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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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En outre, s’il demande à me voir, c’est qu’il a quelque chose à me dire, non ?
    — Inutile d’invoquer le bon La Palice, sourit Adalbert en prenant la main de la vieille dame pour la baiser. Je vous offre mes excuses ! Et Aldo rentre ce soir ! Nous pourrons mettre tout cela à plat et accorder nos violons !…
    Mais ce soir-là, on l’attendit en vain.

CHAPITRE X
LE MÉDIUM
    Pourtant, il était arrivé à Paris comme prévu. Seulement, il s’était laissé entraîner à commettre une folie.
    Tandis qu’à peine débarqué de son train il traversait la gare de l’Est, il aperçut soudain Gilles Vauxbrun. Un instant il crut qu’il venait le chercher mais l’antiquaire ne s’intéressait pas au flot des voyageurs en provenance de Zurich. Le nez en l’air avec sa mine des mauvais jours, il consultait le panneau annonçant les départs. Il avait un imperméable sur le bras, tenait une serviette de cuir et une mallette de crocodile brun était posée à ses pieds. Donc il partait. Mais pour où ?
    En temps normal, Aldo fût allé droit le lui demander mais une idée lui traversa l’esprit : il cessa de voir provisoirement en lui l’un de ses plus vieux amis transformé en dragon gardien de trésor. Ce soir Vauxbrun ne tiendrait pas Pauline sous son regard jaloux. Avec un peu de chance, elle serait seule… Et lui, Morosini, rien ne l’obligeait à regagner Versailles dans l’immédiat puisqu’il avait déjà communiqué à Lemercier le succès de sa mission…
    Prenant bien soin de ne pas entrer dans le champ de vision de Gilles, Aldo le vit se détourner du panneau, faire quelques pas sur le front des trains alignés et de se décider pour le Strasbourg-Munich-Vienne dans lequel il grimpa finalement après avoir remis son billet au contrôleur du wagon-lit. Pas de doute : il partait et ne serait sans doute pas de retour avant deux jours au mieux.
    Heureux comme un collégien en vacances, Aldo, fermant les oreilles aux cris d’alarme de son ange gardien, sortit de la gare, sauta dans un taxi et se fit conduire au Ritz. Avant de porter ses pénates rue Alfred de Vigny lors de ses passages à Paris, il avait été un fidèle client de l’hôtel, où il revenait de temps en temps. On l’y connaissait donc et il fut reçu avec la respectueuse familiarité réservée aux habitués. Il eut une chambre sans le moindre problème à cela près que ce n’était pas sa préférée :
    — Nous l’avons donnée, lui expliqua le réceptionniste, à une dame américaine qui a beaucoup insisté pour l’avoir et comme elle est, elle aussi, une habituée de la maison…
    — Pourquoi voulait-elle justement cette chambre ?
    — Monsieur le prince lui aurait dit que c’était celle qu’il choisissait toujours et comme Monsieur le prince n’était pas à Paris…
    — En ce cas, mon cher ami, il ne vous reste plus qu’à me confier le nom de cette dame ?
    La réponse fut ce qu’il espérait :
    — Mrs Pauline Belmont. D’ailleurs la voici.
    Pauline faisait en effet son entrée, vêtue d’une robe du soir noire, asymétrique et entièrement pailletée sous un ample et léger manteau de satin blanc. Trois étoiles dans ses cheveux de jais et des girandoles en diamants tremblant contre son cou composaient sa parure visible, ses mains et ses bras étant cachés sous les longs gants de satin. Le sourire aux lèvres, elle rejoignit un couple d’un certain âge qui l’attendait visiblement. Le contact fut très américain : joyeux et volubile. Les deux femmes s’embrassèrent et il fut évident pour Aldo qu’ils allaient sortir pour dîner quelque part. Affreusement déçu, il hésitait entre oser se présenter à eux ou monter dans sa chambre quand Pauline se détourna : elle avait oublié de remettre sa clef au portier. C’est alors qu’elle vit celui qui la regardait sans rien dire et ses yeux s’illuminèrent soudain :
    — Vous ? Mais comment êtes-vous ici ? Pourquoi ne m’avez-vous pas prévenue ? dit-elle précipitamment en lui tendant les mains.
    — C’est vraiment fortuit. J’arrive de Zurich et en débarquant gare de l’Est j’ai vu Gilles grimper dans un train, la mine farouche. Lui ne m’a pas vu, alors j’ai pensé qu’au lieu de rentrer à Versailles, nous pourrions passer une soirée ensemble… sans témoins ! Malheureusement…
    — Non. Ce n’est pas grave ! Ce sont d’anciens et chers amis que je ne peux abandonner parce qu’ils repartent demain.

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