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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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des
contraventions
qui emportaient la peine de la démolition
,
dont la connaissance était renvoyée au Parlement, en sorte que, par
ce moyen,
il ne devait plus rester de temples en
Béarn
. » En attendant la décision du Parlement, Foucault
proposait d’obliger les ministres des autres temples
supprimés
comme superflus
, à s’éloigner de
dix lieues
de leur
résidence, ce qui les chasserait de la province, attendu,
disait-il, que le Béarn
n’a que onze lieues de long sur sept à
huit de large
.
    Les évêques poursuivaient le même but avec
autant d’ardeur que les intendants, et n’avaient pas plus de
scrupules que ceux-ci sur la moralité des moyens à employer pour
arriver à ce but.
    Voici, par exemple, comment l’évêque de
Valence parvint à supprimer dans son diocèse l’exercice du culte
protestant : « J’attaquai, dit-il, les temples qui
avaient contrevenu, et j’obtins le rasement de plusieurs. Je fus si
heureux
que, dans moins de deux ans, de quatre-vingts
temples que j’avais dans les diocèses de Valence et de Dié, il n’en
restait qu’environ
dix ou douze
. Quand je fus à
l’assemblée (en 1683) je n’en avais plus que
deux
. Le
Tellier
m’en donna un
, qu’il fit juger dans le conseil, et
je suppliai si puissamment Sa Majesté de
m’accorder
l’autre
, que je l’obtins de sa piété et de sa bonté ; de
sorte que, avant la révocation de l’édit de Nantes, je me
glorifiais fort
d’avoir détruit l’exercice des temples dans mon
diocèse
. »
    C’est
dans l’intérêt de la justice
que cet évêque réclamait la destruction du dernier temple existant
dans son diocèse « parce que, disait-il au roi, ce temple se
trouve si
fatalement situé
, qu’il fait, lui seul, rétablir
et subsister tous les temples qui ont été démolis par vos ordres et
vous rendez ainsi l’exercice à tous les lieux qui en ont été
privés, d’une manière
qui leur est aussi
commode
. »
    Ces gracieusetés de ministre et de roi à
évêque avaient pour résultat de réduire au désespoir des milliers
de protestants arbitrairement privés de tout exercice de leur
culte.
    Dès 1683, plus de cent mille protestants, par
suite des fermetures de temples et des interdictions de ministres,
se trouvaient, sinon légalement, du moins
en fait
, privés
de l’exercice public de leur culte.
    À l’instigation de Brousson, avocat toulousain
qui plaidait avec passion la cause des temples menacés, seize
pasteurs du Languedoc, du Vivarais, du Dauphiné et des Cévennes se
réunissent à Toulouse le 3 mai 1683. La réunion décide que, à un
jour donné, l’exercice du culte sera repris partout où il a été
aboli, soit sur les ruines des temples démolis, soit à côté des
temples qu’on a fermés. C’était l’organisation de la résistance
passive
que les seize directeurs justifiaient ainsi dans
une adresse à Louis XIV : « Les déclarations que les
ennemis des suppliants ont obtenues avec tant de surprise, leur
défendent de s’assembler pour rendre à Dieu le service qu’ils lui
doivent. Dans l’impuissance où les suppliants se trouvent, Sire,
d’accorder la volonté de Dieu avec ce que l’on exige d’eux, ils se
voient contraints par leur conscience de s’exposer à toutes sortes
de maux pour continuer de donner gloire à la souveraine majesté de
Dieu qui veut être servie selon sa parole. »
    Brousson n’avait pas dissimulé à ses
co-religionnaires que, par suite de cette résolution, il y aurait
des martyrs, « mais, ajoutait-il, dix ou vingt personnes
n’auront pas plutôt souffert la mort et scellé de leur propre sang
la vérité de la religion qu’elles professent que le roi ne jugera
pas à propos de pousser la chose plus loin,
pour ne pas faire
une grande brèche à son royaume
. »
    Malheureusement la grande majorité des
protestants avait accepté la doctrine de l’obéissance absolue aux
ordres du roi
quels qu’ils fussent
, et n’était pas en
disposition de suivre ces mâles conseils, en sorte que les
assemblées furent peu nombreuses, et que ceux qui avaient désobéi
aux édits se virent hautement désavoués par leurs
co-religionnaires.
    Ruvigny, député général des protestants,
lui-même, qualifie de
criminelle
la conduite de ceux qui
avaient repris l’exercice de leur culte et avaient ainsi commis une
offense
envers Dieu lui-même
, en violant le respect dû au
roi et à ses édits. Il traduisait du reste les sentiments des trop
nombreux

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