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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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débordant de reconnaissance envers lui.
    Edouard éclata de rire en prononçant ces derniers mots.
    La lumière se faisait dans son esprit. La réunion du matin, présidée par Lemieux, avait sans doute été habilement orchestrée selon un scénario préparé { l’avance. Le marchand n’arrivait
    toutefois
    pas
    {
    identifier
    clairement
    qui
    tirait les ficelles.
    — Peut-être êtes-vous le deus ex machina, grommela-t-il
    { la fin, { l’intention de Taschereau.
    Le jeune homme souleva une mèche de cheveux pour montrer son front à son compagnon.
    — Vous voyez ici ? Cette cicatrice vient d’une pierre lancée par vos hommes de main, quand vous avez chassé pour toujours Henri Bourassa du comté de Québec-Est en 1907. Vos méthodes se sont affinées, mais vous demeurez redoutable.
    A ce souvenir, son compagnon lui adressa un sourire narquois.
    — Ce jour-là, Armand Lavergne a aussi reçu une pierre.
    Elle lui sert de presse-papier depuis lors, paraît-il.
    A cette allusion, la nostalgie envahit Edouard, au point de l’attrister. Chef d’entreprise prêt à toutes les magouilles, pour ne pas heurter ses nouveaux amis, il devait se résoudre { fréquenter plutôt discrètement l’agitateur nationaliste.

    *****
    Cette fois, Édouard n’osa pas trop s’éloigner du pavillon Howick, se condamnant à se contenter de la nourriture offerte sur les lieux { l’heure du souper. Les discussions et les votes sur différents articles du programme allaient bon train. Les décisions visaient à satisfaire les Canadiens de l’Atlantique au Pacifique. En conséquence le tout se révélait mi-chair, mi-poisson.
    À l’agitation sur le plancher s’ajoutait celle des galeries.
    Un peu après trois heures, une véritable commotion survint.
    Une vieille dame aux cheveux blancs, ramassée sur ellemême, courbée, fit son entrée en s’appuyant sur le bras de madame Gauvreau, l’épouse du député de Témiscouata.
    Quand elle atteignit sa place du côté gauche, c’est-à-dire celui de la délégation québécoise, le maître de cérémonie Charles Murphy, sur la scène, s’exclama en anglais :
    — Lady Zoé Laurier, la veuve de notre chef bien-aimé, vient de se joindre à nous.
    Une salve d’applaudissements éclata et dans tous les coins de la salle, des personnes se levèrent en signe de respect.
    — Madame, enchaîna l’homme en français, voulez-vous occuper plutôt le fauteuil d’honneur ?
    Une grande chaise au tissu grenat se trouvait placée devant l’immense portrait de sir Wilfrid. Le signe de dénégation de la silhouette noire fut perceptible depuis l’estrade. Peut-être soulagé, le maître de cérémonie donna le signal d’une nouvelle salve d’applaudissements. L’assemblée reprit ensuite ses travaux.
    Le couple Laurier était souvent venu dans la grande maison de Thomas Picard, rue Scott. Aussi Edouard considéra de son devoir d’aller saluer la veuve. De plus, cela lui donnait l’occasion de traverser plusieurs rangées de chaises occupées par les épouses, parfois les filles des congressistes.
    En s’approchant de la vieille dame, il constata qu’un autre membre du Parti libéral avait eu la même idée : William Lyon Mackenzie King.
    — Oh ! s’exclama Lady Laurier. Deux jeunes hommes désireux de me parler au même moment. Je n’ai pas été l’objet d’autant d’attention depuis mes jeunes années. Et l{, je parle d’un temps bien lointain, avant la Confédération.
    — Vous n’avez pas changé depuis, j’en suis certain.
    King s’était exprimé en français. Malgré un accent plutôt rébarbatif, le politicien arrivait à se faire comprendre. Dans toutes les situations publiques, il s’en tenait cependant { sa langue maternelle.
    — Monsieur Picard, enchaîna-t-il en tendant la main, je suis heureux de vous rencontrer. J’ai appris la mort de votre père avec beaucoup de tristesse. Toutefois, Ernest Lapointe m’a expliqué comment vous étiez disposé à continuer de travailler pour nous dans le comté de Québec-Est.
    — Il demeure une difficulté : l’élection complémentaire n’a pas encore été déclenchée. Je ne peux donc pas me consacrer { l’élection du remplaçant de sir Wilfrid dans le comté.
    — Je suppose que le nouveau chef du Parti libéral saura convaincre le premier ministre de se presser un peu. Il ne nous fera pas attendre jusqu’aux élections générales, j’en suis sûr.
    — Avez-vous déjà parlé de cela à Borden

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