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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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sept heures trente. Fielding reçut quatre cent trente-huit voix; King, quatre cent soixante-six!
    La moitié des congressistes et des spectatrices applaudirent à tout rompre, les autres avec un enthousiasme moins tangible.
    — Notre nouveau chef devra se souvenir de ceux à qui il doit son siège, murmura Edouard { l’oreille de Taschereau.
    Les deux tiers de ses appuis sont venus des Québécois.
    — Cela, nous ne le saurons jamais. Si les délégations de chaque province se sont entendues pour favoriser un candidat, les résultats ne seront pas divulgués de cette façon.
    — Voilà qui est bien prudent, ironisa le jeune homme.
    Cela évitera de le présenter comme le candidat des Canadiens français.
    Athanase David évoquait la chose quelques heures plus tôt. Au sein du parti, plusieurs se souciaient de la main-mise des francophones. Mieux valait ne pas alimenter ces soupçons.
    — Surtout, continua le ministre provincial, même si nous connaissons les mots d’ordre donnés dans les diverses sections du parti, nous ne saurons pas comment les gens ont réellement voté. Par exemple, Lomer Gouin n’a certainement pas donné son appui à King. Il a pu en influencer plusieurs.
    Le jeune marchand arqua les sourcils pour exprimer sa surprise. À ce moment, le nouveau chef du Parti libéral approchait au-devant de la scène. Ernest Lapointe se trouvait à ses côtés, alors que Lomer Gouin paraissait avoir été pris d’une irrésistible envie de visiter les latrines.
    — Si vous dites vrai, ses chances de devenir le lieutenant canadien-français
    de
    King
    paraissent
    bien
    faibles,
    maintenant.
    Son interlocuteur grimaça, comme si cette évidence le décevait.
    Peut-être
    lui
    aussi
    favorisait-il
    secrètement
    Fielding, le candidat du monde des affaires de Montréal. Les jeux de coulisses échappaient encore largement à Edouard.
    Sur l’estrade, le candidat défait quitta son siège avec empressement. Un court instant, chacun craignit une scène douteuse jouée par un mauvais perdant. Le vieil homme prit les spectateurs par surprise en déclarant :
    — Je propose la tenue d’un quatrième tour de scrutin, le plus important, à main levée, pour donner à notre nouveau chef une
    décision
    unanime.
    Qui
    vote
    en
    faveur
    de
    William Lyon Mackenzie King ?
    Après un moment de silence, tous les délégués, la plupart des spectateurs et même des journalistes saisis par l’atmosphère fébrile, levèrent la main.
    — Monsieur King, conclut le politicien diminué par l’âge, vous avez un appui unanime de votre parti.
    À ce moment, le vainqueur de la convention se trouvait encadré par ses plus proches collaborateurs. Il reçut des autres candidats défaits l’assurance de leur entière collaboration. Les années indiqueraient la profondeur de leur conviction.
    Après avoir accueilli des salves d’applaudissements et des hourras hurlés à pleins poumons avec un sourire modeste, King adressa ses remerciements { l’assistance avant de se livrer à une attaque en règle du Parti conservateur et de son chef, Robert Borden.
    Quand il s’arrêta, Edouard confia { Taschereau avec humeur :
    — Il aurait bien pu nous dire quelques mots en français.
    Il connaît notre langue, je l’ai entendu cet après-midi. Après tout, le bonhomme nous est redevable de son siège.
    — Vous rappelez-vous ? rétorqua Taschereau. Il ne doit pas être notre candidat, mais celui de tous les Canadiens.
    La jolie scène { laquelle nous venons d’assister ne vous a pas convaincu ?
    Lui, { tout le moins, ne semblait pas l’être tout { fait.
    — Tout de même, un «Merci beaucoup » ne l’aurait pas fait mourir.
    — Picard, vous avez trop fréquenté Armand Lavergne.
    Sur ces mots, { l’instar de centaines d’autres, Louis-Alexandre Taschereau
    alla
    jouer
    des
    coudes
    afin
    de
    serrer
    la main du vainqueur. Comme Ernest Lapointe avait sacrifié à ce cérémonial parmi les premiers, Edouard le retrouva sur le plancher.
    — Voilà une première étape franchie, constata le marchand en tendant la main, je suis heureux du dénouement.
    Je vous souhaite une bonne fin de congrès.
    — . . Ne serez-vous pas avec nous demain ?
    — Je vais retourner vers mes affaires et ma famille. Une fois le chef choisi, je me sens un peu inutile.
    Lapointe accepta la poignée de main.
    — Nous nous reverrons bientôt, dit-il.
    — J’y compte bien. Je préparerai quelques rencontres avec les marchands et les industriels de la

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