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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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yeux vifs pleins de feu qui annonçoient tout l’esprit imaginable, c’étoit mademoiselle de Heilly du côté de la figure. »
    Et il ajoute : « Pour son esprit, il étoit non seulement agréable, fin et amusant, mais solide, étendu et sensible aux beautés des bons ouvrages. On lui a même donné dans la suite l’éloge de la plus savante des belles et la plus belle des savantes… [91]  »
    La rusée M me  d’Angoulême avait bien fait son choix. Car ce n’était pas par hasard que M lle  de Heilly se trouvait à Bayonne pour accueillir le jeune souverain. Louise, qui avait bien souvent fourni des maîtresses à son fils, pensait que cette jolie fille, dont elle connaissait l’esprit intrigant, parviendrait peut-être à évincer définitivement M me  de Châteaubriant.
    Aussi, quand François s’approcha d’Anne et lui prit la main en murmurant une de ces aimables gaillardises dont il avait le secret, la régente comprit que son fils ne serait pas seul pour passer sa première nuit en France et que les affaires de la favorite n’allaient pas tarder, de ce fait, à péricliter [92] .
     
    Pendant ce temps, Françoise, confiante, faisait bâtir, en compagnie de son mari, un logis neuf à Châteaubriant. Le cœur battant à l’idée que François était enfin libre et qu’il allait sans doute lui envoyer un mot, un appel, elle faisait semblant d’être calme et de s’intéresser aux travaux des maçons.
    Mais les jours passèrent sans rien apporter ; et, un matin, le bruit que toute la France, toute l’Europe déjà connaissait, et qui passionnait bien plus le peuple que les tractations de Louise de Savoie avec l’Angleterre, parvint jusqu’au château de Françoise. Elle apprit ainsi que le roi avait une nouvelle maîtresse en titre…
    Le lendemain, elle quittait son mari et partait pour Fontainebleau, froidement résolue à faire chasser par tous les moyens sa remplaçante.
    François I er l’accueillit fort gentiment. Il sembla même ravi de la revoir et profita d’un moment où Anne de Pisseleu se trouvait en promenade pour lui prouver sur un coffre « qu’il était toujours sensible à ses mérites… »
    Françoise apprécia l’attention du roi et sut se montrer l’aimable partenaire qu’il aimait ; pourtant, lorsque tout fut rentré dans l’ordre, elle lui signifia nettement qu’elle n’était pas venue à Fontainebleau pour y batifoler à la sauvette entre deux portes, mais pour reprendre sa place…
    — Vous aurez toujours la meilleure, madame, celle de la femme qu’on regrette ! dit le roi, voulant être aimable.
    Or c’était précisément cette place-là dont ne voulait pas M me  de Châteaubriant…
    Et une lutte à mort commença entre les deux favorites – ceci pour la plus grande joie de toute la Cour, qui comptait les points et savait apprécier les coups bas…
    Ce duel dura des mois, et le roi, qui adorait Anne de Pisseleu, mais qui aimait encore Françoise, était bien ennuyé. Obligé sans cesse de réconforter l’une et de calmer l’autre, il n’avait plus le temps de s’occuper des affaires de l’État et s’en désolait. Alors que l’Europe entière avait les yeux fixés sur la France, il devait composer des petits vers pour apaiser à tour de rôle les deux harpies et les empêcher de mettre tout à feu et à sang.
    Finalement, Charles Quint donnant des signes d’impatience, il laissa à sa mère le titre de régente et le soin de ne point respecter le traité de Madrid qu’il avait dû signer pour être libre…
    Louise de Savoie s’acquitta d’ailleurs consciencieusement de cette tâche délicate. Tandis que François I er épuisait toute sa diplomatie avec ses favorites, elle annonça à Charles Quint, éberlué, que la Bourgogne ne lui serait jamais donnée, et nouait une alliance avec Henry VIII d’Angleterre. Puis elle organisa la Sainte Ligue avec le pape, Milan, Venise et les Suisses, ce qui acheva de déconcerter l’empereur.
    Furieux, celui-ci passa sa colère sur Charles de Bourbon. Le pauvre connétable, repoussé par tout le monde, chercha alors un suicide glorieux et s’en alla commettre une action extravagante : avec son armée, qui se transformait de jour en jour en une bande de pillards, il mit le siège devant Rome…
    Il mourut sur un rempart pendant l’assaut, le 6 mai 1527, et ses hommes, fous de rage, se vengèrent en faisant régner la terreur sur la ville éternelle pendant huit jours [93]

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