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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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s’opposait à ce que j’aie des liens plus étroits avec lady Honor à présent, et je n’entendais pas laisser passer ma chance. J’avais senti le cœur me manquer dans l’entrepôt, quand j’avais cru un moment qu’elle pouvait faire partie du complot. Mon angoisse avait été assez forte pour me faire prendre la mesure de mes sentiments à son égard.
    Je m’approchai de la vitrine et regardai au-dehors. La pluie semblait faiblir. La vitre s’était embuée et je posai un moment mon front sur la paroi de verre froid, fermant les yeux. La porte s’ouvrit derrière moi et Guy entra, la robe maculée de petites taches de sang.
    « Voilà, dit-il doucement, c’est fait. Je lui ai dit de se reposer une heure. Il est courageux, ce jeune homme.
    — Oui. Très dur au mal. Nous avons gagné, Guy. Il n’y aura pas de feu grégeois. Tout ce qui restait a brûlé.
    — Dieu soit loué ! s’exclama-t-il en prenant place sur un tabouret.
    — Avez-vous détruit ce qui se trouvait dans le petit pot ?
    — Il est au fond de la Tamise. »
    Je lui racontai ce qui s’était passé à l’entrepôt. « Il ne reste plus qu’à attendre que le message parvienne à Cromwell.
    — Eh bien ! vous avez gagné, Matthew. Vous avez rempli votre mission. Et détruit le feu grégeois.
    — Oui, encore que cela soit le fruit du hasard. Si Marchamount n’avait pas attaqué Barak…
    — Peut-être faut-il voir là la main de Dieu, qui a exaucé vos prières et les miennes, répondit Guy en souriant.
    — Alors, la main de Dieu a frappé Marchamount sans pitié. » Je le regardai d’un air grave. « Ces derniers jours, c’est à peine si j’ai prié. Ce qu’ils ont fait, Marchamount et Norfolk, ce pour quoi tous ces gens complotaient, c’était dans le but de restaurer l’autorité du pape sur l’Angleterre, vous rendez-vous compte ?
    — Cromwell a commis beaucoup de mauvaises actions, lui aussi.
    — Autrefois, je croyais que le monde pouvait être amélioré, dis-je en secouant tristement la tête. Je ne le pense plus. Mais si j’ai soutenu une mauvaise cause, c’était pour éviter le pire. » Je fronçai les sourcils. « Pourtant…
    — Quoi donc ?
    — Pourquoi la foi fait-elle ressortir chez tant d’hommes ce qu’ils ont de plus mauvais, Guy, bégayai-je. Comment se fait-il qu’elle transforme les hommes, papistes et réformateurs, en bêtes sauvages ?
    — L’homme est une créature agressive et barbare. Il arrive que la foi serve d’excuse à la guerre. Dans ce cas, il ne s’agit pas de la vraie foi. En justifiant leurs positions par le nom de Dieu, les hommes Le réduisent au silence.
    — Mais ils ont la certitude confortable que, pourvu qu’ils aient lu la Bible et prié, ils ne peuvent être dans l’erreur.
    — Hélas. »
    J’entendis Barak réclamer de l’eau. Guy se leva. « Ah ! votre ami a soif. Je pensais bien qu’il ne se tiendrait pas tranquille longtemps. Ce n’est peut-être pas un homme de foi, lui, mais il est foncièrement honnête. »
    Lorsque nous partîmes de chez Guy, une heure plus tard, nous n’avions reçu aucun message de Cromwell. Nous n’en trouvâmes aucun non plus en rentrant à la maison. Joan nous servit à déjeuner, puis nous attendîmes dans le salon, tandis quel’après-midi cédait doucement le pas à la soirée. Nous étions trop épuisés pour faire autre chose que somnoler.
    « Je devrais aller me coucher, finit par dire Barak.
    — Oui, moi aussi, j’ai besoin de repos. » Je fronçai les sourcils. « Pourquoi Cromwell ne nous a-t-il pas répondu ?
    — Sans doute attend-il l’occasion de voir le roi. À n’en pas douter, il commencera par là, et nous mandera ensuite, s’il a besoin de nous. Nous aurons des nouvelles demain matin, assurément. »
    Je me remis péniblement debout. « Barak, serez-vous en état de m’accompagner chez les Wentworth demain ? Ce sera notre dernière chance. »
    Il acquiesça et se leva lui aussi. « J’irai. Il faut plus qu’un coup d’épée pour m’abattre. Et qu’y a-t-il à craindre d’un majordome hypocrite, d’un marchand gros et gras et d’une couvée de femelles ? Je viendrai. Après tout, c’est là-bas que tout a commencé.
    — C’est vrai. Et c’est là-bas que tout doit se terminer, car Elizabeth comparaît à nouveau devant Forbizer jeudi. »
    En temps ordinaire, Joan nous eût appelés pour le petit-déjeuner, mais après avoir vu dans quel état nous étions rentrés, Barak et moi, la brave femme

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