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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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sortir.

    — Pour un laps de temps peut-être long, je me ferai très sédentaire. Je vous attendrai.
    Avant de redescendre, le jeune homme jeta un œil { la salle de bain située au bout du couloir. Puis, en quittant les lieux, il lui tendit la main.
    — Je vous rejoindrai donc dans quelques jours, ma tante.
    — À bientôt. Peux-tu remercier ta mère pour les fleurs ?
    J’aurais aimé le faire moi-même dès hier, mais le téléphone n’a pas encore été rebranché.
    — De son côté, maman se prépare à son départ pour Rivière-du-Loup, elle se trouve donc un peu. . surexcitée. En fait, elle ne sait plus où donner de la tête. Elle nous avait toutefois laissé des instructions précises à propos de cette livraison.
    — Peux-tu me donner son adresse là-bas ? Je lui écrirai.
    Mathieu se souvenait du numéro civique. Il le lui transmit tout en ajoutant:
    — Mais vous savez, Paul Dubuc est un notable. Son seul nom et celui de la localité devrait suffire.
    — Tout de même, j’ajouterai son adresse. Remercie aussi Thalie. Je devine qu’elle s’est occupée de venir porter les roses.
    Un moment plus tard, elle s’appuyait contre la porte fermée, heureuse d’avoir enfin un premier locataire.

    Chapitre 11

    Le vendredi suivant, un peu avant la fermeture, l’entrée d’une grande jeune fille châtaine créa une certaine commotion dans la boutique ALFRED. Depuis le fond du commerce, Thalie s’écria :
    — Catherine, enfin !
    Les clientes se retournèrent, surprises de l’éclat de voix.
    Les deux étudiantes se serrèrent l’une contre l’autre après des bises sonores. Marie descendit de l’étage, se dirigea vers la nouvelle venue, les mains tendues.
    — Bienvenue à la maison, je suis très heureuse de te revoir. Je regrette seulement de devoir partir demain. Je fais'
    une bien mauvaise hôtesse.
    Elle mentait, bien sûr. L’approche du départ la réjouissait, à la fois pour les quelques jours de congé et pour la proximité de son amant. La visiteuse comprit assez bien ce long propos tenu en français.
    — Ne vous excusez pas, répondit-elle cependant en anglais, et profitez bien de ce congé.
    Thalie tenait son amie par la taille. Elle la conduisit vers la caisse.
    — Voici mon grand frère, Mathieu. Tu as vu sa photo dans ma chambre, dès le premier jour.
    La visiteuse serra la main tendue en affirmant être « very pleased». Comme quelques femmes attendaient de payer leurs achats, son amie l’entraîna.

    — Viens en haut. Je vais te présenter l’amie de la famille, et puis Gertrude.
    Françoise fit montre de l’exquise politesse apprise au couvent. Cependant, une ombre passa sur son visage. La meilleure amie de Thalie, ce n’était plus elle. Cette grande anglaise aux yeux gris, aussi étudiante { l’université, prenait sa place. Cette visite marquait le début d’un petit deuil.
    Au dernier étage, elles découvrirent Gertrude devant ses fourneaux. La vieille domestique se leva bien vite, s’essuya les mains sur son tablier avant de s’avancer.
    — Mademoiselle. .
    — Voici Catherine. Nous étudions ensemble.
    L’invitée tendit la main en articulant dans son meilleur français, tout de même peu compréhensible :
    — Je suis contente de vous rencontrer. Thalie m’a raconté toutes vos gentillesses.
    — . . Je vous remercie.
    Les jeunes filles gagnèrent le salon afin de boire une liqueur. La bonne demeura bien pensive après cette étonnante rencontre.
    Cette
    Anglaise
    devait
    aussi
    pratiquer
    la religion protestante: pourtant, elle semblait être une bonne personne. Ce constat érodait certaines de ses certitudes.

    *****
Elles tenaient à peine dans le lit étroit, allongées toutes les deux sur le dos, collées l’une { l’autre de la cheville à l’épaule. Thalie murmura, afin de ne pas déranger les dormeurs dans les autres pièces :
    — Demain soir, tu pourras occuper la chambre de Mathieu. Cette nuit, si l’une de nous bouge, l’autre se retrouvera par terre.

    — Comme je suis l’autre, je coucherai sans doute sur le tapis.
    Elle rit doucement à cette pensée.
    — Ce n’est pas grave, ajouta-t-elle bien vite. Cela me donne l’impression d’avoir une petite sœur. La nouveauté de la chose est attrayante.
    Son amie chercha sa main, la serra légèrement. Après un nouveau silence, Thalie demanda :
    — As-tu vu les yeux de mon frère ? Une si grande tristesse marque son regard.
    — Le mien a exactement le même air hébété. Ils ont

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