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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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eut un éclat de rire méprisant. « Le jour où Ralph est mort, il était descendu dans le jardin et s’était approché d’Elizabeth. Il lui causait, assis sur le rebord du puits. Par la fenêtre, vous n’avez pas entendu ce qu’il lui disait, David ?
    — Non, madame. Il devait la faire enrager, et lui parlait peut-être de son chat, qu’il avait tué. Elle était assise sous l’arbre, la tête penchée, sans réagir, comme d’habitude.
    — Si elle avait eu du courage, elle se serait levée pour lui frotter les oreilles.
    — Au fils préféré ? dis-je. Voilà qui aurait fort déplu à sir Edwin. »
    Dame Wentworth inclina la tête. « Il se peut.
    — Saviez-vous que votre petit-fils avait tué un jeune garçon, madame ? » demandai-je. Le majordome posa la main sur son bras pour l’inviter à ne pas répondre, mais elle le repoussa.
    « Quand nous avons entendu parler de cette disparition, j’ai eu des doutes. Je n’ignorais rien des agissements de Ralph. J’attendais l’occasion de lui en parler, car je craignais qu’il ne se mît en danger. Mon fils Edwin ne sait rien. Il croyait Ralph incapable d’une mauvaise action et j’ai pensé que mieux valait ne pas le détromper. Il avait assez de soucis avec ses affaires.
    — Ne craigniez-vous pas que Ralph ne devienne un monstre ? »
    Je toussai, la gorge soudain très sèche.
    Dame Wentworth haussa les épaules. « Si Ralph n’avait pas renoncé de lui-même à ses pratiques cruelles, il aurait appris à les dissimuler. C’est fréquent. » Elle soupira. « Continuez, David, je suis lasse. Racontez-leur ce qui s’est passé ensuite. »
    Le majordome nous regarda avec attention. « Au bout d’un moment, Sabine et Avice sont sorties et se sont assises à côté de Ralph sur le rebord du puits. Elles se sont mises elles aussi à tourmenter leur cousine. Là-dessus, Ralph a fait à Sabine une réflexion qui lui a déplu. »
    Needler rougit.
    « Une allusion au sentiment de Sabine pour vous, peut-être ? »
    La vieille femme leva une main. « Je répondrai, David. Sabine avait pour David un de ces faibles comme en ont les jeunes filles. Il ne l’a pas encouragée. C’est un loyal serviteur qui est dans la maison depuis dix ans. Il nous est tout dévoué. Racontez-leur ce que vous avez vu ensuite, David.
    — Sabine a agrippé Ralph. Il s’est débattu pour lui faire lâcher prise et a basculé en arrière. Il est tombé dans le puits.
    — Sabine affirme qu’elle n’avait pas l’intention de le précipiter dedans ; elle a juste eu un mouvement de colère, reprit dame Wentworth. Je crois que, pour un tribunal, ce serait un homicide non prémédité, pas vrai, l’avocat ? Pas un assassinat.
    — Ce serait au jury d’en décider, au vu des faits.
    — Quoi qu’il en soit, Sabine risquerait la corde, bien qu’elle soit une demoiselle de qualité. Nous pourrions implorer la grâce du roi, mais cela nous ruinerait. Naturellement, Sabine et Avice auraient pu dire que Ralph avait tout simplement glissé, mais Elizabeth avait vu toute la scène. Et elle ne nous aimait pas. » Elle écarta les mains et sourit. « Voilà où le bât blessait.
    — Il fallait donc la réduire au silence. En l’accusant. » Je clignai des paupières, sentant à nouveau tout le poids de la lassitude m’envahir. Le peu de vin que j’avais bu commençait à me monter à la tête.
    « Quand j’ai vu Ralph tomber dans le puits, poursuivit Needler, je me suis précipité dans le jardin. Sabine et Avice hurlaient et sanglotaient. J’ai regardé au fond du puits, et j’ai tout juste distingué le corps de Ralph.
    — Pauvre petit, souffla la vieille dame.
    — Elizabeth était toujours assise sous l’arbre, bouche bée. Sans savoir que j’avais tout vu de la fenêtre, Sabine a désigné Elizabeth en disant : “Elle a tué Ralph, elle l’a fait tomber dans le puits ! Nous étions là !” Elizabeth est restée figée, muette. Puis Avice a abondé dans le sens de sa sœur et accusé Elizabeth. »
    La vieille dame fit un signe d’assentiment et prit la parole.
    « Sur ces entrefaites, je suis descendue. J’avais entendu les cris et j’ai trouvé Sabine et Avice en train de hurler qu’Elizabeth avait tuéRalph. Quand je lui ai parlé, elle a refusé de répondre. J’ai cru au début que les choses s’étaient vraiment passées ainsi. Ensuite seulement, David m’a révélé la vérité. J’ai questionné les filles, qui ont confirmé ses dires. Elles

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