Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
Vom Netzwerk:
celui qui a tué soit un voyageur, marin, notable, guerrier, pèlerin...
    L’homme s’arrêta, les fixant de son air matois.
    — Je vous vois venir, prévôt. Et il y a tout cela dans les bateaux qui vont lever l’ancre, n’est-ce pas ? ajouta l’Oriental. En clair, vous voulez que nous soyons vigilants ?
    — Oui.
    La voix du prévôt se fit plus décidée.
    — Mais pas seulement. Il faut en finir, messire. Il a tué trois enfants ici et, à mon avis, ce n’était pas la première fois. S’il est parmi vous, il faudra le capturer ou le tuer. Un homme comme ça ne mérite pas de vivre.
    — Mais comment le reconnaître ?
    — Je suis sûr qu’il va recommencer.
    — Nous n’avons guère d’enfants à bord... Sauf les mousses.
    — Oui, mais vous avez de nombreuses escales.
    — Vous avez une liste des passagers et des équipages ?
    — Non, elle est à la prévôté. Pour l’instant, sur le knörr, il y a un jeune moine de l’abbaye de Savigny, un pèlerin, un poète, un chevalier et la damoiselle avec son serviteur. Pour ce qui est de l’équipage, le capitaine Corato m’a dit qu’il avait embauché un nouveau rameur et un mousse qui vient du hameau des Roches.
    — Le criminel que vous cherchez peut tout aussi bien être dans le reste de l’équipage.
    — C’est vrai, je me contente de vous faire connaître les nouveaux embarqués. Sur l’esnèque, il y a Magnus le Noir, ses hommes et vous deux.
    — Magnus et ses guerriers font partie de la garde d’élite du roi Henri II, vous ne pensez pas...
    — Je ne mets personne hors de cause.
    — Alors pourquoi nous faire confiance, à nous ?
    — D’Aubigny est la plus sûre des recommandations, messire. Et puis, vous êtes arrivés après le dernier meurtre.
    — Vous avez donc envisagé un moment que nous soyons...
    — Coupables, bien sûr, comme les autres. Nous n’avons plus beaucoup de temps, écoutez-moi.
    Le prévôt semblait pressé maintenant de dire tout ce qu’il savait.
    — II faut que je vous donne le seul indice dont je dispose.
    — Nous vous écoutons.
    Eudes baissa la voix :
    — Le meurtrier laisse sa marque sur le corps des enfants, il grave des lettres dans leur chair.
    — Des lettres romaines ?
    — Oui, les lettres V R S.
    — V R S, répéta Tancrède. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Les initiales d’un patronyme ou d’un lieu ?
    — Je ne sais pas.
    — Quelque formule magique ou incantation ? réfléchit Hugues à voix haute.
    — Comment sont-ils morts ? demanda Tancrède.
    — Il les massacre au couteau, puis les achève d’un seul coup en plein coeur. Messires, comprenez-moi bien, je n’espère pas que la bête est à bord, mais si c’est le cas...
    Hugues hocha la tête. Tancrède ouvrit la bouche pour poser une question et la referma. L’idée qu’il puisse y avoir un assassin d’enfants parmi eux paraissait inconcevable et pourtant...
    Un sinistre pressentiment envahit le jeune homme. Il se tourna vers les vaisseaux amarrés au ponton, essayant de retrouver la joie qu’il avait ressentie la première fois qu’il les avait vus. Mais une ombre venait de se glisser entre eux et lui.

ANOUCHE

11
    — Ho ! Hisse ! Ho ! Hisse ! encourageait le maître de la hache.
    Tancrède et Hugues s’étaient placés à l’avant. Le jeune homme regardait, fasciné, les hommes qui dressaient le mât de l’esnèque. Le battement sourd du tambour de guerre rythmait les efforts des marins qui s’arc-boutaient. Ils avaient placé le mât, un tronc de chêne rouvre d’une trentaine de mètres de haut, dans la calengue, une pièce de bois au centre du bateau, et le poussaient à bout de bras tandis que leurs compagnons tiraient sur un hauban à l’avant. L’opération était difficile et, malgré ses amarres, le navire tanguait dangereusement.
    Tancrède eut l’impression que sa respiration se bloquait, mais le mât se dressa enfin et le charpentier frappa d’un seul coup de masse la cale en bois qui le bloquait dans la calengue.
    Le tambour s’arrêta. Tous les hommes du bateau poussèrent un long cri de victoire.
    Harald, l’homme du gouvernail, ordonna d’arrimer le cordage principal au guindeau, le treuil fixé à l’avant de l’esnèque. D’autres marins se précipitèrent pour attacher les haubans.
    Un des hommes grimpa avec agilité jusqu’à une plateforme de bois près de la girouette dorée au sommet du mât.
    Tancrède s’écarta pour laisser

Weitere Kostenlose Bücher