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Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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contenant qu’un index des noms d’auteurs publiés par la revue et un adieu du rédacteur en chef, Richard Bowler.
    Dans l’index, Gallway était le seul auteur dont le nom commençait par G, mais à lui seul il occupait cinq lignes. Le Boston Literature Guide avait publié des textes d’Allen Roy dans le numéro de décembre 1923 donc, puis à partir de 1925, un par an, dix textes dont l’index ne donnait pas les titres, mais chacun d’eux occupait plusieurs pages. Ces chiffres, année après année – ainsi en 1929 : p. 31 à p. 97 – repéraient d’une manière abstraite les étapes de la carrière d’Allen Roy Gallway.
    Richard Bowler avait d’abord envoyé le dernier numéro du Boston Literature Guide à l’adresse new-yorkaise d’Allen Roy Gallway, 7 Bedford Street. Il connaissait ce grand appartement qu’Allen avait fait aménager après le succès de son deuxième roman : L’autre côté de l’Océan. Une vaste pièce au troisième étage d’un petit immeuble de Greenwich Village, servait à Allen de bureau et de salon. Le sol et les sièges étaient toujours recouverts de journaux, de papiers et de livres. Pour s’asseoir, il fallait retrouver sous leur amoncellement les fauteuils et le canapé. Au milieu de la pièce, un escalier de bois en colimaçon permettait d’accéder au quatrième étage, un autre appartement en fait, composé de deux chambres, d’une salle de bains, d’une cuisine et d’une terrasse. La première fois que Bowler – il n’était encore que rédacteur en chef adjoint du Boston Literature Guide – s’était rendu au 7 Bedford Street, Allen Roy l’avait pris par le revers de la veste, le secouant en riant : « Richard, Richard, tout – il montrait l’appartement – je te le dois. » « Tu as appris seulement à jouer », répondait Bowler.
    C’était l’année 28. Une chaleur à faire fondre l’asphalte. Allen aspergeait d’eau le sol de la terrasse et les flaques séchaient en quelques minutes. « Tu travailles à un nouveau ? » interrogeait Bowler. Ils redescendaient dans le bureau, Bowler s’approchant de sa machine à écrire. Une feuille était engagée, raturée. L’éditeur voulait frapper un nouveau coup, vite, après le succès du roman. « Méfie-toi de l’élan, disait Bowler, l’élan, pour un écrivain, c’est le danger numéro un, et la répétition le numéro deux. »
    — Je ne sais plus faire que ça, disait Allen.
    Il agitait ses doigts au-dessus du clavier de la machine. Il enlevait la feuille, ajoutait : « tu vas reconnaître » et commençait à lire. Simple, dru, droit, autobiographique. Bowler reconnaissait la vie d’Allen, Jim, Allenby, mais pliée par l’imagination à la loi du roman. Bowler avait envie de rire comme à chaque fois qu’il lisait ou entendait un bon texte.
    —  O.K . Dosto, disait-il, O.K .
    Pendant trois ans, ils s’étaient vus régulièrement, Bowler avait pris en main le Boston Literature Guide. La mort de son père lui permettait d’investir des capitaux, de traverser le plus fort de la crise économique, d’appuyer Allen car la revue avait désormais une large audience. Bowler y secouait les habitudes, sollicitait Allen afin qu’il publie ses premiers reportages.
    « Un genre littéraire s’affirme, avait écrit Bowler, quand des auteurs, tel Allen Roy Gallway, qui ont acquis la notoriété décident d’y appliquer tout leur talent. »
    Mais c’était un tournant pour la revue. Les textes d’Allen sur les chômeurs de Chicago ou les paysans chinois heurtaient le conservatisme des abonnés de la côte Est. L’engagement de Bowler et d’Allen aux côtés du Parti démocrate, leur campagne en faveur de Roosevelt à la présidence des États-Unis, brisaient l’équipe de la revue, la mettaient en difficulté financière. L’un des actionnaires, Colby, un banquier de Boston, se retirait et condamnait l’entreprise.
    Bowler avait griffonné une phrase en travers de la couverture du dernier numéro qu’il expédiait à Allen, 7 Bedford Street : « Sabordage, un homme à la mer, trouve-moi un bateau, si tu peux. Bye Bye Dosto. Richard Bowler. »
    Quelques jours plus tard, Bowler apprenait par le New York Herald Tribune qu’Allen Roy Gallway séjournait en Europe. En page 2, au-dessous du titre, Black Berlin, Berlin noir, en caractères gras. Bowler lut : «  Allen Roy Gallway dont le « New York Herald Tribune » a publié il y a deux ans plusieurs

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