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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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vous avais pas
mandé les intentions du roi sur le mémoire qu’a envoyé ici le sieur
de Marillac, concernant les nouveaux convertis qu’on a surpris
retournant dans les temples : « Pour y satisfaire, je
dois vous faire savoir que Sa Majesté désire
qu’on ne fasse pas
de distinction
de ceux qui y sont retournés, disant qu’ils
veulent vivre dans la religion protestante d’avec ceux qui
prétendent n’y avoir été que
par curiosité ou pour parler à
leurs amis
, et sans dessein de changer, et qu’il faut que
les uns et les autres
soient châtiés suivant ce qui est
porté à la déclaration qui pèse les peines
des
relaps
. »
    Arnould, intendant de la Rochelle, pour
arriver à faire fermer plusieurs temples, se servait d’une nouvelle
convertie qu’il envoyait assister aux prêches. Ce sont les services
rendus à la cause
de la religion
par cette femme que
Bégon, intendant de Rochefort, invoquait pour demander au roi
d’accorder un secours à cette personne si méritante :
M. Arnould, écrivait-il, « s’est utilement servi de Marie
Bonnaud, pendant les années 1684 et 1685, pour trouver des preuves
de faits suffisants pour parvenir à la démolition des temples, et
c’est par son moyen, que celui de la Rochelle et plusieurs autres
ont été détruits au mois d’octobre 1685. »
    Avec le désordre régnant dans l’œuvre des
conversions, on comprend combien était grand le nombre des
relaps
, vrais ou prétendus, dont la présence au prêche
suffisait pour provoquer la démolition des temples et
l’interdiction des ministres.
    Il n’est donc pas surprenant que, sous
prétexte d’infractions aux édits, on fût arrivé à réduire dans une
proportion considérable les lieux d’exercice et que le nombre des
temples, qui avait été de 760 en 1598, fût descendu en 1684 à 50 ou
60.
    À ce moment l’évêque de Lodève disait :
« La condamnation des ministres, la démolition des temples est
le plus sûr moyen d’humilier la religion prétendue réformée et de
la
finir
en France.
Il n’y a qu’à laisser faire le
roi
qui est conduit par l’esprit de Dieu, et avant peu de
temps, nous aurons la consolation
de ne plus voir qu’un
autel
dans l’État. »
    Par suite de ces fermetures multipliées de
temples, les huguenots venaient de fort loin en troupes aux temples
encore debout, menant avec eux leurs enfants qu’ils voulaient faire
baptiser et qui parfois mouraient gelés en route sur le sein des
mères.
    Un édit défend aux temples survivants d’avoir
un plus grand nombre de ministres que par le passé et pour éviter
l’affluence du peuple dans les lieux d’exercice et le
scandale
causé par le passage des huguenots se rendant à
des temples éloignés, ordonne qu’à l’avenir « les protestants
ne pourront plus aller aux temples qui se trouveraient dans les
baillages ou sénéchaussées où ils n’ont pas leur principal
domicile, et n’ont pas fait leur demeure ordinaire pendant un an
entier sans discontinuer ». Là, où ils auront été soufferts,
ajoute l’édit,
l’exercice sera interdit et le temple sera
démoli
.
    Cette clause peut donner une idée de la
multiplicité des moyens employés pour amener la fermeture des
temples ; quant aux ministres, on les interdisait sous les
plus vains prétextes ; ainsi Brevet, ministre à Dampierre, fut
interdit pour avoir fait la prière à un malade qui, au dire du curé
du lieu,
avait l’intention
de se convertir. Cette lettre
de Louvois à Baville suffit pour montrer avec quelle
impartialité
le gouvernement devait décider du bien ou mal
fondé des contraventions aux édits, invoquées pour obtenir la
fermeture ou la démolition d’un temple : « Sa Majesté
trouve bon que vous travailliez incessamment à faire le procès aux
temples de…
et elle apprendra avec beaucoup de plaisir qu’il se
soit trouvé de quoi les condamner
. »
    Les intendants s’ingéniaient à trouver les
moyens de
faire plaisir au roi
, et, dans ses mémoires,
Foucault se fait gloire d’avoir trouvé un expédient de la plus
insigne mauvaise foi pour arriver à supprimer, dans tout le Béarn,
l’exercice du culte protestant.
    « Je fis voir au roi, dit-il, qu’il y
avait un trop grand nombre de temples et qu’ils étaient rapprochés
les uns des autres,
qu’il suffirait d’en laisser cinq
.
J’affectais de ne laisser subsister justement, au nombre des cinq,
que des temples dans lesquels les ministres étaient tombés dans

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