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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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guerre ancrés dans le port étaient déjà nombreux, mais il y avait encore plus de navires marchands, de bacs et de bateaux de pêche qui évacuaient les citoyens vers Trézène et Salamine ; quelques familles allaient même jusqu’en Italie. Tandis que mon guide et moi approchions de Phalère, des torches de plus en plus nombreuses éclairaient les rues ; on se fût cru en plein jour.
    Les ruelles devenaient de plus en plus tortueuses. Les effluves de la marée basse emplissaient les narines et les ruisseaux le long des rues débordaient d’ordures, dégageant un remugle d’entrailles de poisson, d’ail et de queues de poireaux. Je n’avais jamais vu autant de chats de ma vie. Les débits de boisson et les tripots bordaient des venelles tellement étroites que le jour n’y devait jamais pénétrer. Les putains nous hélaient, mon guide et moi, vantant leur marchandise avec crudité mais bonne humeur. Le destinataire de notre lettre s’appelait Térence. Je demandai à mon guide s’il savait quel était le métier de cet homme, mais il ne savait que le nom de la maison et rien de plus.
    À la fin, nous trouvâmes le lieu, une maison de trois étages qui s’appelait la Galette, en raison de l’estaminet qui en occupait le rez-de-chaussée. Je demandai au tenancier comment trouver le nommé Térence et il nous répondit que l’intéressé avait rejoint la flotte. De quel navire était-il donc officier ? La question le fit s’esbaudir.
    — Il est lieutenant du frêne, dit l’autre, ce qui signifiait que l’homme ne commandait que sa rame. Nous n’en pûmes savoir plus.
    — Alors, ami, me dit le guide, nous sommes censés remettre la lettre à sa femme.
    J’objectai que cela n’avait pas de sens.
    — Non, répliqua le gamin avec conviction, c’est ton maître lui-même qui me l’a dit. Nous devons remettre la lettre à la maîtresse de cet homme et elle s’appelle Diomaque.
    Il ne me fallut pas longtemps pour déceler dans cette affaire une manigance d’Aretê. Comment avait-elle, depuis Lacédémone, trouvé l’adresse de cette femme ? Car il devait y avoir cent Diomaque dans une ville telle qu’Athènes. Et, de plus, elle avait bien gardé le secret, se doutant que, si j’avais été informé à l’avance, je me serais dérobé à cette mission, et elle aurait eu raison.
    De toute façon, apprîmes-nous, ma cousine était absente et aucun marin ne pouvait nous dire où elle se trouvait. Mais mon guide, qui était un débrouillard, sortit tout bonnement dans la venelle et cria son nom. Quelques instants plus tard, une demi-douzaine de matrones passèrent leurs têtes au-dessus du linge qui séchait devant les fenêtres. Et l’on nous cria en retour le nom et l’adresse d’un temple.
    — Elle y est, gamin. Tu n’as qu’à suivre le rivage.
    Nous repartîmes donc, traversâmes d’autres rues puantes et d’autres ruelles encombrées par les gens qui décampaient. Le garçon m’informa que plusieurs temples de ce quartier n’étaient pas tant des sanctuaires que des asiles pour les sans-abri, les miséreux et les femmes rejetées par leur mari. C’est-à-dire celles qui étaient rebutantes, grincheuses ou tout simplement folles. Et le gamin allait de l’avant, mis en excellente humeur par l’aventure.
    Nous arrivâmes enfin devant le temple. Ce n’était qu’une maison ordinaire qui avait peut-être été la demeure d’un commerçant assez prospère et qui se dressait sur un flanc de coteau étonnamment riant, à deux rues de la mer. Un bouquet d’oliviers couvrait un mur d’enceinte ; de la rue, on n’en pouvait voir l’intérieur. Je frappai à la porte et peu après une prêtresse, si l’on peut ainsi nommer une ménagère quinquagénaire, nous ouvrit la porte. Elle nous informa que le sanctuaire était dédié à Déméter et à la Prêtresse Secrète, la Perséphone du Voile. Seules des femmes y pouvaient entrer. On voyait, en dépit du voile qui la masquait, que la femme avait peur, et personne n’eût pu l’en blâmer, car la rue foisonnait de maquereaux et de coupe-jarrets. Elle refusa de nous laisser entrer et, en dépit de nos suppliques, de nous dire si ma cousine était là et de lui remettre un message. Là, mon gamin prit à nouveau le taureau par les cornes ; il se mit à bramer le nom de Diomaque.
    Nous fûmes en fin de compte admis dans une arrière-cour. La demeure était bien plus vaste et aimable qu’on ne l’eût deviné de la rue. On ne

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