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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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un petit pot de ficelle graissée à la cire de chandelle. L’autre bout était fixé à la cuve comme je l’ai dit.
    — Quelle était la taille de cette cuve ? Était-elle assez grande pour contenir, disons une grosse barrique de liquide ? »
    Il fronça les sourcils. « Oui. Mais je ne sais pas si elle était pleine.
    — Bien sûr. Pardonnez-moi. Continuez.
    — Quand mon maître et moi sommes redescendus à terre, nous avons vu que la cuve était placée sur un gros trépied de fer. À ma grande surprise, nos deux hommes essayaient d’allumer un feu de brindilles dessous et ils se donnaient beaucoup de mal pour y parvenir avec des silex.
    « Sur ce, Michael Gristwood a poussé un grand cri de triomphe : “Ça y est ! C’est allumé ! Écartez-vous, Votre Grâce, écartez-vous du tuyau !” Mon maître a semblé scandalisé qu’on lui parle si familièrement, mais il est allé se mettre derrière les frères. Je l’ai accompagné, curieux de ce qui allait bien pouvoir suivre. »
    Barak se tut un instant. Il regardait l’eau où de petits remous commençaient à bouillonner, signe que la marée remontait.
    « Ensuite, tout s’est passé très vite. Michael a pris une brindille enflammée, a allumé la mèche, puis est revenu en courant, et Sepultus et lui ont actionné la pompe. J’ai vu un mouvement devant le tuyau, puis une grande nappe de flammes jaunes d’une douzaine de pieds de long a jailli avec un ronflement violent, s’est propulsée dans l’air et a frappé le bateau par le milieu. À la voir se tortiller dans les airs, on aurait dit qu’elle était vivante.
    — Comme la flamme qui sort de la bouche d’un dragon ? »
    Il frissonna. « Oui. Le bois a pris feu aussitôt. Les flammes semblaient se coller à lui et le dévorer tel un animal rongeant une carcasse. Quelques langues de feu sont tombées sur l’eau et, corbleu, j’ai vu l’eau brûler ! Je l’ai vu, de mes yeux vu : une plaquede feu qui sautillait sur le fleuve. Pendant une minute, j’ai eu peur que la Tamise s’embrase et que le feu remonte jusqu’à Londres.
    « Après quoi, les deux frères ont tourné le tuyau de façon à changer d’angle, ils ont pompé à nouveau et une autre longue langue de flamme aveuglante est sortie du tuyau et a frappé la poupe. Elle a bondi dessus comme un être animé. Le bateau flambait allégrement. Le feu dégageait une chaleur épouvantable. J’avais beau être à vingt pas, je sentais mon visage me brûler. Encore une langue de feu, et la pauvre vieille gabarre ne fut plus qu’une flamme. Partout, les oiseaux sortaient des marais le plus vite qu’ils pouvaient et s’envolaient. Jésus Marie, j’ai eu une de ces peurs ! Je ne suis pas dévot, mais je suppliais Notre-Dame et tous les saints de me protéger. Si mon maître avait autorisé les rosaires, j’en aurais tripoté les perles jusqu’à ce qu’elles se brisent.
    « Nous avons regardé le bateau, qui n’était plus qu’une masse de flammes couronnées d’une fumée noire qui montait dans le ciel. J’ai observé mon maître. Il n’avait pas peur, non, il observait la scène, les bras croisés, une lueur d’excitation dans l’œil.
    « C’est alors que j’ai entendu des hennissements de panique. Ils devaient retentir depuis un certain temps déjà, mais je n’avais rien remarqué. Les chevaux, qui avaient vu sauter ces grandes langues de feu, étaient terrifiés. Ils ruaient et se cabraient en essayant de se détacher. Je me suis précipité vers eux et j’ai réussi à les calmer avant qu’ils ne se blessent parce que je sais leur parler. Dieu merci, il n’y avait plus de flammes ; ce qui restait du bateau était en train de couler. Lorsque je suis retourné sur la jetée, il avait disparu. Même la corde qui l’amarrait avait brûlé, comme vous pouvez le voir. Mon maître discutait avec les Gristwood. Ils étaient trempés de sueur mais avaient l’air satisfait. Après quoi, ils se sont mis à ranger leurs affaires. » Barak rit et secoua la tête. « Le calme était revenu. On aurait cru qu’il ne s’était rien passé, à ceci près qu’une gabarre de trente tonnes avait été réduite à néant en quelques instants. » Il prit une grande inspiration et se massa la tempe. « Après le départ des Gristwood, mon maître m’a dit que cela s’appelait le feu grégeois, m’a raconté comment Michael Gristwood avait découvert la formule à St Bartholomew, et m’a fait jurer le secret. »
    J’allai

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