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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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francophones ont vraiment voté pour lui ?
    — . . Il s’agissait d’un vote secret, donc personne ne peut en être certain. Mais comme la délégation du Québec a décidé de l’appuyer..
    — Dans ce cas, Lapointe aura gagné sur toute la ligne, et notre ineffable premier ministre Gouin s’est fait rosser comme un
    malpropre.
    Même
    mon
    ami
    Taschereau
    a
    dû avoir du mal à garder un visage impassible, dans les circonstances.
    Le visiteur présentait un visage déprimé. Visiblement, lui aussi voyait ses ambitions menacées par cette nomination.
    — Là, marmotta Edouard en jouant du bout des doigts avec la correspondance accumulée sur son bureau, tu devrais m’en dire un peu plus.
    — Voyons ! La proposition d’Athanase David venait de Gouin ! Et je ne serais pas surpris d’apprendre que Taschereau, désireux de voir son chef s’envoler vers Ottawa pour prendre sa place, l’a rédigée lui-même !
    — Dans ce cas, l’un ou l’autre aurait au moins voulu l’appuyer. J’étais l{ ! Le premier ministre n’a pas ouvert la bouche lors des discussions, et il n’a pas voté en faveur de cette proposition.
    Taschereau, de son côté, était longtemps resté silencieux avant d’appuyer les arguments de Lapointe.
    — Gouin n’est pas un imbécile. Il devait se tenir dans un coin de la salle où il surveillait les autres. Quand il a constaté que personne ne levait la main en faveur de la proposition, il n’a pas voulu commettre un suicide politique.
    Cette fois, le visiteur obtint toute l’attention du commerçant.
    Depuis
    Québec,
    il
    paraissait
    comprendre
    très
    bien
    quels jeux de coulisses s’étaient déroulés lors de la convention libérale, tenue à trois cents milles de là.
    — Si tu as raison, je ne vois pas quel était l’intérêt de Gouin dans l’affaire.
    — Gouin favorisait William Fielding.
    — Notre premier ministre est au service des financiers de la rue Saint-Jacques. Il penchait pour le candidat le plus favorable à ses amis.
    — Fielding. Sachant que le Québec risquait de voter en bloc pour King, il a fomenté une sorte de coup d’Etat contre Lapointe, le champion de ton nouveau chef.
    — Tout de même, jouer sur la fibre nationaliste pour obtenir l’abstention de ses collègues, cela ne lui ressemble pas, observa le marchand.
    Fasciné, Edouard ne songeait plus à chasser son visiteur.
    Lentement, il comprenait combien les événements de la dernière convention libérale dissimulaient des conflits farouches.
    — Voyons, le coquin ne recule devant aucun moyen.
    Gouin rêvait de devenir le bras droit de Fielding, un partisan de la conscription. Il ne pouvait pas souligner lui-même les indélicatesses de nos compatriotes d’une autre origine {
    notre égard. De toute façon, dans ce rôle, le bonhomme n’aurait pas été crédible. On ne l’a jamais vu { la tête des émeutiers, n’est-ce pas ? Il s’est trouvé un porte-voix.
    — Mais pourquoi David ?
    — Question de convictions, ce gars n’est pas si loin de nous. Puis, la promesse d’une belle carrière au sein du cabinet provincial l’a sans doute convaincu. .
    Le marchand devait convenir que Lavergne présentait une version des événements très crédible.
    — Cela pouvait marcher, conclut ce dernier. Si tu enlèves les voix des délégués du Québec, Fielding passait dès le premier tour.
    — Pas tout à fait.
    — En tout cas, King aurait reçu tellement peu d’appuis qu’il aurait dû se retirer.
    « En conséquence, songea le jeune marchand, le candidat du monde de la finance serait passé au second tour avec une très forte avance. » Quand il avait questionné Taschereau à ce sujet, celui-ci l’avait mené en bateau. Se pouvait-il que lui aussi soutienne discrètement le candidat de la rue Saint-Jacques? Pourtant, il affichait depuis des mois son appui à King et, en conséquence, à Lapointe.
    — Si je te comprends bien, non seulement Gouin servait les intérêts de Fielding, mais il tentait de ruiner les ambitions de Lapointe.
    — Dans un poulailler, on ne compte en général qu’un seul coq. Notre premier ministre rêve de devenir le bras droit du futur chef libéral, Lapointe aussi. Pour prouver son utilité, il devait aussi démontrer son ascendant sur les militants de langue française du parti. Au début du congrès, certains parlaient de lui comme du véritable chef du Parti libéral. Il a tenté un coup de force, pour échouer lamentablement.
    Nous savons tous

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