Les Mystères de Jérusalem

vie, à mon ‚ge, ne m'avait pas appris ces choses-là, que m'aurait-elle donc enseigné?
    Youssef Saleh poussa une porte de métal peinte en vert.
    - Sois le bienvenu, dit-il en s'effaçant pour laisser entrer le vieux Salem Chahin el-Husseini.
    Ghassan Tawill passa le dernier et referma la porte en jetant un coup d'oeil au-dehors. La maison était spacieuse, un hall octogonal et carrelé
    distribuait les pièces. Saleh invita Salem Chahin à pénétrer dans un salon encombré de poufs dorés o˘ trônait, sur une table basse recouverte d'un napperon de dentelle, inattendu, un ordiriateur.
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    Sur le mur, derrière les divans de cuir rouge martelés de dessins dorés, une énorme affiche représentait le Dôme du Rocher. En bas de l'affiche était écrit, en grands caractères d'or, AL q_ODS,
    " LA SAIMrE ".
    Les trois hommes s'assirent sans un mot. Tawîll mit en marche l'ordinateur, et Saleh attendit qu'une jeune femme voilée apporte des tasses de café turc avant de parler.
    - Ce que tu vas entendre ici ne doit pas sortir de cette maison.
    Le vieil homme acquiesça et trempa ses lèvres dans le café br˚lant. Il savait que cette mise en garde n'était pas une clause de style.
    - Depuis plusieurs semaines, reprit Saleh en jetant un regard à l'écran de l'ordinateur, quelqu'un recrute des jeunes Palestiniens pour les lancer dans des actions qui n'entrent pas dans les vues du Hamas. Nous ignorons qui et comment. Ahmed, ton petit-fils, est l'un de ceux qui ont répondu à
    cet appel. Lui, c'était pour un vol, d'autres le font pour des attentats.
    Nous ne sommes pas contre les attentats, tu le sais. Nous en organisons nousmêmes. Mais ils doivent faire partie d'une stratégie. Les attentats sont une chose grave, n'irnporte qui ne peut pas les décider. Et personne n'a le droit de conduire la guerre contre Isra'il en notre nom. Pourtant, c'est ce qui se passe... Nous devons savoir qui recrute ces jeunes, qui leur donne des ordres et pourquoi.
    Salem Chahin secoua la tête avec regret.
    - Comment pourrais-je vous aider? Un petit-fils ne raconte pas ses secrets à son grand-père.
    - Tu vas pouvoir, ne t'inquiète pas. Nous savons déjà certaines choses.
    Sais-tu ce qu'est un ordinateur ?
    Cette machine ? Oui.
    Sais-tu ce qu'est Internet?
    Salem Chahin reposa son verre et eut un geste bref de la main qui signifiait tout à la fois oui et non.
    - Avec l'ordinateur et en le branchant sur le réseau de téléphone, tu pourrais écrire et parler à quelqu'un à l'autre bout du monde, un musulman d'Inde ou dAfrique. Il semble que ton petit-fils ainsi que tous les autres garçons qui agissent comme lui ont été recrutés en se connectant au réseau Internet... Tu comprends?
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    - Par Allah, qu'est-ce que c5est que cette * histoire?
    Youssef Saleh se caressa la moustache en scrutant le regard du vieux.
    Tawill ajouta :
    - C'est comme ça qu'on leur donne des ordres, qu'on leur indique leur cible. C'est avec l'ordinateur qu'Ahmed a appris qu'il devait voler lejuif étranger, peut-être même quand et comment il devait le faire.
    - Donc, ton petit-fils sait se servir d'un ordinateur? demanda Saleh.
    Le visage fripé du vieil Arabe exprimait tristesse et désarroi. U approuva.
    - L'an dernier, il a passé trois mois à Rarnallah, chez un cousin à nous.
    Il devait devenir comptable. Il a appris à se servir de cet appareil, mais pas à devenir comptable.
    Salem Chahin hésita, puis ajouta :
    - Il n'y a pas d'ordinateur chez nous... Pour quoi faire il y en aurait ?
    - Alors tu n'as jamais vu Ahmed utiliser un ordinateur? demanda Tawill en titillant son oreille coupée.
    Salem Chahin regarda les doigts qui glissaient sur la cicatrice, fasciné. E
    finit par dire
    - Si. Une fois...
    Il y eut un silence. Tawilljeta un regard à Saleh. Ce dernier ne détourna pas les yeux du vieil homme.
    - que va devenir Ahmed? demanda Salem Chahin.

    - Nous essaierons de le faire sortir de l'hôpital et de le conduire en sécurité à Gaza, lui répondit Saleh.
    Salem Chahin porta un regard plein d'espoir sur les deux hommes avant de se décider.
    - Il y a deux mois, chez ce cousin de Ramallah dont j'ai parlé, il y avait un mariage. J'avais mal aux dents et le bruit de la fête me faisait mal à
    la tête. J'ai cherché un endroit calme et j'ai trouvé cette pièce de la maison o˘ mon petit-fils était assis devant un ordinateur. je me suis approché pour regarder et il m'a dit : " C'est un jeu. " Il n'y avait que des lignes