Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
était unie alors.
    — Peut-être le sera-t-elle à nouveau si nous mettons la main sur le feu grégeois. La marine du roi Henry pourrait brûler les flottes française et espagnole et les éliminer de la surface des mers. Alors, nous pourrions traverser l’Atlantique et nous emparer des colonies espagnoles.
    — Ne laissez pas votre imagination dériver », dis-je en lui lançant un regard froid. La façon dont il parlait de mettre le feu à des flottes entières me répugnait. N’avait-il pas vu les bûchers de Smithfield et constaté les ravages que le feu inflige aux êtres humains ? « Peut-être vaudrait-il mieux que cela n’arrive jamais. »
    Il pencha la tête, mais ne répondit pas. Quelques instants après, il se baissa, ramassa quelques galets qui séparaient les parterres de roses des allées, et les mit dans sa poche.
    « Que faites-vous ?
    — Ça peut toujours servir », répondit-il d’un ton sibyllin.
    La Tamise apparut, large et lumineuse sous la lune, piquetée par les lampes des bateaux. « Nous avons de la chance : il y a un bachot à quai. »
    Le fleuve argenté, que descendaient seulement quelques bachots transportant des agents de l’administration entre la Cité et Westminster, était paisible. Je regardai les petites lumières sur la rive droite et repensai à Chancery. Il était mort, et définitivement, car les animaux n’ont pas d’âme, mais cela valait mieux que d’aller en enfer, où la plupart des hommes doivent terminer leur périple, et moi aussi peut-être, qui sait. Lors de l’attaque du matin, je n’avais pensé qu’à ma survie et mon esprit avait été aiguisé par le danger. Je n’avais songé ni à prier ni à me demander ce qui arriverait après ma mort si je succombais. Était-ce pécher ? Je secouai la tête. Je n’en pouvais plus, mais je devais rester éveillé, l’esprit à l’affût. Le bateau toucha le quai à Downgate Steps avec un bruit sourd. Barak sauta sur la berge, me tendit la main, et nous nous dirigeâmes vers Walbrook.
    En arrivant devant chez sir Edwin, nous trouvâmes la maison plongée dans l’obscurité, les volets du rez-de-chaussée clos ; mais, à l’étage, on avait ouvert les fenêtres pour laisser entrer l’air. Barak tourna dans Budge Row, puis je descendis derrière lui une étroite ruelle qui empestait l’urine.
    « De l’autre côté de ce mur, il y a un verger qui jouxte le jardin des Wentworth, chuchota-t-il. Je suis venu en reconnaissance unpeu plus tôt. » Il s’arrêta à côté d’une porte en bois qui ne paraissait guère résistante. Il fit un pas en arrière et l’ouvrit d’un coup d’épaule : elle céda avec un craquement. Il entra sans attendre. Je le suivis dans un verger où deux formes pâles dans l’herbe haute me firent sursauter. Puis je me rendis compte qu’il s’agissait de deux cochons occupés à fouiller la terre. Ils détalèrent entre les pommiers en grognant. Je regardai la porte par laquelle nous étions entrés. À l’intérieur, il y avait un verrou que la poussée de Barak avait arraché du bois.
    « Nous avons commis une effraction, dis-je.
    — Chut ! siffla-t-il d’un ton furieux. Vous voulez que les passants nous entendent ? » Il referma soigneusement la porte, puis désigna le haut mur. « Vous auriez peut-être préféré grimper ? Allons, venez. »
    Je traversai le verger à sa suite, sursautant à nouveau en voyant une volée de poules s’enfuir en caquetant à notre approche. Barak se dirigea vers l’autre extrémité du verger, où se dressait encore un mur. Celui-ci, plus bas que le premier, avait peut-être sept pieds de haut. Barak me fit signe de m’approcher. Malgré sa mine vigilante, il avait l’air de s’amuser.
    « Le jardin est de l’autre côté. Si je vous fais la courte échelle, pourrez-vous vous y laisser glisser ? »
    Je levai des yeux perplexes vers le sommet du mur. « Oui, sans doute.
    — Fort bien. Allons-y. »
    Il s’accroupit, croisa les mains de façon à m’offrir un appui. Levant les bras, j’attrapai le haut du mur et posai un pied dans ses mains. Il le saisit fermement et me hissa. J’escaladai le mur tant bien que mal et me trouvai bientôt à plat ventre sur son sommet, regardant le jardin de sir Edwin en contrebas. Je clignai des yeux et jetai un coup d’œil rapide à l’entour. Au-delà de la pelouse et des parterres, l’arrière de la maison était aussi sombre que la façade. Toutes les fenêtres étaient fermées.

Weitere Kostenlose Bücher