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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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détails. Nous saurons trouver toutes les solutions, si tu réponds par l’affirmative.
    — Je. . je ne sais pas comment je vivrais sans toi. Bien sûr, parfois nous ne sommes même pas dans la même ville, et quand tu es à Québec, nous passons souvent plusieurs jours sans nous voir. Mais le simple fait de savoir que tu existes, que je serai bientôt en ta présence, me rassure.
    — Tu n’as pas répondu. Veux-tu unir ta vie à la mienne ?

    Elle demeura songeuse un moment, tout en serrant ses doigts.
    — Oui. . risqua-t-elle. Tout en voulant conserver mon magasin, mon travail. Ma sécurité, en fait. Mais songe à cela : un député marié à une boutiquière, cela fera jaser.
    — Nous faisons déjà jaser. Si les grenouilles de bénitier discutent entre elles d’un mauvais mariage, cela porte moins à conséquence que de les voir évoquer notre relation actuelle, tu le sais bien.
    Une totale discrétion demeurait impossible. Au fil des mois, tout le monde, à Québec, devait les avoir vus ensemble.
    — Tu voudras peut-être m’empêcher de continuer, murmura-t-elle encore. Pas tout de suite peut-être, mais dans un an ou deux. .
    — Tu sais, les veuves inactives et dociles ne manquent pas. Si je propose le mariage { une marchande, c’est parce que je préfère cela. Nous faisons tous les deux notre travail, et nous nous retrouvons ensuite avec plaisir. Nous continuerons la même vie.
    La perspective de ne plus être seule se révélait séduisante, d’autant plus que les enfants quittaient le nid avec un bel ensemble. Une dernière inquiétude travaillait Marie.
    — Tu ne voudras pas m’emmener vivre ici ?
    — Quand nous nous retirerons tous les deux, pourquoi pas ?
    D’ici l{, je passerai mes étés ici afin de cultiver mes relations avec les électeurs, je reviendrai régulièrement pendant la session parlementaire pour la même raison.
    Je ne changerai rien à cela aussi longtemps que je serai député.
    — À Québec, tu vivrais. .
    — Chez toi, à moins que tu préfères me voir demeurer encore { la maison de chambres de la rue d’Auteuil.

    Bien sûr, cela paraîtrait un peu original, mais un arrangement de ce genre ne ferait vraiment sourciller personne.
    Le politicien poussa un peu plus loin son avantage :
    — Comme Mathieu est maintenant âgé de vingt et un ans, tu pourrais aussi mettre le magasin à son nom. Comme cela, même si je voulais me mêler de tes affaires, je ne le pourrais plus.
    — Le commerce sera partagé entre lui et Thalie.
    — Bien sûr, mais elle sera majeure dans deux ans seulement.
    Un silence un peu lourd s’installa entre eux. A la fin, l’homme n’y tint plus et demanda :
    — Acceptes-tu ?
    — . . Je veux d’abord en parler aux enfants. Mais je désire de tout mon cœur accepter.
    Paul se carra dans son fauteuil de rotin, attira la main de sa compagne afin d’y poser les lèvres. Ils demeurèrent une bonne heure sans rien ajouter, la main dans la main.

    *****
La semaine s’achevait sans mauvaise surprise. Mathieu jouait son rôle de chef de famille avec discrétion. La caisse résonnait avec une rassurante régularité. L’affluence des touristes plaçait les commerçants de la Haute-Ville dans une position avantageuse, comparés à ceux de la Basse-Ville.
    Le samedi après-midi, la sonnette résonna pour la centième fois peut-être. En levant les yeux, Mathieu reconnut un jeune homme. Il quitta le comptoir pour s’approcher du nouveau venu.
    — Je veux voir Françoise, annonça ce dernier. Cela ne prendra qu’une minute.

    — Je me doutais bien que vous ne veniez pas ici pour moi.
    Le marchand tendit la main en précisant :
    — Je m’appelle Mathieu Picard.
    L’autre hésita un instant, puis accepta de la serrer. Le doigt manquant lui fit une impression curieuse.
    — Gérard Langlois.
    — Quand nous nous croiserons de nouveau, le plus simple sera de nous saluer. Vous trouverez Françoise { l’étage.
    Le visiteur regarda son interlocuteur regagner son poste de travail, puis il s’engagea dans l’escalier. La jeune fille se tenait près d’une fenêtre, dans l’attente de se rendre utile.
    Elle vint vers lui avec un sourire hésitant.
    — Tu veux toujours venir au cinéma ce soir ?
    — Oui, bien sûr. Tu sembles. . bizarre.
    — Il vient de me tendre la main et de se présenter à moi.
    — Comme cela. . sans raison?
    L’intrus secoua la tête de haut en bas.
    — Alors, { tout { l’heure.
    Pâle, songeuse, elle le salua d’un

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