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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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fuyards et de leurs chariots.
    — C’est comme ce matin-là à Astakos, n’est-ce pas ? Peut-être que dans quelques semaines cette puissante cité aura été incendiée et rasée, comme la nôtre le fut ce jour-là.
    Je la priai de me dire comment elle allait. Vraiment.
    Elle rit.
    — J’ai changé, non ? Je ne suis plus ce piège à maris pour lequel tu me prenais. J’étais naïve à l’époque. Je me croyais promise à une grande destinée. Mais ce n’est pas un monde pour les femmes, cousin. Il ne l’a jamais été et ne le sera jamais.
    Des mots de supplication jaillirent de mes lèvres. Elle devait venir avec moi. Maintenant. Vers les collines où nous nous étions enfuis et où nous avions jadis été heureux. Je serais son mari. Elle serait ma femme. Rien de mal ne lui adviendrait jamais plus.
    — Mon doux cousin, répondit-elle avec une résignation tendre, j’ai un mari – et elle indiqua la lettre. Et tu es marié.
    Sa soumission au destin m’exaspéra. Quel était donc ce mari qui abandonnait sa femme ? Et quelle femme est donc celle qu’on prend sans amour ? Les dieux exigeaient de nous l’initiative et l’usage de notre libre arbitre ! Et ce n’était pas de la piété que de courber l’échiné sous le poids de la nécessité, comme un bœuf sous le joug !
    — C’est le dieu Apollon qui parie. Elle sourit de nouveau et me toucha l’épaule avec douceur. Puis elle me demanda si elle pouvait me raconter une histoire. Elle ne l’avait racontée qu’à ses sœurs du sanctuaire.
    — Te rappelles-tu le jour où les soldats argiens m’ont déshonorée ? Tu sais que j’ai recouru au meurtre à la suite de ce viol. J’ai avorté. Mais ce que tu ne sais pas est qu’une nuit j’ai eu une hémorragie et que j’ai failli mourir. Bruxieus m’a sauvée. Et je lui ai fait jurer de ne rien t’en dire.
    Elle dirigea vers moi ce regard intense que j’avais vu à Aretê et qui appréhende la réalité en face, par l’instinct et non les artifices de la raison.
    — Comme toi, je détestai alors la vie. Je voulus mourir et je faillis mourir. Cette nuit-là, dans un sommeil enfiévré, sentant le sang s’échapper de moi comme l’huile d’une lampe renversée, j’eus un rêve. Une déesse se tenait près de moi, voilée et encapuchonnée. Je ne voyais que ses yeux, mais sa présence était si forte que j’étais certaine de sa réalité. Plus réelle que la réalité, comme si c’était la vie qui était un rêve et ce rêve, la vie dans son essence la plus pure. La déesse ne me dit rien, mais elle me regarda avec une compassion et une sagesse suprêmes. J’aspirai de tout mon être à voir son visage. Je l’implorai, non avec des mots, mais avec la ferveur de mon cœur, de laisser tomber son voile. Je savais que ce qu’elle me révélerait aurait des conséquences immenses. J’étais terrifiée et, tout à la fois, je tremblais d’impatience. Elle laissa donc tomber son voile. Elle était belle au-delà de la beauté. Elle était la vérité et la beauté. Et elle était humaine, si humaine que cela faisait éclater le cœur d’amour, de respect et de crainte. Je compris que c’était ce que je voyais qui était vrai et non le monde sous le soleil. Et que cette beauté était présente autour de nous, à toute heure, mais que nos yeux sont trop aveugles pour la percevoir.
    » Je compris, poursuivit Diomaque, que notre rôle d’humains est d’incarner, ici, dans ce monde ténébreux et douloureux de l’autre côté du voile, ces qualités qui viennent de l’au-delà et qui sont les mêmes de part et d’autre, immanentes, éternelles, divines. Comprends-tu Xéon ? Le courage, l’abnégation et l’amour.
    Elle se redressa et sourit.
    — Tu crois que je suis folle, n’est-ce pas ? Que je suis ivre de religion, comme une femme ?
    Je ne le croyais pas. J’évoquai brièvement ma vision de l’au-delà, cette nuit-là dans le bosquet enneigé. Elle hocha gravement la tête.
    — As-tu oublié ta vision ? demanda-t-elle. Moi, oui. J’ai vécu une vie infernale dans cette ville. Jusqu’au jour où la déesse m’a guidée vers ce lieu.
    Elle indiqua une statue de bronze de dimensions modestes, mais superbe, dans une niche de la cour ; c’était la Perséphone voilée.
    — Voici la déesse dont je sers le mystère. Celle qui va de la vie à la mort. Elle m’a sauvée, de même que l’Archer divin t’a sauvé.
    Elle plaça ses mains sur les

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