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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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prononcer son nom.
    — Je dois voir l’endroit où on a trouvé cette barrique.
    — Soit. Mais nous devons être prudents.
    — Morbleu, croyez-vous que je n’en sois pas conscient ? »
    Nous nous séparâmes en bas de Chancery Lane. En rentrant seul chez moi, je me sentis brusquement nerveux. La veille, nous avions été suivis, et je revis les cadavres de la maison de Queenhithe. Je fus soulagé en arrivant à ma porte. C’est alors qu’apparut Joseph, à l’autre bout de la rue, les épaules voûtées, le visage triste et inquiet. Toutefois, en me voyant, il sourit et leva la main. J’en fus touché. C’était le premier geste amical qu’on m’adressait depuis le procès.

11
    E n arrivant à sa hauteur , je constatai que Joseph avait l’air bien las.
    Je le priai d’aller m’attendre dans la maison car, Simon n’étant pas encore rentré, je devais mener nos chevaux à l’écurie.
    Dans le vestibule, je retirai ma toque et ma robe. Il faisait meilleur que dehors et je restai quelques instants immobile, à savourer la fraîcheur sur mon visage moite. En passant dans le salon, je vis que Joseph s’était assis dans mon fauteuil. Il se releva aussitôt, embarrassé.
    « Je vous en prie, Joseph. Évitez de bouger par cette chaleur. » Je m’assis en face de lui. Malgré sa fatigue, il avait dans les yeux une lueur d’excitation, un nouvel espoir.
    « Messire Shardlake, j’ai réussi ! dit-il. J’ai convaincu mon frère de vous recevoir.
    — À la bonne heure. » Joan avait laissé une cruche de bière sur la table, et j’emplis deux chopes.
    « Comment vous y êtes-vous pris ?
    — Cela n’a pas été chose facile. Je suis allé chez lui. Ils ont été obligés de me laisser entrer pour éviter de se donner en spectacle devant les domestiques. J’ai dit à Edwin que vous n’étiez pas certain de la culpabilité d’Elizabeth et que vous souhaitiez parler à la famille avant de décider si vous continueriez à assurer sa défense. Au début, Edwin était très hostile, furieux de me voir me mêler de ce qui, à son sens, ne me regardait pas. Il est vrai que je ne sais guère mentir ; je craignais de m’embrouiller.
    — Ah, Joseph, vous êtes bien trop honnête.
    — La fausseté me déplaît fort, en effet. Mais j’ai pensé à l’intérêt de Lizzy — et de fait, c’est ma mère qui a emporté ladécision. Cela m’a étonné, car elle a été la première à prendre parti contre la pauvre enfant, bien que ce soit sa petite-fille. Mais elle a dit que, si nous réussissions à vous convaincre que c’était bien Elizabeth qui avait tué Ralph, vous nous laisseriez en paix. Ils nous attendent demain matin à dix heures, monsieur. Ils seront tous là.
    — Parfait. Vous avez fait du bon travail, Joseph.
    — Je leur ai laissé entendre que vous aviez des doutes sur l’innocence de Lizzy, mais ce n’était pas péché, je l’espère, que de mentir pour la sauver ? dit-il en me regardant d’un air implorant.
    — Hélas ! le monde ne nous permet pas toujours d’agir en toute ingénuité.
    — Dieu nous soumet à de rudes épreuves, dit-il en secouant tristement la tête.
    — Je vous demande pardon, Joseph, mais je dois vous quitter à nouveau. On m’attend à Lincoln’s Inn. Retrouvez-moi demain juste avant dix heures à la fontaine de Walbrook.
    — Oui, messire Shardlake. Vous êtes bien bon de m’accorder du temps alors que vous êtes si occupé.
    — Avez-vous déjeuné ? Restez ici, ma femme de charge va vous apporter quelque chose.
    — Je vous remercie, monsieur. »
    Après un salut rapide, je sortis. Je donnai des instructions à Joan, puis me hâtai de passer ma robe. Bien qu’elle eût été lavée la veille, la puanteur de la Cité l’imprégnait déjà. Je voulais voir Marchamount et Bealknap avant le dîner. En retournant dans la rue, je pensai que, si mon honnête Joseph savait dans quel infernal imbroglio m’avait plongé Cromwell, il quitterait la maison à la course. Mais non : tant que je représentais son seul espoir de libérer Elizabeth, il resterait là, aussi inébranlable qu’un rocher battu par les vagues.
    En me hâtant vers Lincoln’s Inn, je réfléchis à ce que Barak m’avait raconté sur l’embarcadère. Ma nature sceptique ne me portait guère à croire à la réalité du feu grégeois ; quant à « Sepultus » Gristwood, je ne lui faisais aucune confiance, tant il était notoire que les alchimistes sont associés aux supercheries de toutes

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