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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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les
huguenots eurent à subir, aussi bien avant qu’après la révocation,
fut celle des enlèvements d’enfants, soit que ceux-ci fussent
censés avoir le désir de se convertir, soit même que, par un
baptême subrepticement donné l’Église se les fût appropriés.
    Fléchier expose ainsi cette étrange théorie de
l’appropriation par le baptême :
« Un Israélite
converti, se trouvant seul dans une maison avec un petit juif, il
le baptisa, avec l’intention de croire et faire croire ce que
l’Église croit et fait en pareille rencontre.
L’enfant ne sait
pas ce qu’il est
, ses parents n’ont pas consenti ni été
consultés en cette occasion ; cependant, quoi qu’il soit dans
la synagogue, il ne laisse pas
d’appartenir à l’Église

Votre Excellence sait mieux que moi, le parti qu’il y a à
prendre. »
    Ce parti, c’était de l’enlever à ses parents,
et, en le faisant élever dans la religion catholique, de le rendre
à l’Église, à laquelle il appartenait
sans le savoir.
    En vertu de ce prétendu droit d’appropriation,
quiconque a reçu le baptême, peut être,
vivant ou mort
,
réclamé par l’Église comme catholique ; c’est ainsi que,
récemment elle réclama le corps de Léon Gozlan qu’elle enterra
chrétiennement au cimetière Montmartre, bien que ce fils
d’Israélite fût mort, sans que personne se doutât qu’il eût jamais
été baptisé.
    « Tout le monde le croyait juif, dit
Philibert Audebrand ; le jour même du décès
la veillée des
morts fut faite par un rabbin ;
mais, durant la nuit qui
suivit, on découvrit dans ses papiers que sa mère ; catholique
elle-même,
l’avait fait baptiser
 ; à la Suite de
cette révélation tout à fait inattendue,
l’Église le réclame à
la synagogue
. »
    De nos jours l’affaire du petit Mortara enlevé
à ses parents et élevé,
malgré eux
, dans la religion
catholique, et cela dans la capitale du monde catholique, a montré
que l’Église était toujours fidèle à la doctrine d’appropriation
par le baptême, soutenue au XVII e siècle par
Fléchier.
    La victime de cet enlèvement, le petit juif,
devenu le révérend père jésuite Mortara, défendait ainsi lui-même,
en 1879, le droit de l’Église, droit antérieur et supérieur à celui
du père de famille :
    « 
Baptisé
,
à l’âge de deux
ans,
disait-il,
inarticulo mortis ; j’appartenais à
l’Église
, qui avait le droit et le devoir de me donner une
instruction conforme au baptême que j’avais reçu. »
    Que diraient un père ou une mère catholique,
si un juif ou un mahométan venait leur dire : « J’ai
enlevé votre enfant de force, comme l’a été le petit Mortara, ou je
me suis trouvé seul avec lui – comme le converti avec le petit juif
de Fléchier et
je l’ai circoncis ;
de ce moment, il a
appartenu à la synagogue ou à la mosquée, qui a le droit de le
garder pour lui donner une instruction conforme à la circoncision
qu’il a subie. » Avec cette doctrine que l’Église, par un
baptême, même forcé ou clandestin, peut s’approprier un enfant, que
devient le droit des pères de famille ?
    On comprend qu’en voyant les monarchistes
cléricaux, humbles serviteurs de l’Église, se poser aujourd’hui en
champions
des droits des pères de famille
, un républicain
de la vieille roche, défenseur de toutes les libertés sous tous les
régimes, M. Madier de Montjau, puisse s’indigner et
s’écrier : « Si quelque Danton survivait, en entendant
tomber de la bouche de ceux qui sont les héritiers des persécuteurs
violents du culte païen et de tous les cultes, autres que le
leur ; en entendant tomber de la bouche de ces hommes des
protestations au nom de la tolérance, de la liberté, des droits du
père de famille, de ceux qui applaudissent à la conversion des
jeunes Lovedas, du jeune Mortara, à la conversion d’un enfant
japonais, baptisé à Lyon à l’insu de ses parents, oui, Danton
s’écrierait :
Tant d’impudence à la fin commence à nous
lasser
. »
    Antérieurement à l’édit de Nantes, les
catholiques enlevaient souvent déjà les enfants huguenots pour les
baptiser. Élie Benoît cite l’exemple d’un père qui menait son
enfant au temple pour le faire baptiser, et auquel cet enfant fut
dérobé pendant qu’il menait son cheval à l’écurie, puis porté à
baptiser dans une église catholique, par une servante de
l’hôtellerie.
    L’article 17 de l’édit de Nantes dut

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