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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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raison, murmura-t-elle. Vous serez bien seul dans cette grande maison.
    — C’est vrai. Mais j’aurai de quoi m’occuper: surveiller les ouvriers, former un clerc et recevoir les clients.
    L’homme se pencha pour embrasser la joue de Charles.
    Discrètement, en même temps, il passa sa main sur le flanc de la jeune femme.
    —
    Mais je m’ennuierai tout de même de ceux que j’aime.
    L’affirmation, assez floue, pouvait englober la jeune femme.
    — Vous viendrez nous rejoindre vendredi.
    — Plus probablement samedi matin. Mais j’irai, sois-en certaine.
    Sur cette assurance, la domestique monta { l’arrière.
    Quand les véhicules se mirent en route dans un nuage sentant l’essence brûlée, Fernand fit un signe de la main, en guise de dernier au revoir. Seule Eugénie ne lui répondit pas.

    Chapitre 14

    Marie revint à la maison le dimanche 20 juillet, ravie de son séjour à Rivière-du-Loup. Pour la circonstance, Mathieu quitta sa chambre et passa la soirée dans la maison paternelle.
    Au moment de passer à table, Françoise rougit un peu en disant :
    — Je suis désolée, mais je dois sortir. Une invitation. .
    Elle faisait en sorte d’éviter le regard du garçon de la maison.
    — En réalité, commenta son hôtesse, cela fait mon affaire. Je voulais parler d’abord { ces deux-là. Et quand tu reviendras, j’aimerais aussi te voir en privé. Si je suis couchée, viens dans ma chambre.
    La jeune fille donna son accord d’un signe de la tête, puis elle s’esquiva. Une demi-heure plus tard, après le premier service, Thalie n’y tint plus :
    — Quel mystérieux sujet mérite la tenue d’un conseil de famille ? Je ne pensais pas que nous avions des cachettes pour Françoise.
    — Ce ne sont pas des cachettes, car je dois aborder le sujet avec elle tout à l’heure. Je voulais vous donner la chance de parler librement.
    Comme elle s’arrêtait un peu trop longuement, Mathieu insista :

    — Alors, tu vas nous le dire ?
    La maîtresse de maison fit signe à Gertrude de demeurer assise. Par souci de discrétion, celle-ci s’apprêtait { se retirer dans la cuisine, quitte ensuite à coller son oreille contre la porte afin de ne rien manquer.
    — Paul m’a demandée en mariage.
    Les autres échangèrent des regards amusés.
    — Ce n’est pas la première fois, remarqua le garçon. Tu as déjà refusé.
    — Il m’assure que je pourrai demeurer propriétaire du commerce. Je ne sacrifierai pas mon indépendance, selon lui.
    Surtout, tout cela vous appartiendra un jour, je veux en être bien certaine.
    Elle s’interrompit, puis demanda { son fils :
    — Tu crois que c’est possible, un contrat de mariage de ce genre ?
    — Je ne suis pas spécialiste de ces questions, loin de là.
    Mais je suppose que oui.
    — S’il existe des doutes { ce sujet, je préférerais vous céder le commerce à tous les deux tout de suite. Alfred et moi avons construit cette entreprise ensemble, elle vous reviendra.
    De la main, elle désigna la pièce, et par extension l’ensemble du bâtiment.
    — Ce genre d’arrangement ne le rebute pas ? interrogea Thalie.
    — Il a exactement la même attitude { l’égard de ses propres biens. Tout ira à ses filles.
    Les deux enfants se consultèrent du regard.
    — Accepte, murmura le garçon à la fin.
    — Oui, renchérit sa sœur. Vous vous entendez bien, il paraît respectueux de tes intérêts.
    La mère les contempla un moment.

    — Je m’en doutais, conclut-elle. Comme vous me quittez tous les deux, sa demande en mariage doit vous soulager.
    Vous voilà débarrassés de moi.
    Elle regretta ses mots tout de suite. Heureusement, Mathieu choisit de sourire.
    — Tous les enfants quittent leur maman un jour ou l’autre, c’est inéluctable. Tu as le choix entre devenir une vieille dame aigrie { quarante ans, ou t’engager avec un amoureux.
    — Souviens-toi que nous aurons plus de plaisir à visiter une personne heureuse qu’une jeune vieille acariâtre, précisa sa fille.
    Marie rougit un peu avant d’admettre :
    — Vous avez raison tous les deux. Je m’excuse.
    — Bien sûr, personne ne veut connaître mon avis.
    La voix bourrue de Gertrude amena un sourire contraint sur le visage de la maîtresse de maison. Elle redoutait un peu la réaction de la vieille domestique à la langue bien pendue.
    — Bien sûr. Que penses-tu de ce projet ?
    — J’ai passé mon temps { vous encourager dans cette histoire. Il cessera de traverser la cuisine quand il

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