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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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avait dû décider de nous laisser dormir. Nous ne nous réveillâmes guère avant midi. Quoique mon poignet me fît encore souffrir, je me sentais beaucoup mieux, et Barak semblait de nouveau lui-même, en dépit de sa pâleur. La pluie avait cessé, mais le ciel était encore sombre et chargé. À ma grande surprise, aucun message de Cromwell ne nous attendait, seulement une note plaintive de Joseph demandant des nouvelles.
    « Il a dû voir le roi à l’heure qu’il est, dis-je. Il aurait pu nous le faire savoir.
    — Nous sommes du menu fretin, vous et moi, répondit Barak en haussant les épaules.
    — Ne devrions-nous pas envoyer un autre message ?
    — Réclamant des nouvelles ? Ce serait de la dernière insolence.
    — À tout le moins, nous pouvons envoyer un message disant que, si nous ne sommes pas ici, on pourra nous trouver chez les Wentworth, et demander au comte s’il a besoin de nous. » Je regardai Barak. « Vous sentez-vous capable d’aller à Walbrook ?
    — Je me sens parfaitement bien. Vous aussi, vous avez meilleure figure. » Il se mit à rire. « Vous n’êtes pas aussi faible que vous le prétendez.
    — Vous avez beau jeu de dire cela à votre âge. Bon, je vais écrire une note, puis nous partirons. J’enverrai Simon porter ce message, et lui demanderai de le remettre en main propre à messire Grey. Ce sera une aventure pour lui que d’aller à Whitehall. Je vous emprunterai votre cachet, afin de l’imprimer sur la cire. » Après une hésitation, je repris : « Je devrais le porter moi-même, mais le temps nous manque. Nous n’aurions pas dû dormir aussi longtemps. Il nous reste à peine vingt-quatre heures. »
    Nous prîmes un bateau pour aller dans la Cité, puis gagnâmes Walbrook à pied. J’avais revêtu mon meilleur pourpoint et ma robe d’avocat, et avais insisté pour que Barak prenne mon autre pourpoint afin de cacher le pansement sur son bras.
    Une domestique ouvrit la porte. « Sir Edwin est-il là ? demandai-je. Je suis messire Shardlake. »
    Ses yeux s’écarquillèrent légèrement lorsqu’elle reconnut mon nom. Que savaient au juste les domestiques de ce qui s’était passé dans cette maison ?
    « Il est à la halle des merciers, messire.
    — Alors puis-je voir dame Wentworth ? » La servante hésita. « Allons, dis-je d’un ton décidé. Nous avons affaire à Whitehall tout à l’heure avec le comte Cromwell. Votre maîtresse peut-elle nous recevoir ? »
    Ses yeux s’écarquillèrent encore plus en entendant le nom de Cromwell. « Je vais voir, messire. Si vous voulez bien attendre. » Elle nous laissa à la porte et trotta à l’intérieur. Cinq minutes s’écoulèrent.
    « Que fait-elle donc ? demanda Barak d’un ton agacé. Entrons. »
    Je le retins. « Elle arrive. »
    La fille reparut, l’air troublé. Elle nous conduisit à l’étage et, une fois encore, on nous fit entrer dans le grand salon, avec ses tapisseries au mur, ses fauteuils capitonnés, sa vue sur le jardin et le puits. Aujourd’hui, la pièce était froide. Dame Wentworth était seule. Elle portait toujours le deuil et sa coiffe noire faisait ressortir plus encore sa pâleur. Le jeune majordome se tenait derrière son fauteuil, impassible, mais les yeux aux aguets dans son large visage. Manifestement, la vieille femme venait determiner son déjeuner car, sur un plateau posé à côté d’elle, se trouvaient les reliefs d’un repas. L’assiette vide, le pot de moutarde et la petite salière étaient en argent.
    Dame Wentworth resta assise. « Vous voudrez bien pardonner la présence de mon majordome, messire Shardlake, mais aucun membre de la famille n’est présent pour l’heure. Je vous en prie, asseyez-vous. » Ce que nous fîmes. Elle sourit. « Il remplacera mes yeux. Dites-moi, David, qui accompagne l’avocat ? À entendre son pas, il s’agit d’un jeune homme.
    — Un jeune gaillard chauve, dit Needler avec insolence. Bien mis cependant. »
    Barak le gratifia d’un regard glacial.
    « C’est mon assistant, dis-je à la vieille femme.
    — Ainsi, nous avons chacun notre chaperon, répondit dame Wentworth avec un sourire qui découvrit ses horribles fausses dents et ses gencives de bois. Que puis-je pour vous ? Je crois comprendre que votre affaire est urgente. Elizabeth comparaît à nouveau devant ses juges demain, si je ne me trompe ?
    — C’est vrai, madame, à moins que de nouvelles preuves ne soient fournies. Des preuves de ce qui se trouve au fond de votre

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