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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Basse-Ville, mais vous devrez bientôt faire connaître vos intentions. Jusqu’{
    maintenant, je récolte toujours la même réponse: «Mais il est député de Kamouraska ! » Après ce soir, ce sera considérablement plus facile. Ils seront rassurés { l’idée d’avoir pour député un membre très influent du futur cabinet de William Lyon Mackenzie King.
    Après un dernier salut, Edouard sortit pour emprunter une dernière fois l’un des tramways spéciaux affectés au va-et-vient entre le parc Lansdowne et le centre-ville. Il avait encore le temps de se livrer à une dernière expédition à Hull avant de retourner dans son foyer.

    *****
    Le trajet en train depuis Ottawa prit toute la matinée du vendredi. Edouard décida de se rendre directement au magasin.
    Depuis la gare, cela représentait une marche de quinze minutes environ.
    Il entra par la porte donnant rue Saint-Joseph pour constater une affluence rassurante dans les rayons. Les gens commençaient à se préparer pour la prochaine rentrée scolaire. Ce constat eut le don de le mettre de bonne humeur quand il s’engagea dans l’escalier. En arrivant dans les locaux administratifs, ses bonnes dispositions se trouvèrent un peu rabattues. Armand Lavergne occupait l’une des trois chaises destinées aux visiteurs.
    — Mademoiselle Poitras, commença-t-il { l’intention de sa secrétaire, je suis content de voir que le magasin tient encore sur ses fondations.
    — Nous avons tous fait un effort supplémentaire pour nous tenir à flot. . Monsieur attend votre retour depuis quelques minutes.
    — Donc, il pourra patienter encore un peu. Des incidents requièrent-ils mon intervention immédiate ?
    Lavergne s’agita un peu sur son siège, outré d’être traité comme une quantité négligeable.
    — Vous trouverez une pile de requêtes sur votre bureau.
    Mais elles pourront attendre demain, ou même lundi. Avez-vous vu tout ce monde dans les rayons ?
    — Oui. Cela a de quoi remonter le moral. Je suppose que le nouveau chef du Parti libéral donne à chacun un regain de confiance en l’avenir.
    Comme la jeune femme arquait les sourcils en guise de surprise, il continua en riant :
    — J’exagère peut-être un peu. Enfin, je suis heureux de voir plus de monde en nos murs. J’espère juste que cela se répercutera sur les chiffres des ventes. Nous avons eu notre part de chômeurs errant dans les rayons pour tuer le temps.
    — Ce King, vous croyez que c’est un bon choix ?
    — Comme j’ai voté pour lui, oui, je le crois. Bon, je vous laisse pour entendre ce que notre patient visiteur me veut.
    L’avocat prit cela comme un signal. Il se leva pour s’approcher de l’entrée du bureau. Le marchand le laissa passer devant lui, ferma la porte puis gagna son siège.
    — Qu’est-ce qui me vaut ta visite sur les lieux de mon travail? C’est bien la première fois. .
    — Es-tu si content du choix du nouveau chef libéral ?
    — Aujourd’hui, tu me fais regretter de ne pas être allé à l’université ! Si j’étais avocat, je pourrais moi aussi sans doute quitter mon bureau en plein après-midi pour aller discuter politique.
    — Tu reviens d’un long congrès !
    Lavergne occupa l’une des chaises placées devant la table de travail. Il endurait mal de se voir accueilli d’une façon si désinvolte.
    — Justement. Dans les circonstances, ne crois-tu pas que j’ai des choses plus importantes { faire que d’en relater les péripéties ?
    — Dans ce cas, maugréa le visiteur agacé, j’essaierai d’être bref. Le choix de King te plaît tant que cela ?
    — Tu m’as entendu, j’ai voté pour lui. En conséquence, oui, je crois qu’il s’agit de la meilleure personne pour le poste, au regard des intérêts du Québec.
    — Il n’a jamais rien fait. On ne l’a jamais entendu, pendant la guerre.
    De son côté, visiblement, Lavergne ne se réjouissait pas de sa désignation.

    — Justement. C’est un homme nouveau. Si tu avais vu les autres sur la scène ! Ces vieux politiciens ne semblent pas s’apercevoir que notre monde n’a plus rien { voir avec celui d’avant la guerre.
    Un court instant, l’avocat se demanda si lui-même, aux yeux de son ancien disciple, comptait parmi les personnes appartenant au passé, et non au présent.
    — Comme les Canadiens français ont voté en bloc pour lui, continua Edouard après une pause, jamais il ne négligera nos intérêts.
    — Es-tu certain de cela? Je veux dire, que tous les

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