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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Charles avait passé l’anneau au doigt de la fillette.
    Puis il y avait eu de grandes fêtes populaires. On s’était enivré de bals, de chansons et de vin de Touraine en l’honneur de cette gentille princesse qui apportait en dot au dauphin l’Artois, le Mâconnais, le Charolais et l’Auxerrois…
    Mais le surlendemain, tandis que le peuple festoyait encore, Charles était retourné vivre calmement à Amboise, surveillé par sa grande sœur, Madame Anne…
    La mort de son père et son avènement n’avaient rien changé à l’existence du dauphin. En revanche, le train de vie de la dauphine avait été transformé afin que Maximilien, qui était tenu au courant par des ambassadeurs installés à Montrichard, en fût flatté. Traitée immédiatement en reine de France, on lui avait donné plus de cent demoiselles et nobles dames pour s’occuper d’elle et former sa Cour. Ensuite, bien qu’elle fût encore un peu jeune pour apprécier de tels détails, on l’avait « magnifiquement accoustrée »…
    Marguerite était fort aimée dans le royaume et le menu peuple, toujours friand de belles cérémonies, attendait avec impatience que le vrai mariage fût célébré afin de pouvoir acclamer de nouveau sa petite souveraine…
    Le projet d’Anne de Beaujeu, on le voit, n’était donc pas facile à réaliser. Mais « fine femme et déliée s’il en fut oncques », comme nous le dit Brantôme, la régente, ayant décidé de marier son frère à la petite Anne de Bretagne, n’en dit mot à personne, pas même au roi, et attendit son heure…
     
    Or Louis d’Orléans avait repris ses intrigues. D’accord avec le duc de Bourbon et François II de Bretagne, il organisa une coalition féodale contre les Beaujeu et commença par essayer d’enlever Charles VIII. Aussitôt informée du complot, Anne quitta Amboise avec le roi et alla se réfugier à Montargis. Alors Louis écrivit au Parlement pour accuser Anne de tenir le jeune roi prisonnier. « Une femme s’est emparée de l’État, passe outre aux décisions des États généraux, accroît les tailles, prodigue des pensions à ses partisans, dilapide le Trésor au profit de ses intérêts personnels ; une femme aspire au pouvoir personnel, à la tyrannie. La preuve ? Les gardes ne doivent serment qu’au roy, eh bien ! elle l’exige pour elle. »
    Mais le Parlement ne se laissa pas émouvoir, et le premier président, Jean de La Vacquerie, répliqua avec rudesse au duc d’Orléans : « Appliquez-vous à maintenir sans divisions le royaume de France et ne troublez point la paix publique ! »
    Pour toute réponse, Louis leva une armée, négocia avec les Anglais, demanda l’aide de Maximilien d’Autriche et entraîna les princes coalisés dans une « guerre folle » qui devait durer deux ans.
    Les premières batailles prouvèrent immédiatement la supériorité des troupes royales et surtout l’extrême habileté d’Anne de Beaujeu qui dirigeait les opérations. L’armée des conjurés, vaincue en maints endroits, fut bientôt incapable de continuer sa marche sur Paris. Elle dut se replier sur Nantes, cependant qu’Anne de Bretagne allait se réfugier précipitamment à Rennes.
    La petite duchesse, qui allait avoir dix ans, vécut alors des heures fort mouvementées. Convoitée par tous les princes d’Europe qui désiraient s’approprier un jour son duché, elle était l’objet de multiples tractations. Chaque jour, son père, François II, recevait des ambassadeurs qui venaient lui proposer secours et aide en échange d’une promesse de mariage. Sentant la situation désespérée, le vieux duc, affolé à l’idée que la Bretagne pouvait perdre son indépendance, promettait sa fille à tout le monde.
    « Arrêtons d’abord les armées d’Anne de Beaujeu, pensait-il, et l’on verra ensuite… »
    C’est ainsi que la petite Anne eut bientôt de nombreux fiancés : le duc de Buckingham, le fils du duc de Rohan, Jean de Châlons, prince d’Orange, l’infant d’Espagne, le duc de Gueldre, l’archiduc Maximilien d’Autriche [25] et Alain d’Albret qui, possédant le comté de Foix, régnait sur le Béarn et la Navarre…
    Un jeune homme, pourtant, manquait sur les rangs : Jacques III d’Écosse, qui venait de périr d’une si curieuse façon que, dans toute l’Europe, les gens les plus austères ne pouvaient s’empêcher de rire.
    Ce roi, attaqué par une coalition de nobles, avait dû quitter précipitamment son

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