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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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lourd pour rentrer chez moi. Sans doute y trouverais-je Barak. J’avais apprécié ces instants de répit sans lui. Rien ne m’aurait fait plus plaisir que de me reposer. Hélas, j’avais promis d’aller voir dame Gristwood aujourd’hui, ce qui signifiait traverser Londres encore une fois. Mais il ne nous restait plus que onze jours. Mes pas semblaient scander ces mots : onze jours, onze jours.
    Barak était assis dans le jardin, les pieds posés sur un banc à l’ombre, une chope de bière à côté de lui. « Eh bien, Joan vous soigne, à ce qu’il semble, dis-je.
    — Comme un prince. »
    Je m’assis et me remplis une chope aussi. Mon compagnon avait pris le temps d’aller chez le barbier, car ses joues étaient lisses. Je m’avisai que les miennes étaient couvertes d’une barbe noire de plusieurs jours, et que je n’aurais pas dû me présenter ainsi à un repas tel que celui d’aujourd’hui. Marchamount n’aurait pas manqué de me le faire remarquer si l’affaire dont je l’avais entretenu avait été moins grave.
    « Alors, vous avez fait bonne moisson chez les avocats ? demanda Barak.
    — Tous les deux prétendent n’avoir agi que comme truchements. Et vous ? Avez-vous pu voir le bibliothécaire ?
    — Oui. » Gêné par le soleil, Barak plissa les yeux. « Un drôle de petit bonhomme. Je l’ai trouvé en train de dire une messe dans une des chapelles latérales de son église. » Il grimaça un sourire. « Lorsque je lui ai dit ce que je cherchais à savoir, il s’est mis à trembler comme une feuille. Mais il nous retrouvera demain matin devant la porte d’entrée de St Bartholomew à huit heures.Je l’ai prévenu que s’il nous faussait compagnie le comte le ferait rechercher. »
    J’ôtai ma toque pour m’éventer. « Eh bien, je présume qu’il faut nous mettre en route pour Wolf’s Lane à présent. »
    Barak se mit à rire : « Vous semblez avoir bien chaud.
    — En effet. Je travaillais, moi, pendant que vous vous prélassiez sur mon banc. » Je me levai lourdement. « Allons, finissons-en. »
    Nous allâmes à l’écurie. Chancery, qui avait marché la veille plus que de coutume, ne manifesta guère d’enthousiasme lorsqu’on le sortit sous le soleil. C’était un vieux cheval à présent. Il fallait que je songe à le mettre au vert. En montant sur son dos, je faillis prendre ma robe dans la selle. Je l’avais gardée, car elle me conférait une certaine dignité qui me serait utile pour mon entretien avec dame Gristwood, mais, par ce temps, elle me tenait fort chaud.
    Chemin faisant, je repassai dans ma tête ce que je devais dire. Il me fallait découvrir si elle savait quoi que ce soit au sujet de l’appareil à lancer le feu grégeois. De surcroît, j’étais sûr qu’elle nous avait caché quelque chose la veille.
    Barak interrompit le cours de mes réflexions. « Vous autres gens de robe, dit-il, quel est le secret de votre art ?
    — Que voulez-vous dire ? demandai-je avec lassitude, pressentant son sarcasme.
    — Chaque métier a ses secrets, ceux qui sont dévoilés aux apprentis. Le charpentier sait faire une table qui ne s’effondrera pas, l’astrologue sait deviner le destin d’un homme, mais quels secrets connaît un avocat ? Il m’a toujours semblé qu’ils ne sont guère bons qu’à vendre des salades. » Il me sourit avec insolence.
    « Vous devriez essayer de résoudre certains des problèmes qu’on soumet aux étudiants des collèges de droit. Cela vous clouerait le bec. La loi de ce pays est faite de règles détaillées, qui ont évolué au cours de plusieurs générations, et qui permettent aux hommes de régler leurs différends dans le respect de l’ordre.
    — Ça ressemble plus à un grand galimatias pour empêcher que justice soit rendue aux hommes. Mon maître dit que le droit de la propriété est un infernal fatras. » Il m’adressa un regard acéré et je me demandai s’il me tendait un piège pour voir si je contredirais Cromwell.
    « Vous avez donc une certaine expérience en la matière, Barak ? »
    Il regarda devant lui. « Oh oui, ma mère a épousé un clerc de procureur après la mort de mon père. Un fin sophiste, jamais àcourt de mots. Mais sans aucune qualification, comme notre ami Gristwood. Il gagnait son écot en engageant ses clients dans des actions en justice qu’il ne savait pas résoudre. »
    Je grognai : « Les praticiens de la justice ne sont pas parfaits. Les collèges s’efforcent de contrôler

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