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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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    Fitzpatrick se leva sur les derniers mots, signifiant son congé au visiteur. Celui-ci quitta son siège, accepta la main tendue en disant :
    — Je suivrai votre recommandation, monsieur. Je vous remercie beaucoup pour votre accueil.
    Au moment de mettre les pieds dehors, le futur employé du gouvernement consulta sa montre. Comme il était encore tôt, il obliqua vers la gauche. Il pourrait passer deux bonnes heures dans la bibliothèque située dans le grand édifice voisin.

    *****
Un petit camion stationnait devant la spacieuse maison de la rue Scott. La boîte demeurait à peu près vide, Elisabeth voyagerait léger. Pour l’occasion, contre l’avis de sa mère, Edouard était revenu très tôt du commerce. Il se tenait sur la large galerie, les yeux mouillés.
    — Je ne peux rien dire pour te convaincre de changer d’idée?
    — Non, tu le sais aussi bien que moi. Ce sera pour le mieux, je t’assure. Je dois apprendre { me débrouiller toute seule, tu ne crois pas ? J’aurai bientôt quarante-deux ans. — Jamais je ne t’aurais empêchée de faire ce que tu désires.
    — Ce sera aussi une bonne occasion pour toi, si tu sais la prendre.
    Le jeune homme ne voulait pas revenir sur le sujet de sa vie conjugale. A la place, il secoua la tête, tenta de se ressaisir.

    — Tu as été la meilleure mère du monde, et cela depuis le premier jour, souffla-t-il.
    — Et toi, le meilleur fils.
    Elisabeth aussi se trouvait maintenant au bord des larmes. Elle respira profondément afin de réprimer un peu le flot d’émotions se bousculant en elle.
    — Nous le demeurerons l’un pour l’autre, continuat-elle, sauf que nous n’habiterons plus dans la même maison.
    Edouard hocha la tête. A la place de protester encore en vain, il déclara en portant son regard vers le camion :
    — Pourquoi n’amener que des livres et des vêtements ?
    Au moins, tu pourrais conserver les meubles de ta chambre.
    — Je préfère changer mon cadre de vie. Ces meubles étaient les nôtres, pas les miens.
    Elle ne se voyait pas dormir encore dans le lit conjugal.
    Pendant un moment, celui des anciens propriétaires ferait l’affaire. Ensuite, elle verrait.
    Ni l’un ni l’autre ne savaient exactement comment clore cette conversation. Heureusement, les deux domestiques sortirent avec chacune une valise en carton bouilli à la main.
    — Nous sommes prêtes, madame.
    — Je n’ai qu’une place dans la voiture. Julie, tu veux bien monter dans le camion ?
    — Bien sûr, madame.
    La jeune bonne gagna le véhicule. Le conducteur se tenait debout contre la portière, visiblement lassé d’attendre.
    — Victoire, montez dans la Chevrolet. Je vous rejoins tout de suite.
    La cuisinière fit comme on le lui disait. La mère et le fils demeurèrent encore un moment l’un en face de l’autre, immobiles.
    — Tu viendras me voir souvent ?

    — Avec plaisir.. les dimanches où Eugénie ne sera pas là, pour éviter les disputes inutiles.
    — Quelle idiote !
    — Ne dis pas cela. Même si elles sont fausses, elle a de très bonnes raisons d’être. . troublée.
    Depuis des mois, cette pensée hantait Elisabeth : la petite fille avait eu raison de croire que la mort de sa mère tenait
    { un crime. Toute sa vie, elle s’était tout bonnement trompée de coupable. Tout en comprenant l’inutilité de lui confier maintenant la vérité - elle refuserait de toutes ses forces de l’entendre -, la femme compatissait de tout son cœur { son sort.
    — Si je comprends bien, déclara-t-elle encore, Evelyne ne participera pas à ces adieux.
    — Elle t’en veut de partir avec les domestiques.
    — Oh! Te souviens-tu de Joséphine, dans le temps?
    Avec un peu de chance, elle trouvera aussi bien pour remplacer Victoire.
    — Je me souviens de Joséphine, murmura-t-il.
    Ils n’arrivaient pas { se quitter. Le conducteur du camion, impatient, actionna la manivelle, puis partit.
    — Comme il n’a pas la clé, je dois le suivre. J’espère juste pouvoir démarrer ta machine infernale.
    — Tu vas voir, tu ne le regretteras pas. C’est une merveille.
    Un peu brusquement, elle le saisit dans ses bras, lui plaqua un baiser sonore sur la joue, puis descendit les marches.
    Peu après, le bruit du moteur se fit entendre. En reculant jusqu’{ la rue, elle roula sur un coin de pelouse, freina brusquement puis tourna le volant. L’embrayage gémit un peu au passage en première, puis le véhicule roula

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