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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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rendis compte qu’il devait paraître très étrange et exotique à Barak.
    « Merci, messire l’apothicaire », répondit ce dernier en promenant un œil curieux autour de lui. Je devinai qu’il n’était jamais entré dans semblable boutique ; il était de ces gaillards qui ont une santé de fer.
    « Vous prendrez bien un peu de bière ? proposa Guy.
    — Volontiers, merci. C’est une chaude journée », répondit Barak.
    Guy sortit pour chercher à boire, Barak s’approcha de moi. « Le comte est soucieux. Il a fait emmener Kytchyn en lieu sûr en attendant que les choses soient terminées.
    — Dieu soit loué.
    — Il vous trouve trop lent, et s’inquiète de ce que vous ne voyiez lady Honor que demain. Il reste dix jours avant la démonstration, que le roi attend avec impatience.
    — Alors Cromwell devrait peut-être avoir recours aux services d’un magicien. »
    Barak s’écarta lorsque Guy revint, portant deux chopes de petite bière. Je bus avec plaisir, car j’avais grand-soif. Guy resta debout à l’extrémité de sa table. Il étudia attentivement Barak quelques instants. J’eus plaisir à voir que ce dernier paraissait fort mal à l’aise sous ce regard pénétrant.
    « Alors ? s’enquit Guy à mi-voix. Quelle aide attendez-vous tous deux de moi ?
    — Nous avons affaire à des alchimistes, expliquai-je. Je ne connais rien à leur art et vos conseils me seraient précieux. » J’ouvris ma sacoche et posai les livres d’alchimie sur la table. Puis je sortis avec précaution de ma poche la fiole que je lui tendis. « Avez-vous une idée de ce que peut être cette étrange substance ? »
    Il ouvrit le petit flacon avec précaution, humecta son doigt et le renifla. « Attention, cela brûle comme du feu », dis-je en le voyant se pencher pour goûter avec le bout de sa langue.
    À ma grande surprise, il se mit à rire. « Il n’y a rien là d’inquiétant, ni de mystérieux. C’est de l’eau-de-vie, distillée de telle façon qu’elle est fort concentrée.
    — De l’eau-de-vie ? Cette nouvelle boisson que l’on fabrique avec du mauvais vin et que l’on prescrit pour les maux d’yeux et la mélancolie ?
    — C’est cela même. Je crois qu’on en surestime les vertus et que son seul effet, c’est de provoquer l’ébriété chez ceux qui la boivent. » Il frotta ses doigts mouillés. « Il paraît qu’une tasse suffit à rendre un cheval aveugle. Où avez-vous trouvé cela ?
    — Sur le sol d’un atelier d’alchimiste qui avait été… abandonné. » Il posa sur moi ses yeux perspicaces.
    « Peu importe où nous l’avons trouvée, l’apothicaire, intervint Barak. Vous êtes sûr que c’est de l’eau-de-vie ? »
    Guy l’examina longuement et je craignis qu’il ne le jette dehors, mais non, il se tourna vers moi en souriant.
    « Je crois, oui. Le liquide est certes fort épais, et le goût brûlant indique une forte concentration. Je crois même être en mesure de vous en dire la provenance. Mais d’abord, il existe un moyen de prouver ce que c’est. C’est tout à fait spectaculaire, messire Barak. Si vous voulez bien attendre quelques instants. »
    Il posa la fiole avec précaution et sortit.
    « Écoutez-moi bien, Barak, dis-je, Guy est un ami, veillez à lui parler avec respect. Il n’est pas question de le rudoyer comme le portier de ce matin. Vous ne feriez que l’irriter.
    — Je me méfie de lui, à cause de sa mine.
    — Il en a autant à votre service, à mon avis. »
    Guy revint, portant une bougie et un plat vernissé. Il ferma les volets, puis versa précautionneusement un peu de liquide dans le plat. Ensuite, il en approcha la chandelle.
    J’eus le souffle coupé et Barak recula : une flamme bleue s’élevait dans le plat, haute de cinq centimètres. « Vous allez mettre le feu à la boutique ! » s’exclama Barak. Mais Guy se contenta de rire.
    « Cette flamme est trop faible pour mettre le feu à quoi que ce soit, et elle va s’éteindre dans un instant. » Et de fait, nous vîmes la lueur bleue diminuer aussi vite qu’elle avait surgi, jaunir, s’incliner d’un côté et s’éteindre. Guy nous sourit. « Et voilà ! Cette flamme bleue est caractéristique de l’eau-de-vie. La substance était assurément très forte. » Il rouvrit les volets. « Vous remarquerez qu’il n’y a ni odeur, ni fumée.
    — Vous avez dit que vous pourriez peut-être en indiquer la provenance, intervint Barak, d’un ton plus respectueux cette fois.
    — En effet.

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