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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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es habitué au roulis.
    — Je boirais bien un coup de cidre ou d’hydromel pour me réchauffer la couenne, maugréa le marin. Les autres sont allés manger, c’est bientôt mon tour.
    — Vous êtes combien à garder le camp ? demanda Hugues en regardant autour de lui.
    — Deux. Et deux guerriers sur l’esnèque. Pour le knörr, je crois qu’ils ont laissé un mousse et le sondeur à bord.
    — En tout cas, crois-moi, la table de l’abbaye vaut le détour, affirma Tancrède. Volailles à foison, pain blanc et même des pichets de vin pour les hôtes. Et pas du mauvais.
    — Ah ça, messire, vous me redonnez courage ! C’est tout ce que je voulais entendre ! s’écria le jeune gars dont la figure s’illumina à l’idée de ces réjouissances. Bien le bonsoir à vous deux. Que Dieu vous bénisse !
    Les deux compagnons traversèrent le champ de toiles installées en cercle autour d’un feu de camp.
    Une fois sous leur tente, les mantels trempés suspendus à la barre transversale, Tancrède se laissa tomber sur sa paillasse et s’apprêta à ôter ses bottes. Il interrompit son geste, et se tourna vers son maître qui venait de s’asseoir en face de lui.
    — Bartolomeo d’Avellino nous évite soigneusement, finit-il par dire. Par contre, il ne quitte plus la jeune damoiselle. Il était assis à sa table et où qu’elle aille, il l’escorte. Croyez-vous qu’il trame quelque chose contre notre jeune amie ?
    — Non. Mais je ne saisis pas la raison de ses assiduités auprès d’elle.
    — D’un autre côté, n’importe qui aurait plaisir à être en compagnie d’Eleonor.
    — Vous l’appelez par son prénom, maintenant ? remarqua Hugues en fronçant les sourcils.
    — Elle m’y a autorisé lors de notre dernière conversation et je ne vois pas de raison de m’en priver. Vous savez, elle est fort érudite...
    — Non, je ne le sais pas, le coupa Hugues.
    — Évidemment ! Vous passez votre temps à la fuir.
    Hugues ôta ses bottes et s’allongea tout habillé sur son lit de camp.
    — Il est temps de dormir.
    — Je ne comprends pas, protesta le jeune homme. Pourquoi, alors que vous n’avez cessé de me mettre en garde contre d’Avellino, n’avez-vous pas prévenu notre amie du danger de sa compagnie ?
    — Je le ferais si j’étais sûr qu’elle le soit. Laissons cela, voulez-vous ?
    Tancrède songea que son maître faisait bien des efforts pour se tenir à distance de la jolie Eleonor.
    — Comme vous voudrez, fit-il.
    Le silence retomba entre eux.
    — Vous avez eu votre première vraie tempête aujourd’hui, finit par dire Hugues.
    — Oui.
    Était-ce le son de la pluie qui martelait la toile au-dessus de leurs têtes ? Ils revoyaient les vagues énormes qui passaient par-dessus l’étrave. Ils restèrent un moment ainsi à se souvenir de la fureur des éléments, puis le jeune homme reprit la parole :
    — Bien des jours ont passé depuis notre dernière conversation.
    — C’est vrai. Mais ils devaient être nécessaires. Comme disait Platon : « Une vie à laquelle l’examen fait défaut ne mérite pas qu’on la vive. »
    — J’avais besoin de temps pour que vos paroles pénètrent en moi, et aussi pour me résigner à la perte de ma mère, avoua le jeune homme. Sans doute ne suis-je pas aussi solide que je le croyais.
    — Vous l’êtes bien plus, au contraire. Le silence et ces jours passés à ramer vous ont changé, Tancrède. Votre corps s’est durci et ni votre regard ni votre visage ne sont les mêmes que le jour de notre départ.
    — Je ne sais quel est mon visage, mais je sais que mon coeur a du mal à admettre ce que la vie lui enseigne. Vous m’avez parlé de cette promesse faite à mon père, mais pourquoi ne pas m’avoir expliqué tout cela plus tôt, Hugues ? Quand je pense à toutes ces années passées ensemble, ces années où nous aurions pu...
    — Je ne pouvais rompre mon serment, vous le savez, le coupa Hugues. Et puis, la demande de votre père était justifiée : vous n’auriez pu comprendre l’homme qu’il était, ni ses choix, avant d’être un homme vous-même. Maintenant que nous revenons vers la Sicile, tout est plus simple.
    — C’est donc là le pays où je suis né ?
    — Oui.
    — Tous mes souvenirs... Les jardins, les fontaines, les voiles aux portes des maisons, ces fruits aux couleurs vives...
    — Viennent de la Sicile. Vous êtes né à Palerme, dans le palais de votre père. Ensuite,

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