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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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permettre à l’empereur de la retenir prisonnière.
    Heureusement, le connétable de Bourbon, qui avait naguère aimé Marguerite, ne put se résoudre à la voir condamnée à une dure captivité.
    Après beaucoup d’hésitation, il envoya un mot secret à François pour lui faire savoir que, si la princesse n’avait pas quitté l’Espagne avant la fin de décembre, l’empereur la ferait certainement jeter en prison…
    Marguerite partit immédiatement, navrée d’abandonner son frère, mais certaine qu’Éléonore parviendrait à fléchir Charles Quint…
    L’amour venait, encore une fois, de faire dévier le cours de l’Histoire…
     
    Marguerite avait raison d’avoir confiance en Éléonore. Le désir qu’avait celle-ci d’épouser François était si grand qu’elle parvint finalement à obtenir que l’empereur adoucisse ses conditions et accepte l’idée du mariage projeté par Louise de Savoie.
    Alors Éléonore et François, qui, jusque-là, communiquaient « par gentilshommes sages et secrets qui bien savaient faire les ambassades en toute discrétion », furent autorisés à se rencontrer. Le roi prisonnier, sous bonne garde, fut conduit dans les appartements de sa fiancée. Lorsqu’elle vit celui qu’elle aimait depuis si longtemps sans le connaître, Éléonore fut prise d’un grand trouble qui l’empêcha de parler. Elle voulut baiser la main de François, mais celui-ci la releva.
    — Ce n’est pas la main que je voudrois, dit le roi, en connaisseur, c’est la bouche.
    Et, la relevant, il l’embrassa d’une façon que certains trouvèrent bien impudique pour une première fois.
    Alors, nous dit un historien du temps, « ils mangèrent des confitures et se lavèrent les mains d’eau odoriférante, sentant comme baume à la coutume des princes ».
    Les derniers jours de la captivité du roi de France furent illuminés par ces rencontres.
    Et le 15 mars 1526, un an et vingt-deux jours après Pavie, François I er rentrait en France, après avoir signé le traité de Madrid qui lui prenait une partie de son royaume (la Bourgogne, la Flandre et l’Artois), mais qui lui donnait une charmante fiancée…

15
    François I er paralysé par deux favorites
    La polygamie est la mère de l’esclavage.
     
    Portalis
     
    Charles Quint avait exigé, en attendant l’exécution du traité de Madrid, que les fils de François I er lui fussent remis en otages. L’échange s’était déroulé à la frontière, et le roi de France avait à peine eu le temps d’embrasser les deux petits princes, âgés de sept et huit ans, qui s’en allaient, tremblants de peur, vers une prison espagnole.
    Il s’en était fort affligé, car, ainsi que nous le dit un historien en termes savoureux : « Par suite d’une amabilité de la nature, l’amour des siens se montre aussi vif chez les grands que chez les hommes du commun… »
    Pourtant, dès qu’il s’était senti libre, les pieds foulant la terre de son royaume, François I er avait oublié son chagrin. Sautant sur un cheval, il s’était écrié joyeusement :
    — Je suis encore roi !
    Puis il était parti en direction de Bayonne, où la régente et sa Cour l’attendaient.
    L’après-midi, il entrait dans la ville en fête. Louise de Savoie, pour mieux l’accueillir, avait réuni autour d’elle un essaim de jolies filles qui frétillaient de l’as de pique dans l’espoir que ce mouvement attirerait le regard du roi.
    François I er , après avoir embrassé sa mère, les considéra toutes d’un œil gourmand. Soudain, sa pupille sembla se dilater. Il venait de reconnaître une jeune personne blonde qu’il avait remarquée avant de partir se battre à Pavie. Elle se prénommait Anne et était la fille de Guillaume de Pisseleu, seigneur de Heilly et capitaine de mille hommes de pied de la région de Picardie.
    François I er la regarda en souriant. Il se souvenait d’une adolescente un peu acide dont il avait soupesé quelquefois les charmes naissants d’une main experte, ainsi qu’il avait coutume de le faire aux filles d’honneur de sa mère, et il restait ébahi de la transformation. En un an et demi, Anne de Pisseleu s’était épanouie, et il ne lui manquait plus rien pour faire le bonheur d’un honnête homme.
    « Qu’on se figure, nous dit Dreux du Radier, une jeune personne d’environ dix-sept à dix-huit ans, parfaitement bien faite, qui joignoit à l’éclat de la jeunesse celui du plus beau teint, des

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