Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
hors le royaume depuis quelque
temps ; ayant emmené leurs femmes et la meilleure partie de
leurs effets, tant en marchandises qu’en argent.
    « Item à ceux et à celles qui savent et
ont connaissance de ceux qui ont favorisé leur sortie, soit en
aidant à voiturer leurs meubles, et effets, tant de jour que de
nuit, ou avoir donné retraite, prêté chevaux et charrettes pour les
emmener et généralement tous ceux et celles qui, des faits
ci-dessus circonstances et dépendances, en ont vu, su, connu,
entendu, ouï dire ou aperçu quelque chose, ou y ont été présents,
consenti, donné conseil ou aidé en quelque manière que ce soit.
    « À ces causes nous mandons à tous,
expressément, enjoignons de lire et publier par trois jours de
demandes consécutives, aux prônes de nos grands messes paroissiales
et dominicales, et de bien avertir ceux et celles qui ont
connaissance des dits faits ci-dessus,
qu’ils aient à en donner
déclaration à la justice
, huitaine après la dernière
publication,
sous peine d’encourir les censures de l’Église et
d’être excommuniés
. »
    On comprend combien il était difficile aux
huguenots qui fuyaient de trouver quelqu’un qui osât leur donner
asile ou même une assistance quelconque ; la terreur était si
grande que le fugitif Pierre Fraisses, par exemple, vit sa mère
elle-même refuser de le recevoir et fut obligé de revenir sur ses
pas. Jean Nissoles échoue une première fois dans son projet
d’émigration, il est enfermé à la tour de Constance, d’où il
s’échappe avec un de ses compagnons nommé Capitaine. Mais en
franchissant la muraille de clôture, il tombe, et se déboîte les
deux chevilles. Capitaine se rend chez quelques huguenots du
voisinage
qu’il connaissait
, pour leur emprunter un cheval
et une voiture, afin d’emmener le blessé ; ceux-ci lui
demandent
s’il veut leur mettre la corde au cou ;
et
le menacent de le
dénoncer
s’il ne se retire au plus vite.
Par aventure il finit par trouver dans un pâturage une monture pour
Nissoles. Dans des métairies où passent les fugitifs, les habitants
que connaît
Capitaine et qu’il dit être de la religion,
non seulement ne veulent pas leur donner asile, mais
refusent
même de leur montrer leur chemin
.
    Dans un village où les malheureux arrivent
exténués,
on les refuse partout
 ; seule une
demoiselle les accueille et fait conduire Nissoles chez un homme
sachant
rhabiller les membres rompus
. Comme on ne croyait
pas le blessé
tout à fait en sûreté
chez ce rhabilleur ou
rebouteux, il est mis chez une veuve en pension, et il doit encore,
pour sa sûreté, changer trois ou quatre fois de maison. À peu près
remis, il s’arrête deux jours chez un ami, puis se rend à Nîmes
chez des parents qui le mettent dans une maison isolée, n’osant le
loger chez eux,
de peur de se faire des affaires.
Voyant
ses parents
dans des frayeurs mortelles
, il se décide à
rentrer chez lui à Ganges.
    Un parent, à Saint-Hippolyte, lui donne un
cheval pour le porter, et un garçon pour le conduire, avec une
lettre pour son frère. Celui-ci refuse le couvert au pauvre
Nissolles, disant que son frère devrait avoir honte de lui envoyer
un fugitif,
pour le faire périr lui et sa famille
. Le
guide de Nissolles ne veut pas le mener jusqu’à Ganges, et le
laisse dans une métairie, à deux mousquetades de la ville. Obligé
de faire la route à pied, malgré la difficulté qu’il éprouve à
marcher, Nissolles arrive dans une étable à porcs, dépendant de sa
propriété, s’étend dans l’auge où mangeaient les pourceaux, et,
épuisé de fatigue, s’endort profondément,
comme s’il eût été
couché dans un bon lit
, dit-il. Les dragons étaient dans sa
maison ; dès qu’ils sont couchés, sa femme vient le chercher
et le cache dans un magasin, si humide qu’il ne peut y rester que
quelques jours. On le met alors dans un autre endroit, si bas qu’il
ne pouvait y être à l’aise que couché, de là il entendait les
dragons pester et jurer et, pour peu qu’il eût toussé ou craché un
peu fort, il eut été découvert.
    Quand un huguenot, pour gagner la frontière,
se décidait à entreprendre un long et périlleux voyage de
cinquante, parfois de cent lieues, voyage fait de nuit, sans suivre
jamais les grandes routes, il lui fallait nécessairement trouver un
guide, lequel était toujours suspect, puisque l’appât du gain lui
faisait seul braver la chance des galères ou de la

Weitere Kostenlose Bücher