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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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trente-huit ans, le 9 février 1514…

10
    Une galante imprudence faillit empêcher
François I er de régner
    Il étoit sensible au mérite des dames…
     
    Dreux du Radier
     
    Louis XII eut un chagrin très vif de la mort de sa femme. Il pleura longuement, puis se sentit seul. Or, à ce moment, le comte de Longueville, alors prisonnier des Anglais, s’ingéniait à persuader Henri VIII, dont il était devenu l’ami, de conclure une alliance avec la France. Un soir, il lui dit :
    — Sire, pourquoi ne feriez-vous pas épouser votre sœur Mary à mon souverain qui est veuf et triste ? Nos deux pays seraient ainsi unis par de tendres liens.
    Le roi anglais accepta, et le comte de Longueville mit le roi de France au courant de ses pourparlers.
    En apprenant qu’on lui proposait une jeune fille de seize ans, blonde, gracieuse et spirituelle, Louis XII, qui allait avoir cinquante-quatre ans, sentit du feu parcourir ses veines.
    Il répondit aussitôt qu’il était très heureux d’accepter l’offre qui lui était faite, et que c’était là un genre d’alliance qu’un roi de France était toujours disposé à conclure.
    Quelques mois plus tard, Mary d’Angleterre débarquait à Calais, accompagnée d’une nombreuse suite de seigneurs, parmi lesquels se trouvait le jeune duc de Suffolk, son amant.
    Représentant le roi de France, François de Valois était venu accueillir la future reine. En la voyant si jolie, il fut ébloui et en tomba immédiatement amoureux, ce qui n’arrangea pas les choses, déjà suffisamment compliquées.
    Jusqu’à Abbeville, où les attendait Louis XII, le jeune comte d’Angoulême, qui avait juste vingt ans, charma la princesse par ses propos galants. Mais en arrivant dans la ville en fête dont chaque maison était décorée de tapisseries et d’oriflammes, il fallut laisser la place au roi. Celui-ci, fort impatient de voir sa fiancée, « monta sur un grand cheval bayart, qui sautait, et avecques tous les gentilshommes et pensionnaires de sa maison, en moult noble estât, vint recevoir sa femme et la baisa tout à cheval. Et après ce, embrassa tous les princes d’Angleterre, et leur fist très bonne chère [59]  ».
    Les noces furent célébrées le 9 octobre 1514. Le même chroniqueur nous conte l’événement de façon fort savoureuse : « Le lendemain matin furent les épousailles et ne furent pas faites à l’église, mais en une belle et grande salle tendue de drap d’or où tout le monde pouvoit les voir. Ils estoient le Roy et la Royne assis, et la Royne toute deschevelée avoit un chapeau sur son chef, le plus riche de la chrestienté, et ne porta point de couronne pour ce que la coutume est de n’en point porter, si elles ne sont couronnées et sacrées à Saint-Denis.
    « Le Roy et la Royne espousés, toute l’asprès disner et sur le soir feust faicte la plus grande chère du monde. La nuit venue se couchèrent le Roy et la Royne.
    « Et le lendemain le Roy disoit qu’il avoit faict merveilles… Toutefois je crois ce qu’il en est, car il estoit bien malaisé de sa personne… »
    Fleuranges avait tort de douter des forces du roi. Louis XII, amoureux de sa jeune épouse, avait réussi quelques brillants exploits dont la Cour put trouver les traces le lendemain sous les paupières royales. La nouvelle fit bientôt le tour de Paris et le menu peuple, toujours gentil, se tracassa à la pensée que le souverain allait peut-être commettre des excès dangereux pour sa santé.
    — Ces jeunesses-là, disaient les commères, ça vous tue un homme.
    — Prions pour notre bon roi !
    Mais, tandis que les uns disaient des oraisons, d’autres riaient et se moquaient. Les escholiers, par exemple, composaient des chansons satiriques sur le fait que « Louis XII voulait se montrer gentil compagnon avec sa femme, mais s’abusait, car il avait passé l’âge des folles prouesses… » Et les basochiens disaient « que le roy d’Angleterre avait envoyé une haquenée au roy de France pour le porter bientôt et plus doucement en enfer ou en paradis… »
    Le roi, en effet, maigrissait à vue d’œil… Les seize ans trop exigeants de Mary d’Angleterre l’épuisaient et le rendaient un peu plus faible chaque jour. Fort heureusement, la reine eut bientôt autour d’elle quelques jeunes gens tout disposés à lui prouver leur vigueur…
    À ce jeu, l’un d’eux allait d’ailleurs, curieusement, risquer sa couronne…
     
    À Paris,

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