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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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la Tour.
    — Barnes est un ami de l’archevêque Cranmer. Assurément, celui-ci le protégera.
    — Je l’espère. » Le visage de Godfrey s’éclaira. « L’archevêque doit prêcher la semaine prochaine à St Paul’s Cross 11 , maintenant que monseigneur Sampson est emprisonné à la Tour. » Il serra les poings, ce qui me rappela que, en dépit de ses façons affables, il ne plaisantait pas en matière de convictions religieuses. « Avec l’aide de Dieu, nous l’emporterons sur cette bande de papistes.
    — Écoute-moi, Godfrey, j’essaierai de passer au cabinet quand je pourrai. Garde Skelly à l’œil et veille à ce qu’il fasse un travailau moins présentable. J’ai un autre rendez-vous maintenant, mais je te verrai au déjeuner. Merci, mon ami. »
    Je sortis à nouveau et traversai la cour pour gagner le cabinet de Marchamount. Du côté de la Grande Salle, les domestiques s’affairaient aux préparatifs du repas. Les quatre collèges rivalisaient pour obtenir la protection des proches du roi, et la présence de Norfolk était un événement, encore que ses orientations politiques ne fussent guère appréciées par la plupart des membres de Lincoln’s Inn.
    Je frappai et entrai dans le bureau d’accueil de Marchamount, une pièce impressionnante, tapissée de livres et de papiers ; un commis était en train de travailler sur des documents. Il leva des yeux interrogateurs.
    « Le sergent est-il là ?
    — Il est fort occupé, messire. Il a une affaire importante qui commence demain à la cour des plaids communs.
    — Dites-lui que son confrère Shardlake est là, mandé par lord Cromwell. »
    Ses yeux s’écarquillèrent et il disparut dans une autre pièce. Quelques instants plus tard, il était de retour.
    « Il va vous recevoir, messire. » Et avec un salut, il me pria de passer.
    Comme beaucoup d’avocats, Gabriel Marchamount habitait et travaillait à Lincoln’s Inn. Sa salle de réception était l’une des plus fastueuses qu’il m’eût été donné de voir. Un papier mural dans les tons vert et rouge vif tapissait les murs. Lui-même était assis dans un fauteuil à haut dossier qui n’aurait pas déshonoré un évêque, derrière un vaste bureau couvert de papiers. Son opulente silhouette était sanglée dans un coûteux pourpoint jaune à poche ventrale, qui soulignait encore son teint sanguin. Ses rares cheveux roux étaient soigneusement rabattus sur son crâne. Posées sur un coussin à côté de lui se trouvaient une toge bordée de fourrure et la calotte blanche de sergent, marque de son rang, le plus haut qu’un avocat puisse atteindre, hormis celui de juge. Un gobelet d’argent rempli de vin attendait son bon plaisir.
    Marchamount avait la réputation d’un homme qui ne vivait que pour la loi et qui adorait le statut qu’elle lui conférait ; depuis son entrée dans la confrérie des sergents, trois ans auparavant, ses manières patriciennes s’étaient accentuées au point qu’on se gaussait de lui dans le Collège. On disait qu’il entendait monter plus haut et devenir juge. Mais, d’après les mauvaises langues, son avancement devait beaucoup à sa fréquentation assidue desmembres du parti antiréformiste à la cour du roi. Je savais que c’était là une information à ne pas sous-estimer.
    Se levant, il m’accueillit avec un sourire et un petit salut, mais ses yeux sombres étaient circonspects et à l’affût.
    « Mon cher confrère, êtes-vous venu assister à mon déjeuner avec le duc ? » Il sourit avec une modestie feinte. Je n’avais pas compris qu’il était l’instigateur de ce repas. « Mon déjeuner. » Voilà qui était bien de lui.
    « J’y ferai peut-être une apparition.
    — Comment vont les affaires ?
    — Bien, je vous remercie, sergent.
    — Voulez-vous du vin, mon cher confrère ?
    — Merci. C’est un peu tôt pour moi. »
    Il s’assit à nouveau. « Il paraît que vous vous occupez du cas Wentworth. Une bien pénible affaire. Il n’y aura guère d’ unguentum auri à mon avis. »
    Je répondis par un sourire crispé. « Non. De modestes honoraires. En fait, c’est à propos d’autres meurtres que je suis venu vous voir. Michael Gristwood et son frère ont été sauvagement assassinés. »
    Je guettai sa réaction, mais il se borna à hocher la tête en disant : « Oui, je sais. Quelle horreur !
    — Comment l’avez-vous appris, messire sergent ? demandai-je aussitôt. Lord Cromwell a ordonné la plus grande discrétion.

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