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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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château et, dans sa fuite, s’était jeté avec son cheval dans une rivière. Porté par des paysans jusqu’à un moulin voisin, il avait demandé un confesseur.
    Un prêtre s’était présenté et, l’ayant entendu, lui avait donné l’absolution.
    — Vous voilà en état de paraître devant Dieu, s’était alors écrié ce saint homme avec un bon rire. C’est le moment d’en profiter…
    Et, tirant un poignard de sa manche, il avait tué le roi. Car c’était un ecclésiastique du parti ennemi [26] …
     
    Les fiancés d’Anne de Bretagne n’étaient donc que sept, ce qui constituait tout de même un bon lot.
    Tous, naturellement, se haïssaient. Aussi régnait-il une assez curieuse atmosphère dans le camp des conjurés. Chacun surveillait son voisin, le jalousait et se tenait prêt à le trahir. C’est avec ce déplorable état d’esprit que les amis de Louis d’Orléans eurent à livrer un combat, le 28 juillet 1488, à Saint-Aubin-du-Cormier.
    Le résultat dépassa les espérances de la régente.
    Mal organisée, l’armée des coalisés fut anéantie par les troupes du roi, et Louis d’Orléans tomba aux mains de Louis de La Trémoille.
    Anne de Beaujeu exulta. Elle tenait enfin à sa merci son cher ennemi. Elle le fit conduire d’abord dans un cachot du château de Lusignan, puis dans la grosse tour de Bourges.
    Après Saint-Aubin-du-Cormier, La Trémoille se dirigea sur Saint-Malo qui se rendit presque sans combattre. Cette fois, la Bretagne coupée en deux ne pouvait plus lutter. François II n’avait plus de place forte, plus d’armée, plus d’argent : il était obligée de payer ses soldats avec de la monnaie de cuir… Effondré, il expédia des parlementaires chez le roi qui se trouvait avec une partie de ses troupes au château de Verger, en Anjou.
    — Il plairait au duc, dirent-ils, que cette guerre se terminât.
    — Soit, dit le roi, mais ne manquez pas de lui rappeler qu’il m’a déplu, à moi, qu’elle commençât.
    Après cette magnifique réplique probablement soufflée par Anne de Beaujeu, les pourparlers de paix s’engagèrent sur un ton plus aimable. Et, le 19 août 1488, un traité fut signé, aux termes duquel François II promettait : 1°, d’expulser du territoire les princes et soldats étrangers qui s’y trouvaient et, 2°, de ne pas marier ses filles [27] sans le consentement du roi de France.
    Écrasé de douleur, le vieux duc s’alita et mourut quelques semaines plus tard, le 7 septembre exactement.
    Anne restait seule à onze ans [28] . Aussitôt, tous les prétendants agréés par François II vinrent la harceler. Elle était maintenant duchesse souveraine de Bretagne et ce titre lui valait des hommages et des déclarations dont elle se serait aisément passée. Car la fillette était fort lucide. Elle savait très bien que ces amoureux qui se pressaient à ses trousses ou qui lui envoyaient leurs ambassadeurs ne connaissaient même pas la couleur de ses yeux.
    Et, pour fuir cette meute de coureurs de dot, elle allait de ville en ville, pensant avec nostalgie à Louis d’Orléans qui semblait l’avoir aimée pour elle-même…
    « C’est le seul que j’aurais épousé avec plaisir, se disait-elle. Hélas ! il n’a jamais pu faire casser son mariage… Et, maintenant, il est enfermé dans un cachot… »
    Sa vie allait encore se compliquer, car l’activité des princes qui s’obstinaient à demeurer en Bretagne, contrairement aux engagements pris par François II à Verger, finit par mécontenter Charles VIII et, un matin, les hostilités reprirent.
    Très effrayée, la petite duchesse Anne demanda aide à celui de ses prétendants qui lui répugnait le moins : Maximilien d’Autriche.
    — J’accepte d’être votre épouse, lui écrivit-elle.
    Et elle attendit…
    Pendant ce temps, les troupes royales assiégeaient la place de Nantes qui était défendue par un de ses « fiancés » : Alain d’Albret.
    Anne de Beaujeu, dont la ruse était grande, eut alors une idée qui lui permit de conquérir la ville sans livrer bataille. Elle fit savoir à Alain d’Albret que la duchesse Anne avait enfin fixé son choix et préparait son mariage avec Maximilien. Furieux, le prétendant évincé se détacha aussitôt de la ligue, trahit la cause du prince et livra Nantes à Charles VIII…
    Du haut du purgatoire, Louis XI dut être fier de sa fille…
     
    Maximilien, lorsqu’il reçut le message de la petite duchesse, fut

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