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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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Yann, subjugué lui aussi par l’originalité et la naïve beauté du vitrail.
    – C’est l’Esprit-Saint, répondit Ernest Guilloux. Celui que l’on représente généralement sous la forme d’une colombe. Les symboles sont différents, mais ils renvoient àune réalité unique. La réalité du royaume de Dieu sur terre…
    Loïc ne disait rien, mais il était lui aussi fasciné par le vitrail aux couleurs vives. D’un doigt hésitant, il désigna l’assemblée des chevaliers :
    – Ce lieu… existe-t-il vraiment ? J’aimerais tant y aller…
    L’abbé Guilloux le considéra avec sympathie.
    – L’esprit de la Table ronde n’est pas éteint, Loïc, même s’il prend aujourd’hui d’autres formes. Et la quête du Graal est toujours d’actualité. L’église n’est pas chauffée et elle est remplie de courants d’air. Suivez-moi dans mon humble logis, mes amis. Je vais préparer du café… Enfin, pas du vrai, évidemment. Mais nous ferons comme si !
    Dans un grand rire, l’abbé Guilloux entraîna ses visiteurs dans la petite sacristie qui jouxtait l’église en ruine au vitrail fabuleux.

    – Ce n’est pas le meilleur café du monde, mais au moins il réchauffe ! lança le recteur de sa voix claire tout en versant le liquide fumant dans des bols ébréchés.
    La pièce où ils se tenaient était étroite et austère, meublée d’une simple table et de tabourets. Au mur, une immense croix ornée d’une branche de buis. Un poêle à charbon diffusait une douce chaleur.
    – Je n’ai pas de sucre, s’excusa l’abbé. Cela aurait rendu mon ersatz de café moins amer. Chicorée, lentilles, pois chiches… Il doit y avoir un peu de tout dans ce mélange, sauf de l’arabica ou du robusta !
    – Ça ne fait rien, mon père, répondit Yann en empoignant son bol de ses deux solides mains. Nous n’avons pas mieux chez nous, je vous rassure. Et souvent bien pire.
    – Pour nous, les vieux, ça ne nous fait pas de mal de jeûner un peu, plaisanta Ernest Guilloux en clignant de l’œilen direction de son complice. Mais quand je pense à la jeunesse qui n’a ni viande, ni lait, et qui n’a à se mettre sous la dent que du pain noir et des pataches cuites à l’eau, cela me scandalise…
    Il posa son regard bienveillant sur Gwenn et Loïc, qui soufflaient à la surface du liquide pour ne pas se brûler la langue.
    La jeune femme leva les yeux vers le prêtre et rétorqua avec une pointe de provocation :
    – Moi, ce qui me scandalise, c’est que, pendant ce temps-là, certains font trois repas par jour sans se priver de rien.
    Le prêtre plissa les yeux, sensible à la remarque de Gwenn.
    – Ils ne les feront pas éternellement, ces trois repas par jour, mon enfant. Connais-tu l’histoire de Brandis des Îles, le seigneur du château de la Douloureuse-Garde ?
    Yann sourit. L’abbé Guilloux ne manquait jamais une occasion de raconter l’un ou l’autre des épisodes de la saga arthurienne. Gwenn se contenta de secouer négativement la tête.
    – Il s’agit de l’un des premiers exploits de Lancelot, alors qu’il n’était encore connu que sous son surnom de « Blanc Chevalier », enchaîna le recteur. Ce château, situé au sommet d’une colline noire, était aux mains d’un tyran qui tenait ses sujets en esclavage. Ces derniers avaient perdu tout espoir d’être un jour libérés, car les épreuves que devrait affronter celui qui oserait défier le Brandis des Îles étaient si terrifiantes que nul être humain ne semblait pouvoir les surmonter sans périr.
    Gwenn prêtait attention au prêtre, mais c’était surtout Loïc qui était passionné par son récit. Il écoutait, bouche bée, les yeux écarquillés, comme si on lui dévoilait desmystères ineffables. Il paraissait encore sous le charme du vitrail des chevaliers de la Table tonde et de l’apparition du Graal. L’abbé devina qu’on n’avait pas dû souvent lui raconter de belles histoires dans sa vie.
    – Pourtant, Lancelot ne ressentit aucune peur quand il combattit les noirs chevaliers, les géants et même les dragons, poursuivit Ernest Guilloux. Il triompha de tous les maléfices et sortilèges qui pesaient sur ce château, et savez-vous pourquoi ?
    Loïc et Gwenn secouèrent la tête en chœur.
    – Parce que la Dame du lac, la fée qui avait son palais au fond des flots, veillait comme une mère sur le Blanc Chevalier qu’elle avait élevé, et le préservait de tous les périls. C’est

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