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Les mannequins nus

Les mannequins nus

Titel: Les mannequins nus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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l’endroit même où avaient péri des millions de victimes innocentes. C’étaient des Juifs qui l’avaient accompli ; la révolte montra à leurs compagnons de malheur d’Auschwitz ce que les Juifs pouvaient faire.
    Deux membres du Bureau Politique Draser et Brock menèrent l’enquête. Ils avaient tout pouvoir.
    Draser fit arrêter, le 9 octobre, Ela Gartner, Toska et Regina (le nom de famille de ces deux dernières déportées est inconnu) dans leur atelier de l’usine Union. Le lendemain, c’était le tour de Roza Robota à l’Effektenlager. Quant à Brock, il enferma lui-même dans les cellules du block 11 quatorze survivants du Sonderkommando.
    — Les quatre ouvrières de l’usine Union (152) étaient Polonaises de Bedzin. Toutes jeunes, dix-huit à vingt-deux ans. L’interrogatoire commença et dura quatre semaines. Les quatre détenues furent souvent appelées chez le S.S. Draser. Il voulait leur arracher des renseignements. Hâves, l’ombre d’elles-mêmes, elles étaient traînées hors du bunker pour être battues.
    Les quatorze déportés arrêtés au Sonder moururent sous les tortures.
    Quant aux principaux dirigeants du Mouvement clandestin de Résistance (qui ne furent jamais dénoncés), persuadés qu’ils allaient être arrêtés, ils tentèrent le tout pour le tout le 27 octobre. Jamais un plan d’évasion n’avait été aussi parfaitement préparé.
    Le S.S. Frank serait du voyage ainsi qu’un chauffeur, le S.S. Rottenführer Johann Roth, acheté « fort cher » par les « Autrichiens ». Roth et son camion disposaient d’un laissez-passer permanent de sortie d’Auschwitz. À sept kilomètres du camp, le groupe de partisans de Leki accueillerait les fugitifs.
    Roth et Frank s’installent dans la cabine du camion ; derrière disparaissent sous les ballots de linge sale cinq déportés (153) . Roth démarre…
    Ils vont passer devant la Kommandantur ; Roth freine. En quelques secondes le camion est entouré de S.S. dirigés par le S.S. Untersturmführer Schurz, chef du Bureau Politique. Au même moment, Rudolf Friemel et Ludwig Vesely, qui avaient accepté d’assurer la continuité du Mouvement de Résistance, sont arrêtés dans leur block et plusieurs centaines de S.S. cernent le village de Leki. Jagiello (évadé en juin 44), les deux frères Dusif, leur sœur Wanda, Ptasinski sont capturés. La trahison du chauffeur Roth lui rapportera, un mois plus tard, la photo dédicacée du chef de la S.S. / W.V.H.A. Oswald Pohl.
    Tous les membres du Mouvement de Résistance et les partisans seront pendus le 30 décembre 1944.
    Le 6 janvier, au camp de femmes :
    — Ce jour-là (154) l’équipe de nuit du kommando « Union » fut réveillée très tôt. Les « Stubovas » distribuent avec précipitation la ration quotidienne. À celle-ci, s’ajoutent les pommes de terre en robe des champs, une demi-boule de pain supplémentaire, du saucisson. Pourquoi ces fastes, pourquoi ces figures inquiètes, pourquoi nous presse-t-on ? Que se passe-t-il ? Nous allions l’apprendre bientôt.
    — Déjà la nouvelle se propage de bouche en bouche. Quatre filles, quatre de nos camarades de « l’Union » vont être pendues. Qu’ont-elles fait ? Quel est leur crime ? Elles sont accusées d’avoir dérobé de la poudre explosive, la poudre qui servait à remplir les grenades fabriquées à « l’Union ». Poudre explosive, poudre qu’elles ont dérobée pour faire sauter les fours crématoires.
    Leur crime est grand ! Faire sauter les fours crématoires, ces machines où des millions d’êtres humains furent déjà engloutis.
    — Acte de résistance. Acte de révolte. Acte qu’elles vont payer de ce qu’un être humain a de plus cher : la vie.
    — Le sabotage est bien organisé à l’Union. Tous les jours, les rapports disent que les grenades n’éclatent pas. Très souvent, les machines s’arrêtent. Le courant manque. La main invisible travaille. Les punitions pleuvent. Les coups de bâton sont innombrables. Combien de fois nous avons fait « du sport » pour sabotage. Sport ! Infernal supplice que les S.S. nous infligeaient, et qui consistait, soit à rester une heure durant sur les genoux en tenant une chaise dans les mains au-dessus de la tête, soit marcher à quatre pattes soit à sauter « en grenouille ». Après une heure ou deux de ces pratiques, nous étions exténuées, meurtries, pour plusieurs jours.
    — Mais avoir dérobé de la

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