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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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resserra la main sur sa canne et je crus un instant qu’elle allait le frapper, mais elle détourna seulement la tête avec brusquerie. Joseph recula, le visage crispé. Sir Edwin le foudroya du regard et sonna. Le majordome apparut si vite que jeme demandai s’il n’était pas resté l’oreille collée à la porte. Il s’inclina profondément devant son maître.
    « Needler, messire Shardlake souhaite voir la chambre qu’occupait Elizabeth, puis le jardin. Montrez-les-lui. Après quoi, vous reconduirez nos visiteurs.
    — Bien, monsieur, dit Needler d’un ton obséquieux. La cuisinière vous fait dire qu’elle a préparé des merles pour ce soir, si cela vous fait plaisir.
    — Qu’on ne les noie pas dans la sauce cette fois, lança sèchement la vieille dame.
    — Bien, madame. »
    Ni sir Edwin ni sa mère n’esquissèrent le moindre geste pour prendre congé de nous et les filles baissèrent la tête. Je vis cependant Sabine glisser un regard vers Needler et rougir. Avait-elle un faible pour le drôle ? Les goûts des demoiselles étaient si imprévisibles.
    Le majordome nous précéda et ferma la porte du salon avec un bruit sec. Je n’étais pas fâché d’en être sorti. Joseph était pâle. Needler nous fixa d’un air interrogateur.
    « Commencerons-nous par la chambre de la meurtrière ?
    — La chambre de l’accusée, rétorquai-je. Surveillez vos paroles, l’ami. » D’abord Barak, et lui à présent. J’étais entouré de faquins impertinents. Needler haussa les épaules et nous fit monter à l’étage. Il ouvrit une porte fermée à clef et nous fit entrer.
    Quoi qu’il lui soit arrivé par ailleurs dans cette maison, on ne pouvait nier qu’Elizabeth eût une belle chambre. Un lit à baldaquin avec un matelas de plumes, une coiffeuse avec un miroir et des coffres pour ses vêtements ; étalés sur le sol, des joncs qui dégageaient une agréable odeur dans l’air tiède. Plusieurs livres étaient rangés sur une étagère au-dessus de la coiffeuse. J’en lus les titres avec surprise : L’Obéissance du chrétien , de Tyndale, Le Nouveau Testament , de Coverdale, plusieurs ouvrages pieux ainsi que des recueils de poèmes de Virgile et de Lucain. Une petite bibliothèque savante, qui dénotait un intérêt marqué pour la religion.
    « Elizabeth était-elle pieuse ? demandai-je à Joseph.
    — C’était une bonne chrétienne, comme tous les Wentworth. Elle aimait la lecture. »
    J’examinai le Nouveau Testament . Il avait été beaucoup feuilleté. Je me tournai vers Needler : « Elizabeth parlait-elle souvent de la religion ?
    — Peut-être méditait-elle sur ses péchés, compte tenu de la façon dont elle traitait la famille. Peut-être demandait-elle son secours à Dieu, répondit-il en haussant les épaules.
    — Il ne semble pas qu’il le lui ait accordé.
    — Il est encore temps, dit Joseph.
    — Elizabeth avait-elle une domestique attachée à sa personne ? Une femme qui l’aidait à faire sa toilette et à s’habiller ? »
    Needler leva les sourcils : « Elle n’en voulait pas, monsieur. Elle disait que les domestiques se moquaient d’elle.
    — Et c’était vrai ?
    — Sans doute, lorsqu’ils trouvaient son comportement étrange.
    — Qu’est-il arrivé à Griset ? » s’enquit soudain Joseph en montrant un panier rempli de paille dans un coin. « Le vieux chat d’Elizabeth, expliqua-t-il. Elle était arrivée ici avec lui.
    — Il s’est sauvé », répondit Needler.
    Joseph hocha tristement la tête. « Ça arrive, quand les chats se trouvent dans une maison qu’ils ne connaissent pas. Elizabeth l’adorait. » Ainsi, elle était même privée de la compagnie de son animal familier, pensai-je. J’ouvris l’un des coffres : il était empli de robes soigneusement rangées. Je fis signe que j’en avais assez vu et nous quittâmes la chambre. L’odeur des joncs me restait dans les narines et je pensai au contraste avec l’immonde puanteur de la basse-fosse de Newgate.
    Le majordome nous fit redescendre et sortir dans le jardin par une porte latérale. Sous le soleil, tout était paisible, les insectes bourdonnaient paresseusement autour des fleurs. Il nous conduisit sur la pelouse, dont l’herbe sèche glissait sous les pas. Arrivé au puits, il s’arrêta et désigna le banc à l’ombre du grand chêne. « Voilà où elle était assise quand je suis sorti après avoir entendu crier les jeunes maîtresses. Demoiselle Sabine et demoiselle Avice étaient

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