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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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Sepultus avaient à faire à Lothbury.
    — Je croyais que nous allions à Southwark ?
    — Je vous retrouverai à Steelyard Steps, à l’embarcadère, dans une heure et demie. » Peut-être aurais-je même le temps d’acheterune petite tourte chez un marchand ambulant. J’essuyai mon front ruisselant de sueur. La chaleur de l’après-midi était éprouvante. Barak hésita. Allait-il soulever des objections ? J’étais tellement furieux que je n’attendais que cela. Mais il s’abstint, monta sur sa jument et s’éloigna au petit galop.
    Tandis que j’avançais dans les ruelles menant à Queenhithe, ma colère s’apaisa. Je me surpris à nouveau à guetter un éventuel danger dans les endroits sombres. Les rues étaient désertes, les gens se terraient pour s’abriter de la chaleur. Mes joues me piquaient sous la morsure du soleil, j’enfonçai un peu plus ma toque sur ma tête. Un rat qui détala d’une porte et descendit la rue en rasant le mur me fit sursauter.
    La maison des Gristwood était toujours dans le même état : on n’avait pas remplacé la porte défoncée. Quand je frappai, le bruit se répercuta à l’intérieur. Ce fut Jane Gristwood qui m’ouvrit. Elle commençait à avoir un aspect négligé. Sa robe portait des traces de nourriture et elle n’avait toujours pas changé sa coiffe blanche. Elle me lança un regard las.
    « Encore vous ?
    — Oui, madame. Puis-je entrer ? »
    Elle ouvrit la porte avec un haussement d’épaules. « Cette petite sotte de Susan est partie, dit-elle.
    — Où est le garde ?
    — À la cuisine, en train de boire et de péter. » Elle me précéda dans le couloir, passa devant l’antique tapisserie, entra dans le méchant salon où, debout, elle attendit que je prenne la parole.
    « Il y a des nouvelles concernant la maison ?
    — Oui. Elle est à moi. J’ai vu le notaire du sergent Marchamount. » Elle eut un rire amer. « Pour ce qu’elle vaut… Je serai obligée de prendre des locataires. Dans un pareil trou à rats, je vais avoir une belle clientèle. C’est lui qui avait mon argent, vous savez.
    — Qui ?
    — Michael. Mon père lui a donné une jolie dot pour l’avoir débarrassé de moi. Tout a été dépensé maintenant, et je me trouve sans le sou. Il n’a même pas été capable de rapporter des meubles décents des monastères, hormis cette vieille tapisserie affreuse. Vous avez vu sa putain ? demanda-t-elle sans transition.
    — Pas encore. Mais j’avais une question à vous poser, madame.Je pense que Sepultus a travaillé avec un fondeur pour ses expériences les plus récentes. »
    La frayeur qui se peignit sur son visage m’apprit que j’avais vu juste. Sa voix se fit plus aiguë.
    « Je vous l’ai déjà dit, je ne m’intéressais pas du tout à ses extravagances. Mon seul souci était qu’il ne fasse pas exploser la maison. Pourquoi posez-vous ces questions à une pauvre veuve seule au monde ?
    — Vous taisez quelque chose, madame. Et il faut que je sache quoi. »
    Mais elle ne m’écoutait plus. Les yeux écarquillés, elle regardait le jardin. « Il est encore là », souffla-t-elle.
    Je pivotai sur mes talons. Une porte dans le mur était ouverte et un homme apparaissait dans l’encadrement. J’avais redouté de voir l’homme au visage grêlé, mais c’était un jeune gaillard trapu aux cheveux bruns. Quand il se vit découvert, il fit demi-tour et s’enfuit. J’allai jusqu’à la porte, puis me ravisai. Même si je l’attrapais, que ferais-je ? Il me maîtriserait facilement. Je me retournai vers dame Gristwood. Assise devant la table, elle pleurait, son corps maigre secoué de sanglots. J’attendis qu’elle fût calmée.
    « Vous savez qui est cet homme, madame ? » lui demandai-je d’un ton sévère. Elle leva vers moi un visage pitoyable. « Mais non, voyons ! Pourquoi essayez-vous de me tendre des pièges ? Je l’ai vu qui surveillait la maison hier. Il est resté là tout l’après-midi. J’étais à moitié morte de peur. C’est l’un de ceux qui ont tué Michael, n’est-ce pas ?
    — Je n’en sais rien, madame. Mais vous devriez en parler à l’homme qui monte la garde chez vous.
    — C’est le châtiment de mon péché, chuchota-t-elle. Dieu me punit.
    — Quel péché ? » demandai-je aussitôt.
    Elle prit une grande inspiration, puis planta son regard dans le mien. « Quand j’étais jeune, messire Shardlake, je n’étais pas jolie. Mais j’avais le diable au corps et, à quinze ans,

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