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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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    La nouvelle de la mort de Charles de Bourbon, qu’elle avait tant aimé et tant haï, ne dut pas laisser indifférente Louise de Savoie. Elle n’en dit rien cependant. Il est permis toutefois de penser que son cœur battit un peu plus vite lorsqu’on vint lui apprendre que, sur le corps du connétable, on avait retrouvé la bague qu’elle lui avait donnée jadis…
     
    En 1528, devant l’arrogance d’Anne de Pisseleu et l’inconstance du roi, Françoise, fort dépitée, retourna à Châteaubriant où son mari la reçut gentiment, comme d’habitude. Mais l’éloignement ne devait point lui permettre de trouver le calme qu’elle désirait. La hargne de la nouvelle favorite allait en effet la poursuivre jusqu’en Bretagne.
    Un jour, Anne de Pisseleu demanda à François I er de réclamer à Françoise les bijoux qu’il lui avait donnés. « Non pour le prix et la valeur, nous dit Brantôme qui nous conte l’histoire, car, pour lors, les perles et pierreries n’avoient pas la vogue qu’elles ont eu depuis, mais pour l’amour des belles devises qui estoient mises, engravées et empreintes, lesquelles la reine de Navarre, sa sœur, avoit faites et composées : car elle en estoit très bonne maîtresse. Le roy François lui accorda sa prière et luy promit qu’il le feroit : ce qu’il fit ; et, pour ce, ayant envoyé un gentilhomme vers elle pour les lui demander, elle fit la malade sur le coup et remit le gentilhomme dans trois jours à venir, et qu’il auroit ce qu’il demandoit. Cependant, de dépit, elle envoya quérir un orfèvre et luy fit fondre tous ces joyaux, sans avoir acceptation ni respect des belles devises qui y estoient engravées ; et après, le gentilhomme tourné, elle lui donna tous les joyaux convertis et contournés en lingots d’or.
    « – Allez ! dit-elle, portez cela au roy et dites-luy que, puisqu’il luy a plu me révoquer ce qu’il m’avoit donné si libéralement, que je le luy rends et renvoie en lingots d’or. Pour quant aux devises, je les ay si bien empreintes et colloquées en ma pensée, et les y tiens si chères, que je n’ai pu permettre que personne en disposât, en jouît et en eût de plaisir que moi-même.
    « Quand le roy eut reçu le tout, et lingots et propos de cette dame, il ne dit autre chose, sinon :
    « – Retournez-luy le tout. Ce que j’en faisois, ce n’estoit pas pour la valeur, car je luy eusse rendu deux fois plus, mais pour l’amour des devises ; et, puisqu’elle les a faites ainsi perdre, je ne veux point de l’or, et le luy renvoie : elle a montré en cela plus de générosité, de courage, que je n’eusse pensé pouvoir provenir d’une femme… »
    Le geste de M me  de Châteaubriant fut admiré par toute la Cour ; c’est elle qui, finalement, avait le beau rôle dans cette affaire, et Anne de Pisseleu en tomba malade de dépit.
    Mais la nouvelle favorite eut bientôt sa revanche. Une revanche qui flatta son orgueil, amusa le peuple et scandalisa l’Europe…

16
    La France et l’Angleterre unies grâce à une reine
    Allons ! soyez continent !…
     
    réponse d’une femme à un amoureux anglais
     
    La guerre acharnée que se livraient Anne et Françoise pour avoir une place officielle dans le lit royal passionnait la Cour et le menu peuple qui en avait des échos par d’inévitables indiscrétions d’office.
    On faisait des paris, on chansonnait les favorites, on s’amusait de l’ardeur qui les animait, et l’on finissait par oublier que la France était dans une situation dramatique, qu’une rançon énorme était due à Charles Quint et que deux petits princes innocents souffraient depuis trois ans dans une prison espagnole.
    Car François et Henri, traités durement par l’empereur qui rageait de ne pas obtenir ce qu’il désirait, étaient fort malheureux, malgré les soins que parvenait à leur prodiguer en cachette Éléonore d’Autriche.
    Et l’on raconte que Bordin, huissier de la régente, qui en 1529 avait pu pénétrer jusqu’à eux, « ne put retenir ses larmes en les voyant dans une chambre très obscure et nue, assis sur de petits sièges de pierre, près d’une fenêtre pratiquée dans une muraille épaisse de huit à dix pieds, garnie d’un double treillis de fer, tamisant avarement l’air et le jour. »
    Éléonore, grâce à la complicité d’un gardien, venait de temps à autre visiter les petits princes et s’efforçait, par une chanson ou un conte, de les sortir

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