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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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strictement aucun sens.
    — Dans ce cas, reprenons depuis le début ! proposa Tron avec un sourire. M. Montinari (quelle que soit la personne qui se cache derrière ce nom) va réserver un emplacement au cimetière. Ensuite il part à Peschiera et revient avec le cercueil de son père. Dans le train, il se fait assassiner, puis un autre individu, à savoir le meurtrier, récupère le cercueil à sa place et l’expédie à San Michele. Le lendemain, jour de l’enterrement, M. Montinari est ressuscité. Hypothèse impossible. Donc, ce n’est pas M. Montinari qui voyageait avec le cercueil. Ou bien ce n’est pas lui qui a commandé la tombe et assisté à l’enterrement.
    Bossi secoua la tête.
    — Cette histoire ne mène nulle part, commissaire.
    Tron approuva.
    — Vous avez raison. Nous tournons en rond. Cela dit, une chose est sûre.
    — Laquelle ?
    — D’un point de vue purement formel, il s’agit d’un crime crapuleux. Sauf qu’ici le butin, à savoir un cercueil, n’a pas disparu sans laisser de trace. Au contraire, il a été enterré comme il se doit.
    — Je vous le disais, s’exclama l’inspecteur en levant les yeux au ciel, cela n’a strictement aucun sens !
    — Sauf à envisager une autre conjecture.
    — Laquelle ?
    — Que nous n’avons pas affaire à un cercueil normal.
    Bossi plissa le front.
    — Je ne vois pas où vous voulez en venir, commissaire.
    — Pourtant, en tant que Vénitien, vous devriez, répliqua Tron. Pourquoi la communauté chrétienne d’Alexandrie n’a-t-elle pas protesté quand nos marchands leur ont dérobé les reliques de saint Marc ?
    Bossi fixait les boutons dorés de sa veste d’uniforme comme s’il pouvait y lire l’histoire de leur cité. Au bout d’un moment, il releva la tête et dit :
    — Parce que les deux marchands avaient remplacé les restes de l’évangéliste par ceux d’un autre saint. C’est du moins ce que prétend la chronique du doge Andrea Dandolo. Vous pensez que le cercueil contenait un autre corps ? demanda-t-il d’un air surpris.
    Tron secoua la tête.
    — Je dis juste qu’il renfermait peut-être quelque chose que nous ne soupçonnons pas. Bien entendu, je ne sais pas quoi. Mais cela pourrait expliquer le comportement étrange du père Silvestro. Il ne nous a pas tout dit.
    — Peut-être a-t-on forcé le cercueil pour récupérer ce qu’on avait ainsi introduit à Venise ?
    Le commissaire haussa les épaules.
    — Ce n’est pas exclu. En tout cas, c’est une jolie méthode de contrebande : faire passer la marchandise pour un homme mort du choléra et la transporter sous scellés…
    — Vous croyez que nous devrions interroger le père Silvestro une nouvelle fois ?
    — Non, dit Tron. Nous devrions déposer une demande d’exhumation.
    — Parce que vous supposez que le défunt a été victime d’un crime ? Vous n’avez aucun indice.
    — Non, mais un doute plane sur ce cercueil. Cela devrait suffire. Je vais envoyer une requête au ministère de l’Intérieur à Vienne. Ils s’adresseront à leur tour au patriarche de Venise. Si je le lui demande, Spaur acceptera.
    — Et ensuite ?
    — Ensuite, la requête sera examinée. Le ministère de l’Intérieur nous transmettra les éventuelles questions du patriarche.
    — Cela va prendre du temps.
    — L’Église se montre très pointilleuse sur ses attributions. Et c’est une précieuse alliée de l’Autriche. Vienne se gardera de la froisser.
    — Donc, pas la peine de compter sur une autorisation avant des semaines.
    — Si j’en juge par mon expérience, non.
    Bossi prit un air anodin et frotta la manche de son uniforme pour en chasser un invisible grain de poussière.
    — Qui habite sur l’île San Michele, en fait ? Je veux dire en dehors du père Silvestro.
    — Je l’ignore, répondit Tron. Peut-être sa bonne, un sacristain et un ou deux jardiniers.
    — Dans les bâtiments autour de l’église, je suppose.
    Le commissaire l’approuva.
    — Oui, je suppose.
    — Donc, assez loin de la tombe, continua l’inspecteur d’un air pensif. Elle se trouve juste en face de la fondamenta Nuove. De l’autre côté du cimetière.
    Il ne fallut pas longtemps à Tron pour comprendre ce que son assistant avait en tête.
    — Vous ne voulez quand même pas…
    Bossi hocha le chef en silence.
    — Vous avez conscience des risques si nous sommes pris sur le fait ?
    — On ne nous prendra pas, répliqua l’inspecteur avec calme. Du moins si nous y allons la nuit. Je

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