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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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fond », dit la voix de Barak, qui se réverbéra sur les parois. Le puits devait avoir environ dix mètres de profondeur. « Je suis debout sur quelque chose de mou ! cria-t-il. Du tissu. Et autre chose, qui ressemble à de la fourrure. Pouah ! Je vais allumer la chandelle. »
    J’entendis un raclement et vis une brève étincelle dans les ténèbres, tout au fond, puis une autre.
    « Cette saleté ne veut pas s’allumer ! Attendez, j’y suis… oh, tudieu ! » Je fis un bond en arrière en entendant monter du puits son cri de stupéfaction. Au même moment apparut une lumière vacillante au premier étage de la maison.
    Je m’agrippai au côté du puits et, malgré la puanteur, me penchai. La chandelle de Barak s’était éteinte à nouveau. Je lançai : « Il y a de la lumière dans la maison. Remontez vite ! »
    Il joua frénétiquement des pieds et des mains pour se hisser hors du puits. Je regardai à nouveau la maison. La lumière s’était déplacée derrière la fenêtre voisine. Quelqu’un circulait avec une bougie. Nous avait-on vus ou entendus, ou était-ce simplementquelqu’un qui allait faire ses affaires ? L’extrémité de l’échelle de corde trembla tandis que Barak finissait rapidement son escalade. Je me penchai et tendis une main dans l’obscurité. « Tenez ! »
    Sa main dure saisit la mienne. Une douleur fulgurante me traversa le dos tandis que je l’aidais à sortir. Il enjamba la margelle comme s’il avait le diable à ses trousses et s’immobilisa à côté de moi, hors d’haleine, scrutant la maison. Il avait les yeux exorbités et ses vêtements dégageaient une odeur de chair pourrie. La chandelle était toujours là ; elle ne bougeait plus, mais brillait derrière l’une des fenêtres. Quelqu’un inspectait-il le jardin ? Nous étions à bonne distance de la maison, et en partie cachés par l’ombre de l’arbre. Mais la nuit n’était pas noire, à cause de la lune.
    « Allons, refermons ça », chuchota Barak d’un ton pressant. Il avait empoigné le couvercle du puits. « Ils ne nous ont peut-être pas vus. Si quelqu’un vient, on file ! »
    Nous replaçâmes la planche et Barak chercha à tâtons les cadenas qu’il avait jetés dans l’herbe. Il les remit en place avec la rapidité que procure une longue pratique.
    « Je ne vois plus la lumière ! soufflai-je.
    — C’est bon, j’ai presque fini. » Il referma le second cadenas avec un cliquetis et recula. À ce moment précis, j’entendis le grincement d’une porte qu’on ouvrait et je reconnus la voix de Needler qui criait : « Hé, qui va là ! »
    Barak tourna les talons et courut vers le mur. Je le suivis. Déjà, il s’était penché et avait placé ses mains en étrier. Je jetai un coup d’œil derrière nous. Il était malaisé de voir quoi que ce soit sur la pelouse et les parterres dans l’obscurité, mais je crus apercevoir des formes sombres dans l’embrasure de la porte. Puis j’entendis un aboiement rageur.
    « Des chiens ! sifflai-je.
    — Grimpez, pour l’amour du ciel ! » Je saisis le sommet du mur, posai mon pied dans les mains de Barak qui me hissa à nouveau et faillis basculer de l’autre côté. Ayant néanmoins réussi à me maintenir à califourchon sur le mur, je vis deux gros chiens noirs qui arrivaient ventre à terre ; ils n’aboyaient pas, mais fonçaient sur Barak avec une rapidité silencieuse et menaçante.
    « Vite ! »
    Il saisit le sommet du mur, s’aidant des aspérités des briques pour se hisser. Les chiens étaient presque sur lui. Derrière eux, j’entendis Needler qui arrivait. Alors, Barak poussa un cri. L’un des chiens, un gros bâtard, avait saisi sa chaussure et la tenait entre sesmâchoires avec des grondements de fauve. L’autre chien sauta dans ma direction. J’en perdis presque l’équilibre, mais réussis à me cramponner. Dieu merci, le mur était trop haut, et l’animal retomba sans m’avoir atteint. Il resta là, les pattes contre le mur, à aboyer furieusement.
    « Aidez-moi, pour l’amour du ciel ! » siffla Barak. Désorienté, j’hésitai une seconde avant de me souvenir des galets dans ma poche. J’en sortis un et le lançai entre les deux yeux de l’animal cramponné à son pied.
    Le chien poussa un cri de douleur, puis fit un bond en arrière. Il ne desserra son étreinte qu’un instant, ce qui suffit à Barak pour replier sa jambe. Il ne nous restait plus qu’à dégringoler dans l’herbe haute du verger de l’autre

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