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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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j’ai fait la bête à deux dos avec un apprenti. » J’avais oublié qu’elle pouvait parler cru. « J’ai eu un enfant. Ensuite, j’ai été obligée de l’abandonner, de faire publiquement pénitence à l’église devant tous les fidèles, et de confesser dimanche après dimanche que j’avais commis l’impureté. L’ancienne religion n’était pas plus tendre que la nouvelle pour ce qui est du péché de chair.
    — Pauvre de vous.
    — J’ai eu trente ans avant de pouvoir trouver quelqu’un qui veuille bien m’épouser. Ou plus exactement, c’est mon père qu’il l’a trouvé. Mon père était maître charpentier. Michael lui avait donné un conseil concernant une dette impayée. Il en avait d’ailleurs quelques-unes aussi lui-même, car il s’était laissé entraîner dans des projets insensés pour faire fortune. Ma dot lui a évité la prison pour dettes. » Elle soupira. « Mais Dieu n’oublie jamais un péché, hein ? Il continue à punir, encore et encore. » Elle serra ses mains calleuses.
    « Alors, ce fondeur ? »
    Elle resta quelques secondes les poings serrés. Quand elle reprit la parole, ce fut avec une détermination rigide.
    « On m’a forcée à abandonner mon fils au couvent de St Helen. Les sœurs ne voulaient pas que je m’en approche, mais j’ai soudoyé une laveuse pour qu’elle me donne des nouvelles. Quand David a eu quatorze ans, les sœurs l’ont mis en apprentissage chez un fondeur. Lorsqu’il a enfin quitté le couvent, je me suis fait connaître. Depuis, je vais le voir chaque semaine. » Elle eut un petit sourire triomphant.
    « C’est alors que Sepultus est venu habiter avec vous et qu’il a cherché un fondeur pour l’aider dans son travail ?
    — Comment le savez-vous ? fit-elle, les yeux écarquillés.
    — Simple déduction.
    — Si je ne vous en ai rien dit, c’était que je ne voulais pas que David soit mêlé à cette horrible histoire.
    — Madame, votre fils pourrait être en danger si d’autres apprenaient le rôle qu’il y a joué. Or il n’a rien à craindre s’il s’est borné à faire honnêtement son travail. »
    Elle se leva à demi. « En danger ? David en danger ? »
    J’acquiesçai. « Et si vous me dites où il est, le comte Cromwell le fera protéger, tout comme vous. »
    Elle n’hésita pas : « Il s’appelle David Harper. C’était mon nom de jeune fille. Il travaille de temps en temps pour Peter Leighton, à Lothbury. C’était avec Leighton que travaillait Sepultus.
    — Et maître Leighton est spécialisé dans les réparations des conduites d’eau ?
    — Comment le savez-vous ?
    — Simple déduction, là encore. »
    Elle se leva. « Je vais aller voir David tout de suite. L’avertir.
    Il faut que je lui annonce votre visite : les fondeurs se serrent les coudes, vous savez.
    — Fort bien. Mais il faut que je le voie, ainsi que Leighton, son patron.
    — Où puis-je vous envoyer un message ? »
    Je lui donnai mon adresse.
    « Vous nous aiderez, messire ? » demanda-t-elle d’une voix tremblante comme une mère inquiète, toute aigreur oubliée.
    « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, je vous le promets. Et je parlerai au garde, pour m’assurer qu’il reste vigilant. Dites-lui de vous accompagner à Lothbury. Fermez bien toutes vos portes. » Je me rappelai l’arbalète. « Et vos volets aussi.
    — Mais… il fait si chaud…
    — C’est plus sûr. »
    Le grêlé, et maintenant ce jeune gaillard. Je me souvins des deux séries d’empreintes. Je m’étais douté qu’ils étaient deux.

17
    A tteindre les degrés près de la T amise fut un réel soulagement. La marée haute recouvrait momentanément la boue nauséabonde et une brise bienvenue soufflait du fleuve. Je laissai mon cheval aux petites écuries et regardai les hauts entrepôts de la Ligue hanséatique pour laquelle travaillait mon cher confrère Bealknap. Les anciens privilèges autorisant ces marchands allemands à commercer avec les ports de la Baltique étaient de plus en plus souvent bafoués par les navires des marchands aventuriers anglais comme celui qui avait rapporté l’eau-de-vie de Pologne. Bealknap pouvait avoir eu connaissance de cette substance par ses accointances dans le monde du négoce, et peut-être était-ce par lui qu’elle était parvenue jusqu’aux Gristwood.
    Je fis glisser sur mon épaule la courroie de ma sacoche pleine de livres, qui commençait à se faire lourde. Partout sur la Tamise glissaient des voiles aux

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