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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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qu’elle puisse la conserver précieusement, monsieur, comme une relique de notre vie passée. »
    Le commis désigna un document d’un geste agacé : « Rien n’est spécifié à cet effet dans l’acte d’abandon. Pourquoi voulez-vous cette croix, de toute façon ? Si d’anciennes nonnes comme vous se rassemblent encore pour des offices papistes, c’est illégal. »
    Je conduisis Barak plus loin. Nous passâmes devant un petit groupe d’hommes bien mis qui examinaient un plan où l’on reconnaissait la forme familière d’une église monastique et de son cloître. « Ça ne nous rapportera même pas mille livres, si nous devons abattre les bâtiments », disait l’un d’eux.
    Nous arrivâmes au guichet des pensions, où il n’y avait personne. J’agitai une petite sonnette et un commis d’un certain âge apparut derrière une porte, visiblement mécontent d’être dérangé. Je lui dis que nous tentions de retrouver la trace d’un ancien moine. L’homme commença par rétorquer qu’il avait à faire, et que nous devions revenir plus tard, mais Barak plongea la main dans son pourpoint, d’où il sortit un sceau portant les armoiries de Cromwell et le posa sur la table avec un bruit sec. Le commis devint aussitôt servile.
    « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, naturellement, pour servir le comte d’Essex…
    — Je cherche un dénommé Bernard Kytchyn, dis-je. Ancien bibliothécaire du prieuré de St Bartholomew, à Smithfield. »
    Le commis sourit. « Ah oui ! le prieuré, ce sera facile. Il vient chercher sa pension ici. » Il ouvrit un tiroir, d’où il sortit un énorme registre et se mit à le feuilleter. Au bout d’une minute, il abattit son index noirci par l’encre sur une ligne d’écriture.
    « Nous y sommes, messieurs. Bernard Kytchyn, six livres et deux marks par an. Il est enregistré comme prêtre de la chantrerie de l’église St Andrews à Moorgate. C’est un scandale, messieurs, qu’on tolère encore ces institutions où les prêtres continuent à se livrer tous les jours à des mascarades en latin pour les morts. On devrait les supprimer elles aussi. » Il nous adressa un large sourire. Comme nous étions des agents de Cromwell, il s’attendait à nous voir opiner. Je me bornai à grogner et tournai le registre vers moi pour le consulter.
    « Barak, dis-je, quand je rentrerai chez moi, je suggère que vous alliez trouver Kytchyn pour lui dire… »
    Je m’interrompis. La porte derrière le commis s’ouvrit et, à ma grande stupéfaction, je vis apparaître Stephen Bealknap, dont l’étroit visage affichait un air maussade. « Dites donc, l’ami, nous n’avions pas terminé. Sir Richard Rich demande… » Il se tut à son tour en me voyant et parut surpris. Ses yeux croisèrent un instant les miens avant de se détourner.
    « Mon cher confrère…
    — Bealknap. J’ignorais que vous vous intéressiez aux pensions des Augmentations. »
    Il sourit. « Je ne m’y intéresse pas en temps ordinaire mais, dans ma propriété de Moorgate, il y a un prébendier qui a reçu droit de résidence. Il semblerait que j’aie la responsabilité de cet homme en même temps que celle du bien. C’est un problème juridique intéressant, n’est-ce pas ?
    — En effet. » Je me tournai vers le commis. « Nous en avons terminé. Eh bien, mon cher confrère, dis-je à Bealknap en le saluant, nous nous verrons après-demain. » Le commis rangea son registre et reconduisit Bealknap dans son bureau. La porte se referma derrière eux.
    Je fronçai les sourcils. « Les prébendes sont attachées aux monastères, pas aux prieurés. Que fait-il ici en réalité ?
    — Il a parlé de Rich.
    — Oui. » J’hésitai. « Cromwell pourrait-il faire interroger le commis ?
    — Sans que sir Richard en soit informé ? Ce ne sera pas facile. » Barak passa une main dans sa tignasse brune. « Je l’ai déjà vu quelque part, ce gueux au visage chafouin.
    — Bealknap ? Où cela ?
    — Il faudra que je réfléchisse. C’était il y a longtemps, mais je vous garantis que je le connais.
    — Il faut partir à présent. Joseph va m’attendre. »
    J’avais demandé à Simon de venir à Westminster avec Chancery pour que nous puissions rentrer à cheval de Westminster à la maison. Il m’attendait en effet à côté d’un des arcs-boutants du mur est, assis sur le large dos de mon cheval et balançant ses pieds chaussés de frais. Nous le laissâmes rentrer à pied tout à loisir.
    En passant

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