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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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à un conseil de régence dont mon fils et moi ferions partie… Or le premier acte de cette assemblée serait de vous faire rappeler en Angleterre, où vous iriez vivre loin de la reine Mary… Pensez-y !…
    Et, comme tous ces arguments ne paraissaient pas suffire à Suffolk, Louise de Savoie lui offrit, s’il voulait quitter la Cour, 50 000 livres de rente et une terre en Saintonge.
    Le jeune homme était pratique. Il accepta, pensant, avec raison, qu’à la mort de Louis XII il reprendrait avec Mary ses délectables habitudes.
    Pour être tout à fait tranquille, Louise logea Suffolk chez l’avocat Jacques Dishomme, seigneur de Cernay, dont la jolie femme était à même de retenir momentanément l’attention du jeune Anglais… Cette sémillante personne s’appelait Jeanne Le Coq. Louise la connaissait bien et savait à quoi s’en tenir sur sa vertu : depuis deux ans, François, son « César », était, en effet, l’amant de Jeanne…
    La reine Mary, en voyant s’éloigner d’elle son cher Suffolk, pensa qu’il était pris par quelque occupation et en fut chagrinée. Puis, comme elle était d’un tempérament généreux, elle se chercha un autre partenaire pour ses petits jeux du matin.
    Or, parmi les jeunes gens qui se pressaient autour d’elle en soupirant, il en était un qui lui semblait plus beau, plus spirituel, plus élégant que les autres et avec qui elle pouvait se montrer fort affectueuse, sans faire jaser, puisqu’il était son beau-fils [60] .
    C’était François de Valois…
    Elle se fit tendre et enjôleuse, l’attira dans sa chambre sous tous les prétextes, l’appela « son beau-fils », en mettant sur le mot « beau » une très douce inflexion de voix, le reçut dans des décolletés audacieux, s’étira comme une chatte et lui fit nettement comprendre qu’elle ne détestait pas qu’on lui manquât de respect. Alors, François, ensorcelé, se jeta, si j’ose dire, aux pieds de Mary et faillit lui donner ce fils que Louise de Savoie redoutait tant de voir naître…
    Mais écoutons Brantôme nous conter cette extraordinaire aventure. Après nous avoir dit que la reine était « éprise » de François et que « lui, la voyant, en fit de même », l’auteur des Dames galantes poursuit : « Si bien qu’il s’en fallut de peu que les deux fous ne s’assemblassent, sans feu M. de Grignaux. Luy, voyant que le mystère s’en alloit jouer, remontra à monsieur d’Angoulême la faute qu’il alloit faire et lui dit en se courrouçant : “Comment, Pâques-Dieu ! (car tel étoit son jurement) que voulez-vous faire ? Ne voyez-vous pas que cette femme, qui est fine et caute, vous veut attirer à elle afin que vous l’engrossiez ? Et, si elle vient à avoir un fils, vous voilà encore simple comte d’Angoulême, et jamais roi de France, comme vous espérez. Le roi, son mari, est vieux et ne lui peut faire d’enfant. Vous l’irez toucher, et vous vous approcherez si bien d’elle que vous, qui êtes jeune et chaud, elle de même, Pâques-Dieu, elle prendra comme à glu, elle fera un enfant et vous voilà bien. Après vous pourrez dire : Adieu ! ma part du royaume de France !” »
    Et Brantôme ajoute : « Cette reine vouloit bien pratiquer le proverbe qui dit “Jamais femme habile ne mourut sans héritier” ; c’est-à-dire que si son mari ne lui en fait, elle s’aide d’un second pour lui en faire. M. d’Angoulême y songea de fait et protesta d’y être sage et s’en déporter ; mais tenté encore et retenté des caresses et mignardises de cette belle Anglaise, s’y précipita plus que jamais. Enfin, M. de Grignaux, voyant que ce jeune homme s’alloit perdre et continuoit ses amours, le dit à M me  d’Angoulême, sa mère, qui l’en réprima et tança si bien qu’il n’y retourna plus. »
    On imagine en effet l’effarement et la colère de Louise de Savoie en apprenant le comportement de son fils. Les yeux hors de la tête, elle courut lui dire ce qu’elle pensait de cette « coucherie imbécile » qui risquait de lui barrer à tout jamais le chemin du trône, et elle prit quelques mesures pour enrayer le danger. Sur son ordre, la baronne d’Aumont et Claude, propre femme de François, montèrent une garde constante auprès de Mary, le jour, lisant ou brodant avec elle, la nuit, partageant son lit…
    À ce régime, la reine faillit tomber malade, la chasteté n’étant pas un état qui lui convenait ; quant à

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