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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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ceinture, un poignard à la garde ornée de pierreries et une épée.
    — Permettez-moi de vous présenter le chevalier Bartolomeo d’Avellino, fit Giovanni.
    En entendant prononcer son nom, l’homme fronça les sourcils. Il jeta un bref regard à Eleonor et aux autres, puis se détourna sans mot dire, gagnant la plate-forme au-dessus du château arrière près du stirman.
    — Il n’aime guère la conversation... commenta le Sicilien. Il me reste à vous présenter notre poète, Robert Wace, mais excepté la compagnie de frère Dreu, il semble préférer celle des mouettes. N’est-ce pas, mon frère ?
    Le jeune moine s’empourpra et balbutia quelques mots incompréhensibles où il était question de théologie et de poésie.
    À l’étrave se dressait une silhouette isolée, enveloppée d’une cape.
    — Nous aurons tout le temps de faire connaissance par la suite, remarqua Eleonor.
    — C’est vrai. Je vois que vous vous habituez à mon bateau. À la fin du voyage, vous le regretterez, j’en suis sûr.
    Un mousse s’était approché d’eux, un petit gars au visage auréolé de boucles blondes.
    — Eh bien, P’tit Jean, que me veux-tu ? demanda Giovanni.
    — Le capitaine veut vous voir, mon maître.
    — Pardonnez-moi tous, fit le marchand, en s’inclinant courtoisement.
    Eleonor en profita, elle aussi, pour s’esquiver, gagnant sans se presser l’avant du bateau, observant l’homme qui se tenait face aux embruns. Elle qui aimait tant lire, jamais de sa vie elle n’avait croisé de poètes, là-bas, dans son manoir de Fierville. L’homme auquel Giovanni avait donné ce titre était richement vêtu d’une cape doublée de fourrure de petit-gris. L’air grave, il fixait la côte et leva la tête en entendant le bruit de ses pas. Les traits de son visage étaient disgracieux mais sa tournure élégante et son regard vif. Il l’observa sans gêne, puis se courba devant elle.
    — Une femme habillée en homme escortée d’un loup, quelle singulière rencontre ! s’exclama-t-il. Mon nom est Robert Wace, poète de son état. Et vous, damoiselle au clair visage ?
    La voix était douce, les manières enveloppantes. Eleonor songea que l’homme n’avait pas le contact si difficile que le marchand l’avait bien voulu dire, à moins que cet accueil chaleureux ne fût réservé qu’aux femmes.
    — Eleonor de Fierville, messire Wace.
    — Que fait une jolie femme sur une esnèque ?
    — Elle se demande ce qu’y fait le poète.
    — Il vous attendait. La mélancolie ne me va pas et je baignais dans ses eaux troubles. Vous m’en avez sorti, je vous en suis gré.
    Puis, plus sérieusement, il ajouta :
    — Je me demandais si je reviendrais jamais à Jersey, c’est notre prochaine escale et celle où, hélas, je vous quitterai. Mes parents y sont en terre depuis longtemps, je ne connais plus personne, et pourtant cette île de Jersey m’a abrité pendant de longues années. J’en connais le moindre rocher, le moindre arbre, la moindre source.
    — Je me suis posé la même question en quittant le duché de Normandie, avoua Eleonor en s’accoudant à ses côtés.
    — Et où donc partez-vous ?
    — Fort loin, messire, en Sicile, retrouver mon futur époux.
    — C’est un long voyage pour une femme seule. J’espère votre promis de haut parage, damoiselle, et bel et doux.
    Il était si près d’elle qu’elle sentait le parfum dont son mantel était imprégné. Elle regarda ses mains, blanches et douces, des mains de clerc, et s’écarta.
    — Vous me laissez déjà ? fit-il.
    — Nous nous reverrons.
    — Je l’espère. Le bateau n’est pas si grand que je ne puisse à nouveau vous y croiser. Je vais regretter de n’aller que jusqu’à Jersey, damoiselle.
    Comme Eleonor s’empourprait, il s’inclina.
    — Ne me jugez pas sévèrement. Le poète que je suis aime à dire à la beauté qu’il l’aime. Et même si mon coeur appartient tout entier à la reine, je sais reconnaître une femme de qualité quand j’en croise une. Mais vous n’êtes guère habituée à nos manières de cour et ce n’est point courtois de ma part d’en faire usage.
    — Certes non, je n’y suis pas habituée, répliqua-t-elle plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu. Et plût à Dieu que je ne le sois jamais. Je préfère l’étude et les longues chevauchées sur la lande.
    — Voilà qui est fermement dit. Mais je ne serais pas si sévère. Moi qui suis né à

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