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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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L’ouverture ronde du puits se trouvait seulement à quinze pieds.
    « La voie est libre ? chuchota Barak en bas du mur.
    — On dirait. Toutes les lumières sont éteintes.
    — Pas de chiens ?
    — Je n’en vois pas. » Je n’avais pas pensé à cela, mais il y avait de fortes chances pour qu’une maison riche comme celle-ci fût gardée par des chiens la nuit.
    « Jetez deux pierres avant de sauter. Tenez. » Je sentis qu’il me déposait les petits galets dans la main. C’était donc pour cetteraison qu’il les avait ramassés. Je m’assis et en lançai un dans le jardin. Il rebondit sur le couvercle du puits avec un bruit qui eût fait accourir et aboyer n’importe quel chien de garde — rien ne se produisit.
    « C’est bon, chuchotai-je — Alors sautez, je vous suis. »
    Je glissai les autres galets dans ma poche, pris mon courage à deux mains et atterris sur la pelouse. Le choc se répercuta douloureusement dans mon dos. Je m’appuyai contre le mur, conscient qu’à présent j’étais pris au piège et que, en cas d’imprévu, j’aurais du mal à franchir à nouveau ce mur tout seul. J’entendis un raclement lorsque Barak se laissa tomber à côté de moi. Il regarda tout autour de lui, aussi méfiant qu’un chat.
    « Montez la garde pendant que j’ouvre ce puits », me souffla-t-il.
    Il s’en approcha à grandes enjambées et posa sa besace sur le sol. J’entendis un léger cliquetis lorsqu’il sortit des outils. Je me dirigeai vers l’abri offert par le grand chêne et m’assis sur le banc qui se trouvait dessous, m’efforçant de réfréner les battements de mon cœur et surveillant la maison obscure. Barak semblait savoir ce qu’il faisait. Les sourcils froncés, il introduisit dans le premier cadenas une tige de métal qui ressemblait à un outil de bijoutier. Combien de serrures avait-il déjà forcé sur ordre de Cromwell ? Lorsque le cadenas s’ouvrit, il le jeta sur le sol et s’attaqua à l’autre. Je regardai à nouveau la maison silencieuse et pensai à la vieille femme endormie ; aux deux filles, à sir Edwin, à Needler, le majordome. Qu’était-il arrivé dans le jardin ce fameux après-midi ? J’étais sur le banc où, d’après Sabine et Avice, elles avaient trouvé Elizabeth assise quand elles étaient sorties après avoir entendu crier Ralph. Elizabeth m’avait dit que si j’allais dans le puits, ce que je verrais ébranlerait ma foi. Je frissonnai.
    Barak grogna lorsque le second cadenas céda et me fit signe d’approcher. « Il va falloir que vous m’aidiez à soulever ça. C’est lourd.
    — Fort bien. » Au risque de respirer l’abominable puanteur que j’avais détectée lors de ma dernière visite, je l’aidai néanmoins à faire glisser la planche. Après l’avoir calée contre le mur, nous regardâmes au fond. Quelques rangées de briques étaient visibles, mais, au-delà, tout était obscur. Un courant d’air froid me fit frissonner et, de nouveau, je sentis l’odeur fétide de la décomposition.
    « Ça pue toujours autant, hein ? me souffla Barak.
    — J’ai l’impression que l’odeur est moins forte qu’avant. »
    Il se pencha et lança un galet dans le puits. J’attendis, mais je n’entendis aucun bruit. Barak me regarda. « On dirait qu’il a atterri sur quelque chose de mou. J’espérais que cela me donnerait une idée de la profondeur. Pourvu que l’échelle soit assez longue… » Il la tira de sa besace et la fixa d’une main preste à une tige de fer qui dépassait des briques, là où devait autrefois pendre le seau, puis il la laissa filer dans l’obscurité. Il prit une grande inspiration, se raidit et me regarda d’un air grave. L’intrépide appréhendait ce qu’il s’apprêtait à faire.
    « Criez si vous voyez quelqu’un bouger. Je ne voudrais pas être pris au piège au fond de ce trou.
    — Comptez sur moi.
    — J’ai des chandelles et un briquet à amadou, dit-il. Souhaitez-moi bonne chance.
    — Bonne chance. Et merci. »
    Il porta la main au col de sa chemise, ouvrit un bouton, et caressa son petit talisman. Enfin, il enjamba le rebord du puits et commença à descendre l’échelle. Le sommet de sa tête disparut comme si le puits l’avait avalé.
    Je me penchai et chuchotai aussi fort que je l’osai : « Tout va bien ? »
    Sa voix me revint, creuse et résonnante : « Oui. L’odeur devient plus forte. »
    Je regardai de nouveau la maison. Tout était toujours tranquille.
    « Je suis arrivé au

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