Les Mystères de Jérusalem

dans son rétroviseur. Cela fait deux kilomètres qu'ils ont disparu.
    - Vous en êtes certain ?
    - Ils se sont évanouis dans la poussière juste après le carrefour de Newe Zohar. Il y avait ces fichus camions..Jai vu le Patrol en doubler un, mais ensuite, plus rien!
    Il ralentit et laissa le Range Rover rouler sur le bas-côté avant de l'immobiliser et de couper le moteur.
    - Vous voulez les attendre ?
    - Pourquoi pas?
    - Pourquoi pas? Parce que vous n'êtes pas censé savoir qu'on vous suit, tiens donc!
    Tom haussa les épaules.
    - Tout le monde joue au chat et à la souris. ¿ force de se croire le plus malin, on va se mordre la queue!
    Il ouvrit la portière après le passage d'un car et, contrastant avec l'air frais maintenu dans le 4 X 4 par la climatisation, ce fut comme si un gant br˚lant et moite lui était soudain plaqué sur le visage.
    Il examina la route vers le nord. Aucun Patrol à la carrosserie pourrie n'était en vue. Calimani descendit à son tour.
    - Tom, on ne peut pas rester là! Ce n'est pas parce que vous ne les voyez pas qu'ils ne nous surveillent pas, eux... Il faut continuer. Nous ne sommes - plus qu'à une dizaine de kilomètres! U est stupide, vous allez tout fiche en l'air.
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    - Vous entendez? fit Tom en tournant sur lui-même.
    C'était une rumeur sourde et régulière, comme celle provenant d'un rongeur géant, entrecoupée çà et là par un bruit pareil au craquement du bois ou à
    l'éclatement de bulles géantes clans de l'huile et qui finissait par se résorber dans un grincement lancinant. Ce vacarme à la fois violent et mou pouvait surgir du fond du désert aussi bien que des fonds de la mer Morte.
    - C'est le complexe chimique de Sodome, répondit Calimani, agacé, en pointant l'index dans sa direction. On y extrait de la potasse, du magnésium, des cl-dorates... En Tamar vient juste après.
    - Charmant... C'est là-dessous que l'on va jouer les archéologues?
    - Cessez de gémir et montez!
    Tom regagna la fraîcheur du 4 X 4, sans parvenir à se décider.
    - qu'est-ce qu'il y a, encore? demanda Calimani.
    - On pourrait prévenir Doron qu'ils nous ont l‚chés... La radio est faite pour ça, non ?
    Calimani soupira en secouant la tête.
    - Ils ne nous ont pas l‚chés, Tom. On fait un pari? Si je me trompe, je vous paie votre billet de retour à New York; si je gagne, vous vous achèterez un costume chez mon tailleur.
    Tom le regarda, ébahi, avant d'éclater de rire.

    - Vous êtes vraiment dingue!
    - Pas du tout, fit Caliniani en dénouant son foulard pour essuyer la sueur de son cou. Pour la première fois de votre vie vous ressemblerez à un gentleman. Vous verrez, c'est une très curieuse sensation. Et avec vos boucles, votre visage d'ange capricieux, ça ne devrait pas vous valoir que des ennuis auprès des femmes! Allez, roulez, jeune homme...
    L'autobus n'en finissait pas de bringuebaler au ralenti. Salem Chahin elHusseini était obsédé par sa rencontre avec les deux hommes du Hamas. E
    pensait aussi à Ahmed et à tous ces garçons auxquels, depuis un ordinateur, une sorte de monstre sans visage mais avec un nom inoubliable jetait des ordres comme on jette un os aux chiens errants de la place Manger à
    Bethléem.
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    Salem Chahin était très inquiet pour Ahmed. Il avait mal de ne savoir que faire d'utile. Son fils, Ali, le père dAhmed, se trouvait à Amman pour affaires. Sa mère, elle, n'était plus de ce monde depuis longtemps. E avait un mauvais pressentiment. Il aurait voulu aller voir les Isra'il et leur dire : ne laissez pas mourir mon petit-fils. Hélas, il savait que ce n'était pas possible. Ahmed était seul à se défendre contre les Isra'il. Et peut-être aussi contre le monstre de l'ordinateur.
    Le vieux Salem Chahin se souvint d'une strophe du soufi Ghazali : Je suis un oiseau, ce corps était ma cage. MaisJe me suis envolé, le laissant comme un s*ne. Fatma avait jadis laissé comme un signe le petit Ahmed, et lui, le grand-père, avait tout fait Jusqu'à présent pour la remplacer. Oui, en dépit de la mise en garde des deux moudjahidin, il aurait d˚ aller le voir sur son lit d'hôpital. Et tant pis pour ce qu'il y aurait à dire à la police Isra'il.
    Mais il suffisait d'avoir cette pensée en tête pour en imaginer aussi toutes les conséquences.
    " Oublie! " avait ordonné l'homme du Hamas à l'oreille coupée. Comment oublier?
    Après que l'autobus l'eut déposé à la gare routière de Bethléem, Salem Chahin songea qu'au lieu de