Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
insistance lorsque j’eus terminé, le comte doit être prévenu au plus vite. »
    Il avisa la porte fermée de Cromwell. « Il n’est pas là. Il a été mandé à Hampton Court par la reine. Il a pris un bateau il y a une heure, et il est attendu ce soir à Westminster pour affaires avec le Parlement…
    — Où est le roi ?
    — À Greenwich.
    — Alors, nous irons à Hampton Court. » Barak s’écarta de la table, puis poussa un gémissement. Il serait tombé si je ne l’avaisretenu. Je le fis asseoir sur une chaise. Les yeux de Grey s’écarquillèrent.
    « Qu’a-t-il ? Regardez, son bras saigne. »
    Je vis que mon garrot s’était desserré et que le sang s’était remis à couler. Barak était d’une pâleur mortelle, de la sueur perlait à son visage. « Corbleu, j’ai froid », dit-il en frissonnant, tirant sur son pourpoint trempé.
    « Vous n’êtes pas en état d’aller à Hampton Court, dis-je et, me tournant vers Grey, je demandai : Le médecin du roi est-il ici ? »
    Il secoua la tête, tournant autour de Barak avec un empressement inquiet. « Le roi l’a renvoyé hier, lui et son assistant. Ils voulaient encore ouvrir l’ulcère de sa jambe et il les a chassés avec une volée de jurons, en leur lançant des coussins à la tête.
    — Alors il faut aller voir Guy, Barak, dis-je. Je vous emmène.
    — Non. Allez à Hampton Court. Laissez-moi ici.
    — Je crois que je vais me trouver mal moi-même. » Je me tournai vers le secrétaire. « Messire Grey, pouvez-vous faire porter un message incontinent à Greenwich ? Par quelqu’un de confiance, un homme fidèle à Cromwell ? »
    Il hocha la tête. « Si vous pensez que c’est préférable. J’enverrai le jeune Hanfold le porter.
    — Je me souviens de lui, dis-je avec un sourire amer. Il m’a jadis apporté de la Tour un message qui décidait du sort d’un monastère. Oui, envoyez-le. » Je pris une plume et écrivis à la hâte un court message à Cromwell. Grey apposa sur la lettre le cachet du comte et sortit de la pièce à pas pressés pour appeler Hanfold. Je regardai par la fenêtre le jardin trempé.
    « Que va faire Norfolk à présent ? demandai-je.
    — Il n’a encore aucun soupçon. Il faudra plusieurs heures avant qu’il ne commence à s’inquiéter de ne pas avoir reçu de message de l’entrepôt. »
    Barak était toujours très pâle. « Aurez-vous la force de marcher jusque chez Guy ? Nous pourrons revenir ici ensuite, ou Cromwell nous fera mander chez lui.
    — Soit. » Il se leva avec lenteur. « Oui, en effet, mieux vaut sans doute que j’aille chez l’apothicaire avant de perdre tout mon sang sur le beau fauteuil de messire Grey. »
    Le secrétaire revint et nous informa que le message était en route. Je lui laissai l’adresse de la boutique de Guy et nous partîmes sans plus attendre. Le bateau nous emmena en amont de Whitehall, et il nous fallut une demi-heure de trajet sous la pluie pour arriver. Barak chancelait tant que je dus le soutenir afin dele guider jusque chez Guy. Nous descendîmes le dédale de ruelles en titubant. On eût dit deux ivrognes.
    Guy nous ouvrit la porte et nous fit entrer. C’est à peine s’il haussa les sourcils ; il commençait à s’accoutumer à nos mésaventures. Nous nous assîmes dans son échoppe. Barak ôta sa chemise pour que Guy examine sa blessure, une horrible entaille, très profonde. Sa main se crispa autour de sa mezouza tandis que Guy sondait la plaie.
    « Je vais devoir recoudre votre bras, messire Barak. Pouvez-vous résister à la douleur ?
    — Ai-je le choix ? répondit Barak avec une grimace.
    — Hélas, non. À moins que vous ne vouliez risquer une hémorragie mortelle. »
    J’attendis dans l’échoppe pendant que Guy conduisait Barak dans son cabinet, après avoir badigeonné ma blessure au poignet d’une huile piquante. Il m’apporta des vêtements secs et je me changeai, heureux de n’avoir aucun témoin. Je me demandai une fois encore ce que lady Honor penserait de ma silhouette tordue si elle la voyait. Ma foi, elle savait ce à quoi s’attendre et ne paraissait pas me trouver trop repoussant. Pendant que je transférais ma ceinture et ma bourse sur mes chausses d’emprunt, je tressaillis en entendant Barak pousser un cri étouffé, et éprouvai une bouffée d’agacement contre moi-même et l’éternel souci que j’avais de mon apparence. C’était une coquetterie à rebours, me dis-je, un martyre que je m’infligeais. Ma foi, rien ne

Weitere Kostenlose Bücher