversé la chambre pour les ouvrir, mais Warm m’a dit qu’il préférait les laisser tels quels. «
 
C’est doublement nécessaire
 
: pour des raisons de discrétion et pour une efficacité accrue de ma démonstration
 
», a-t-il expliqué. Je suis retourné à la table et l’ai regardé verser les deux tiers de la terre dans la boîte, en l’étalant et la tassant uniformément. Il m’a ensuite tendu le sac en velours et m’a demandé d’en inspecter le contenu
 
: il était rempli de paillettes d’or. Reprenant le sac, Warm a répandu les paillettes dans la boîte, geste qui m’a bien entendu choqué, et je lui ai demandé pourquoi il agissait ainsi. Au lieu de me répondre, il m’a demandé de me souvenir de la disposition des paillettes dans la terre (il les avait soigneusement versées en cercle). Il a recouvert le tout avec le dernier tiers de la terre, et a passé cinq bonnes minutes à tasser, en tapant fermement avec ses mains. Cette besogne lui a demandé un grand effort, et très vite il s’est mis à transpirer à grosses gouttes. Puis il s’est saisi de ma cuvette pleine d’eau et en a répandu le contenu jusqu’à ce que le liquide atteigne le haut de la boîte. Une fois ces curieuses tâches accomplies, il a

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