Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
à la finition méticuleuse ainsi que du réservoir à air étroit et harmonieux l’excita. Il sentit son pouls s’accélérer et s’éclaircit la gorge.
    — La chambre est-elle équipée d’un compresseur ?
    L’Italien hocha la tête.
    — Il suffit pour dix coups.
    — Il ne m’en faudra qu’un seul, dit Boldù.
    — À quelle distance ?
    — Une bonne centaine de mètres.
    — Allons essayer.
    Le fabricant d’armes ouvrit la porte à l’arrière de son atelier et ils sortirent sur un terrain dégagé, à l’herbe rare, délimité par un bosquet de peupliers. Une cible en paille tressée, munie d’un cercle noir et d’un point rouge au centre, était fixée à l’un des troncs.
    — De là où nous sommes, il y a à peu de choses près une centaine de mètres, expliqua Girandoni. Pourrez-vous prendre appui pour tirer ?
    Boldù hocha la tête. Puis il s’agenouilla derrière un vieux fût à côté de la porte, plaça le canon du fusil sur le couvercle et mit en joue. Le viseur était excellent. Il distinguait le point de mire à la perfection. Il prit une profonde inspiration pour décrisper ses bras et appuya sur la détente. L’arme n’était pas d’un silence absolu, mais il n’en demandait pas tant. On entendait un paf, comme quand on frappe du plat de la main sur un tonneau vide. Néanmoins, personne ne penserait à un coup de feu, d’autant que le fusil ne produisait ni éclair ni fumée.
    Il s’avança vers le peuplier, l’arme sous le bras, et inspecta la cible. Les points d’impact étaient serrés les uns contre les autres, mais une main trop à gauche. Il ajusta donc le viseur à l’aide de deux vis fixées à la monture, revint vers l’atelier et tira trois autres coups de feu. La compression dans le réservoir devait avoir un peu baissé, mais cela ne semblait pas influer sur la trajectoire. Cette fois, les impacts se trouvaient presque en plein milieu. Ce fusil à vent était une arme de rêve. Boldù esquissa un signe de tête approbateur.
    — Parfait !
    Girandoni sourit.
    — Ce n’est pas tout ! dit-il.
    Son sourire s’accentua.
    — Voulez-vous juste endommager votre objectif ou le détruire ?
    Boldù n’eut pas à réfléchir longtemps.
    — Le détruire.
    — Dans ce cas, je peux modifier le projectile, si vous le souhaitez. Je vais vous montrer.
    Ils rentrèrent dans l’atelier où l’armurier alluma un petit réchaud à pétrole, puis jeta quelques grains d’une matière grise dans le poêlon placé au-dessus de la flamme.
    — Du plomb, dit-il.
    — Pour quoi faire ?
    — Vous allez voir dans un instant.
    Girandoni sortit une cartouche du tiroir, en frotta la pointe à l’aide d’une lime grossière de manière à faire apparaître la bourre en plomb au-dessous de la couche de nickel. Il creusa ensuite un trou avec un mince foret et y versa une goutte de mercure. Enfin, il scella le puits à l’aide du plomb fondu, prit une autre lime et redonna au projectile sa forme initiale.
    — Les propriétés balistiques demeurent inchangées, expliqua-t-il. Même poids, même forme, presque le même centre de gravité.
    — Sauf que ?
    — Le projectile ne produit pas les mêmes dégâts. Au moment où il rencontre un obstacle, le mercure est projeté contre la capsule en plomb qui explose sous l’effet de la pression.
    — Vous voulez dire que le projectile ne traverse pas la cible, mais…
    — … qu’il utilise toute l’énergie pour la détruire. L’objet vole littéralement en éclats.
    L’ancien brigadier-chef tenait la cartouche entre deux doigts, telle une praline.
    — Vous voulez essayer ?
    — Volontiers.
    — Dans ce cas, il vaudrait mieux prendre une cible où l’on distingue nettement l’effet du projectile.
    — Vous pensiez à un objet précis ?
    Girandoni réfléchit un instant, puis fit un signe de la main.
    — Attendez !
    Il repartit vers la maison et en revint avec un escabeau et une citrouille de la taille d’une tête, qu’il alla placer devant un peuplier. Boldù se demanda s’il avait deviné son projet. De nouveau, il s’agenouilla derrière le fût, posa le canon et visa avec soin. Dès que le fruit fut dans la ligne de mire, il appuya sur la détente. Un bref paf retentit et, une fraction de seconde plus tard, la courge explosa. La chair fit éclater l’écorce et jaillit dans toutes les directions. Ce n’était pas la peine qu’il aille jusqu’à l’arbre pour examiner la cible : il n’y en avait plus.
    — Toute

Weitere Kostenlose Bücher